Discussion:
Dictée concours Gendarmerie où peut-on en trouver
(trop ancien pour répondre)
DRIVING RAIN
2003-09-25 13:52:45 UTC
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Bonjour,

Je voulais savoir s'il existait des ouvrages avec des dictées comme celle du
concours : ( en voici un exemple )
SENSIBILITE ENFANTINE.
Ma seule consolation, quand je montais me coucher, était que maman
viendrait m'embrasser quand je serais dans mon lit. Mais ce bonheur durait
si peu de temps, elle redescendait si vite que le moment où je l'entendais
monter puis où passait dans le couloir à double porte le bruit léger de sa
robe de jardin en mousseline bleue, à laquelle pendaient de petits cordons
de paille tressée, était pour moi un moment douloureux.

Quelquefois, quand après m'avoir embrassé, elle ouvrait la porte pour
partir, je voulais la rappeler, lui dire : " Embrasse-moi une fois encore ",
mais je savais qu'aussitôt elle aurait son visage fâché, car la concession
qu'elle faisait à ma tristesse et à mon agitation en montant m'embrasser, en
m'apportant le baiser de paix, agaçait mon père qui trouvait ces rites
absurdes.
Or, la voir fâchée détruisait tout le calme qu'elle m'avait apporté un
instant avant, quand elle avait penché vers mon lit sa figure aimante, et me
l'avait tendue comme une hostie, pour une communion de paix où mes lèvres
puiseraient sa présence réelle et le pouvoir de m'endormir.



En effet, les dictées en milieu scolaire se font jusqu'en 3e, hors les
dictées du concours sont loin d'être du niveau 3e.
Je me demandais s'il existait des manuels spécifiques à la dictée.
Ou des manuels avec des dictées dans ce genre ou des sites.



Merci
jhfabre
2003-09-26 17:36:39 UTC
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Il existe de nombreux ouvrages scolaires proposant des dictées. Si vous
habitez la région parisienne, la librairie Joseph Gibert (et sa succursale
Gibert Jeunes) en a sûrement. Dans les FNAC qui ont un rayon librairie
important aussi.

Mais je ne résiste pas (ne le prenez pas en mauvaise part) de citer ce
sketch de Jacques Dufilho, dans lequel il évoque justement une dictée
proposée à des gendarmes. Le texte dicté était :
"Les poulets s'étaient échappés dès qu'on avait ouvert les portes".
Un brave gabelou avait écrit : "Les poulets s'étaient échappés. Des cons
avaient ouvert les portes"...
Bonne chance,
Jacques
Pehache
2003-09-26 19:38:40 UTC
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Post by jhfabre
Il existe de nombreux ouvrages scolaires proposant des dictées. Si vous
habitez la région parisienne, la librairie Joseph Gibert (et sa succursale
Gibert Jeunes) en a sûrement. Dans les FNAC qui ont un rayon librairie
important aussi.
Mais je ne résiste pas (ne le prenez pas en mauvaise part) de citer ce
sketch de Jacques Dufilho, dans lequel il évoque justement une dictée
"Les poulets s'étaient échappés dès qu'on avait ouvert les portes".
Un brave gabelou avait écrit : "Les poulets s'étaient échappés. Des cons
avaient ouvert les portes"...
Bonne chance,
Jacques
Figurez-vous que c'est ma mère qui a soufflé cette phrase au Grand
Jacques!
(Elle enseigna le français, quoique sans qualification pour cette matière,
au Cameroun, et l'un de ses élèves écrivit le texte de la manière que vous
rapportez. Revenus en France, mes parents rencontrèrent J.D., etc.)
Rodes
2003-09-26 20:34:06 UTC
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Après la fille cachée de Mitterrand, voici Péhache, le fils caché de
Jacques Dufilho.
Pas étonnant que vous soyez un génie !
Pehache
2003-09-26 20:42:52 UTC
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De nos phrases tissé un voile se fait robe
De l'être le fantôme s'y glisse malicieux
Ainsi ce qui le vêt à la fois le dérobe
19-9-03
péhache

<Nullissime et bourré de fautes.
l'adjudant
Mais, je persiste et signe.
Nul et bourré de fautes .
Rodes
Alors, maintenant tu nous dis où. Ou tu la boucles pour un bout de temps...
Tu dois être rouge de honte jusqu'au trou du cul, non, la baudruche?
Après la fille cachée de Mitterrand, voici Péhache, le fils caché de
Jacques Dufilho.
Pas étonnant que vous soyez un génie !
Rodes
2003-09-26 21:30:16 UTC
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J'avais fait une faute, vous l'avez pas vue !

Soyiez, manquait le " i." Vous êtes décevant, pour un génie !
jhfabre
2003-09-26 22:53:09 UTC
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Post by Rodes
J'avais fait une faute, vous l'avez pas vue !
Soyiez, manquait le " i." Vous êtes décevant, pour un génie !
???? Je crois que le subjonctif présent se passait très bien de ce "i"
surnuméraire, qui n'a sa place après un "y", sauf erreur de ma part, que
dans l'imparfait (de l'indicatif) des verbes en "eyer" et "ayer"...
Mais vous devriez le mettre de côté : il pourrait servir à notre ami, en
diérèse, pour compléter utilement ses alexandrins lacunaires.
Doctement,

Jacques
Rodes
2003-09-27 06:28:17 UTC
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Il existe pourtant un truc tout bête, vous remplacez le verbe par un
autre.

Exemple:

" Pas étonnant que vous soyiez un génie "

" Pas étonnant que vous preniez le train "

" Pas étonnant que vous prenez le train "

Le dernier exemple serait incorrect.
St Tax
2003-09-27 06:55:37 UTC
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Post by Rodes
Il existe pourtant un truc tout bête, vous remplacez le verbe par un
autre.
" Pas étonnant que vous soyiez un génie "
" Pas étonnant que vous preniez le train "
" Pas étonnant que vous prenez le train "
Le dernier exemple serait incorrect.
_________
Ouvrez donc un Bescherelle : que vous soyez.

--
St Taxe
Rodes
2003-09-27 07:01:02 UTC
Permalink
J'aurais comme une fâcheuse tendance à me méfier de ceux qui pondent des
alexandrins à treize pieds.

Maintenant, vous êtes peut-être très fort au point de croix ou à la pétanque
!
Pehache
2003-09-27 07:23:20 UTC
Permalink
Et ceux qui pondent des vers creux?
Votre odeur nous met sur la piste d'une divinité fétide, l'adjudant!
Post by Rodes
J'aurais comme une fâcheuse tendance à me méfier de ceux qui pondent des
alexandrins à treize pieds.
Maintenant, vous êtes peut-être très fort au point de croix ou à la pétanque
!
Rodes
2003-09-27 07:34:28 UTC
Permalink
L'aptitude à saisir la poésie n'est pas donnée à tout le monde. J'opterais
plutôt, en ce qui vous concerne, pour une sorte de vide cérébral que même
les scories péremptoires d'une culture opportuniste ne parviennent
à combler.
St Tax
2003-09-27 07:37:17 UTC
Permalink
Post by Rodes
L'aptitude à saisir la poésie n'est pas donnée à tout le monde. J'opterais
plutôt, en ce qui vous concerne, pour une sorte de vide cérébral que même
les scories péremptoires d'une culture opportuniste ne parviennent
à combler.
_________
Perdez l'habitude de parler à votre miroir. Stade du miroir, stade
sado-anal, Lacan eût fait ses choux gras de vous.

--
St Taxe
Rodes
2003-09-27 07:44:23 UTC
Permalink
Tout ça pacque vous êtes vexé de pas avoir su faire des alexandrins .
Allons, remettez-vous !
Pehache
2003-09-27 08:11:38 UTC
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"faire des alexandrins": voilà la conception de la poésie selon l'adjudant.
Dérisoire.
Post by Rodes
Tout ça pacque
(ne saurait s'entendre passeque!)

vous êtes vexé de pas avoir su faire des alexandrins .
Post by Rodes
Allons, remettez-vous !
Rodes
2003-09-27 09:15:06 UTC
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Par respect pour celles et ceux qui verraient, en ce week-end,
l'occasion de nous présenter leurs créations, je mets un terme provisoire à
votre existence par procuration.
Pehache
2003-09-27 14:59:54 UTC
Permalink
STYLISTIQUE FRANÇAISE

Source : E. Legrand, Stylistique Française, 4e édition, J. de Gigord,
Éditeur, Paris, 1928. Extraits.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES
Pour établir les principes qui serviront de base à notre méthode, nous
étudierons successivement :

· Les conditions essentielles du style littéraire;
· Les caractères spéciaux de la langue française.

Distinguons d'abord le style scientifique du style littéraire, l'objet
particulier de nos études.
Le premier s'adresse avant tout à la raison. Il a pour qualités nécessaires
et suffisantes la clarté et la précision.

Exemple et modèle : Claude Bernard.
Le second s'adresse en outre à l'imagination et au sentiment musical. À la
clarté et à la précision il joint la couleur et l'harmonie, ses deux
qualités distinctives. Il offre à l'imagination une galerie de peintures et
à l'oreille " un heureux choix de mots harmonieux ".
Exemple et modèle : Chateaubriand.
Telles sont en deux mots les notions fondamentales dont il faut s'inspirer
pour apprendre l'art d'écrire.
Voyons comment on réussit à les appliquer.

A) Couleur.

Mme de Sévigné disait de La Fontaine : Cela est peint. Magnifique éloge, et
digne de tenter quiconque aspire à un certain talent de plume.
Pour bien peindre, que faut-il? Où sont les ressources? Où sont les
obstacles?
Tous les mots, quels qu'ils soient, peuvent à l'occasion trouver place dans
certaines combinaisons de nature à faire image. Néanmoins il existe des
termes incolores par eux-mêmes. Ce sont :

1. les verbes et substantifs d'un sens très-étendu, tels que chose, hommes,
gens, personnes, faire, dire, meure, avoir, dire, mettre, avoir,
être.Expressions fort vagues de leur nature, oblitérées par un usage voisin
de l'abus, maintenant réduites à l'état de médailles frustes.

2. le pronom (qui représente le substantif à peu près comme un morceau de
carton tient lieu d'une pièce d'or).

3. les mots invariables, notamment les adverbes et les conjonctions.

De toute évidence, nul ne saurait se passer de tels mots, si ternes qu'on
les trouve, mais le véritable écrivain en usera avec réserve, les enchâssera
avec adresse, travaillera à en réduire le nombre, supprimera les uns,
remplacera les autres. Il s'entend d'ailleurs à butiner dans les régions du
vocabulaire où fleurit le pittoresque. Ici les ressources ne sauraient lui
manquer : substantifs d'une portée suffisamment précise, adjectifs
qualificatifs, verbes et surtout verbes intransitifs, participes adjectifs
s'offriront à l'envi pour enrichir sa palette des teintes les plus
brillantes et les plus variées.

Remarque. - La préposition, exprimant un simple rapport, serait-elle plus
colorée que l'adverbe ou la conjonction? Nullement. Toutefois, " parmi les
termes de rapport, les prépositions trouvent grâce, petits mots de quelques
lettres qui, en un clin d'oil, peuvent accrocher des substantifs et toute
une bande d'adjectifs ou de participes ". (Lanson.)
Aussi remplace-t-on avec avantage une conjonction par une préposition.
(Surtout une conjonction subordonnante.)

B) Harmonie.

En second lieu, rappelez-vous qu'en prose comme en vers,
La plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée. (Boileau.)

Nombreux et variés sont les obstacles à l'euphonie. Contentons-nous d'en
signaler deux, les plus difficiles à éviter :
L'accumulation des gutturales (qui, que, quoique, en cas que, etc.) ;
L'abus des terminaisons nasales (participes présents - adverbes en ment).

Nous n'envisageons ici que l'harmonie dite mécanique. Il en est une d'un
ordre supérieur, celle qui consiste à peindre par les sous. Elle relève
avant tout d'un sens littéraire délicat et se dérobe à toute espèce de
théorie.

Si maintenant on examine les caractères spéciaux de la langue française, on
aboutit par des voies toutes différentes à des conclusions sinon pareilles,
du moins analogues, en fait de procédés pratiques.

Commençons par énoncer un principe général.
Parmi les dix parties du discours, les deux principales, le substantif et le
verbe, constituent, de par les lois mêmes de la pensée, deux centres
d'attraction. Il semble que tous les mots d'un idiome se trouvent partagés
en deux chours, chargés d'exécuter les deux parties d'une symphonie, sous la
direction de deux coryphées, le substantif et le verbe.

Le substantif groupe autour de lui :
1. L'article (défini ou indéfini).
2. Un autre substantif (en apposition).
3. L'adjectif.
4. La préposition.

Le verbe, de son côté, tient sous sa dépendance :
1. Le pronom, suppléant du substantif auprès du verbe.
2. L'adverbe, autrement dit l'adjectif du verbe.
3. La conjonction, qui relie deux propositions et par conséquent deux
verbes.

Cela posé, voici un fait d'une importance capitale :
A la différence du latin, notre langue tend à faire prédominer sur le verbe
et son groupe le substantif et son groupe.

Pour en donner un exemple frappant, il nous suffira d'un parallèle entre
deux petites phrases.
On parle d'accusés qui d'abord s'étaient refusés à tout aveu .....
Ils cédèrent parce qu'on leur promit formellement qu'ils ne seraient pas
punis.
Style écolier. C'est lourd et peu français.

Autre rédaction :
Ils cédèrent à une promesse formelle d'impunité.
Progrès incontestable. C'est ferme, élégant, définitif.
Que s'est-il donc passé? D'où provient l'amélioration?
La première formule comprend trois verbes : cédèrent - promit - seraient
punis.
La seconde n'en comprend qu'un : cédèrent.
Le verbe promit s'environne d'un assez nombreux cortège. On y trouve :
Une conjonction, parce que - deux pronoms, on, leur - un adverbe,
formellement.
A son tour, le verbe passif seraient punis traîne avec soi :
La conjonction que;
Le pronom ils; - l'adverbe négatif ne pas.

Dans la seconde rédaction, le substantif promesse, substitué an verbe
promit, se présente accompagné de la préposition à - de l'article indéfini
une - et de l'adjectif formelle.

Quant au substantif impunité, tenant lieu du verbe passif, il prend comme
introductrice la préposition de, et contient un préfixe privatif,
l'équivalent de l'adverbe ne pas.
Somme toute, qu'a-t-on changé? Par deux fois on a remplacé le verbe et sa
suite par le substantif et ses satellites grammaticaux
Qu'en est-il résulté? Une tournure vraiment française.

En résumé, n'employez qu'avec réserve les pronoms, les adverbes, les
conjonctions, les verbes être, avoir, faire, dire, etc. et autres platitudes
analogues, qui viennent d'elles-mêmes se jeter sous la plume, comme pour
dispenser l'écrivain novice de courir à la recherche du mot propre ou du
tour élégant.
Que l'on nous comprenne bien.
Après tout, les termes en question demeurent indispensables dans la langue.
Prétendre les frapper d'interdiction serait puéril, voire même insensé.
Par contre, il importe au dernier point d'en éviter l'abus.
Accumulez dans une période de cinq lignes trois qui, autant de que, un
puisque, un lorsque, un quoique, quatre adverbes en ment, deux participes
présents, deux fois le verbe être, deux fois le verbe faire, deux fois le
verbe avoir. Qu'obtenez-vous? Une phrase dissonante, lourde, fastidieuse à
lire, voisine du galimatias, une malheureuse phrase où foisonnent les
scories.

" Que trouver à leur place? " gémira tel élève. Ai-je donc tant d'autres
mots à ma disposition?" Questions toutes naturelles. Souvent l'enseignement
du style se condamne à rester négatif. Trop soigneux de proscrire ce qu'il
ne faut pas mettre, il oublie de prescrire ce qu'il faut mettre.
Ce petit ouvrage vise un double objectif :
Indiquer aux apprentis écrivains les procédés à suivre pour se corriger de
tous les défauts précités;
Leur fournir un répertoire de mots et d'expressions nécessaires pour
l'application de ces procédés.
Il y a plus. A force de voir, dans les listes ci-après, un seul et même
terme successivement remplacé par tant d'autres appropriés au contexte, on
acquerra peu à peu, avec l'art délicat des nuances, le sens du mot juste
autant que pittoresque, et l'on comprendra par expérience la profonde vérité
de cette réflexion de La Bruyère : " Entre toutes les différentes
expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n'y en a qu'une
qui soit la bonne. "
N'exagérons rien. Les connaissances qu'on puisera dans ce cours sont
précieuses, pour ne pas dire essentielles. Suffiront-elles à former le
parfait écrivain? Non. Elles constituent la technique élémentaire de l'art
d'écrire. Or des procédés de style, si ingénieux qu'on les suppose, ne
suppléeront jamais à la formation du goût par l'étude. approfondie des
modèles.
Pourquoi donc?
Impossible d'assimiler en rien les préceptes littéraires aux règles
d'arithmétique. Celles-ci demeurent toujours applicables, mais non pas
ceux-là. Seul un goût délicat et suffisamment exercé discerne à coup sûr les
cas particuliers où tel procédé de style, d'ailleurs recommandable en
lui-même, deviendrait choquant ou du moins compromettrait l'effet à
produire.
Exemple : Au troisième acte d'Athalie, Mathan, de la part de la reine, vient
solliciter de Josabeth un entretien où il la sommera de livrer le petit
Joas. Il débute sur un ton mielleux, affectant de parler comme s'il ne
demandait presque rien :

De votre obéissance elle ne veut qu'un gage :
C'est, pour l'en détourner j'ai fait ce que j'ai pu,
Cet enfant sans parents, qu'elle dit qu'elle a vu.

Ici certains commentateurs s'indignent et se récrient : Vers prosaïque et
lourd. - Disgracieuse cacophonie. Ici Louis Racine lui-même se mêle de
corriger son père : "J'aimerais mieux: Qu'elle dit avoir vu. " Toutes ces
critiques portent à faux, comme le démontre victorieusement M. Jacquinet : "
La construction serait simplifiée, l'effet serait-il le même? -
" Mathan affecte ici de ne mettre aucune passion dans cette affaire; il fait
le désintéressé, l'homme qui, par obéissance de sujet, et dans l'intérêt
même de ceux qu'il vient trouver, s'acquitte d'une mission. Il feint en même
temps de considérer comme facile et de peu de prix le sacrifice par lequel
il conseille hypocritement à Josabeth d'acheter la paix. De là cette façon
sommaire et dédaigneusement indifférente de désigner Eliacin et de rappeler
l'entrevue de l'enfant avec la reine. Ce qu'elle dit qu'elle a vu, non
seulement par le vague calculé des mots, mais par la négligence même du
tour, est une adresse de plus. "
Autre exemple : On conseille avec raison de ne jamais terminer une phrase
sur un mot banal et sans portée. Or nous trouvons dans la Fontaine :
Est-il aucun moment
Qui vous puisse assurer d'un second seulement ?

Cet adverbe seulement, objectera-t-on, fait une piètre figure au bout de ce
vers.
Erreur. Il y exprime un grand sens. Comment? Par son insignifiance même.
Rien de plus propre à mettre en lumière le néant de nos espérances
terrestres, trop fragiles pour avoir le droit de compter sur un seul et
unique moment.

Pour conclure, nous dirons aux élèves : Sachez votre stylistique, mais, afin
d'en profiter, sachez aussi votre littérature française. Pénétrez-vous de
nos bons auteurs français, aimez-les, feuilletez-les jour et nuit.
Nocturna versate manu, versate diurna. (Horace.)

* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AUX VERBES ÊTRES, SE TROUVER, IL Y A


On les remplace par un verbe intransitif ou réfléchi de nature à faire
image.
Un mot de cette espèce enrichit l'idée autant qu'il l'exprime.

Remplacer est, se trouve, il y a par un verbe intransitif pris au sens
propre dans les phrases suivantes :

· Au-dessus des nuages il y a un aigle.
Réponse : Au-dessus des nuages plane un aigle.

· Sur un ciel bas et plombé il y a la flèche de la cathédrale.
Réponse : Sur un ciel bas et plombé pointe la flèche de la cathédrale.

· Sur le clocher se trouve un aéroplane.
Réponse : Sur le clocher vole un aéroplane.

· Sur les hauteurs il y a un drapeau.
Réponse : Sur les hauteurs flotte un drapeau.

· Sur cette botte fine il y a un pantalon gris clair.
Réponse : Sur cette botte fine tombe un pantalon gris clair.

· Sous la roue du moulin il y a l'eau mousseuse.
Réponse : Sous la roue du moulin tourbillonne l'eau mousseuse.

· Autour de la pelouse se trouve un large sentier.
Réponse : Autour de la pelouse se trouve un large sentier.

· Sur cette colonne se trouve une vigne sauvage.
Réponse : Sur cette colonne grimpe, rampe une vigne sauvage.

· Sur les murs vermoulus il y a un toit hasardeux.
Réponse : Sur les murs vermoulus branle un toit hasardeux.

· De la porte jusqu'au jardin est un long corridor.
Réponse : De la porte jusqu'au jardin règne un long corridor.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe intransitif pris au sens
figuré dans les phrases suivantes :

· Sur les lèvres décolorées il y a un sourire mélancolique.
Réponse : Sur les lèvres décolorées erre un sourire mélancolique.

· Dans son regard se trouve un pointe de colère.
Réponse : Dans son regard brille un pointe de colère.

· Dans ses écrits il y a encore son éloquence.
Réponse : Dans ses écrits respire encore son éloquence.

· Au fond de votre âme il y a un orage de rancune.
Réponse : Au fond de votre âme gronde un orage de rancune.

· À travers ces récits se trouve une imperceptible ironie.
Réponse : À travers ces récits voltige une imperceptible ironie.

· À travers ces confidences se trouve une pointe de fatuité.
Réponse : À travers ces confidences perce une pointe de fatuité.

· Sur ce beau visage il y a une joie céleste.
Réponse : Sur ce beau visage rayonne une joie céleste.

· Sur le gazon sont les rayons affaiblis de la lune.
Réponse : Sur le gazon dorment les rayons affaiblis de la lune.

· Dans ce monde romain se trouvent mille principes de mort.
Réponse : Dans ce monde romain germent mille principes de mort.

· Au premier rang se trouvent deux grands orateurs.
Réponse : Au premier rang brillent deux grands orateurs.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe réfléchi pris au sens
figuré dans les phrases suivantes :

· À l'occident se trouve une chaîne de montagne.
Réponse : À l'occident se déploie une chaîne de montagne.

· À l'horizon il y a le contour d'un riant coteau.
Réponse : À l'horizon se dessine le contour d'un riant coteau.

· Dans ces eaux transparentes il y a un coin du ciel.
Réponse : Dans ces eaux transparentes se mire un coin du ciel.

· Au pied de la montagne se trouve une vaste plane.
Réponse : Au pied de la montagne s'étend une vaste plane.

· Contre l'arbre il y a une longue échelle.
Réponse : Contre l'arbre s'appuie une longue échelle.

· Au-dessus de la fenêtre se trouve une splendide rosace.
Réponse : Au-dessus de la fenêtre s'épanouit une splendide rosace.

· Sous les ailes de la poule est le poussin.
Réponse : Sous les ailes de la poule s'abrite le poussin.

· À côté de la règle est l'exception.
Réponse : À côté de la règle se place l'exception.

· Au bout de votre ligne il y a un gros poisson.
Réponse : Au bout de votre ligne se débat un gros poisson.

· Autour d'une seule idée est tout le débat.
Réponse : Autour d'une seule idée se circonscrit tout le débat.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe transitif de nature à
faire image dans les phrases suivantes :

· La clarté de la lune est sur les flots.
Réponse : La clarté de la lune argente les flots.

· Un papier jaune se trouve sur le mur de la chambre.
Réponse : Un papier jaune tapisse le mur de la chambre.

· Une statue est sur la colonne.
Réponse : Une statue surmonte la colonne.

· Dans ce mot l'accent se trouve sur la dernière syllabe.
Réponse : Dans ce mot l'accent affecte la dernière syllabe.

· Des draperies de vigne vierge se trouvent sur ces hautes murailles.
Réponse : Des draperies de vigne vierge escaladent ces hautes murailles.

· De hautes montagnes sont sur la surface du globe.
Réponse : De hautes montagnes hérissent la surface du globe.

· Des ponts gigantesques se trouvent sur ce canal.
Réponse : Des ponts gigantesques enjambent ce canal.

· De jolies fleurs sont sur l'autel.
Réponse : De jolies fleurs parent l'autel.

· Des banalités innombrables se trouvent dans cette littérature.
Réponse :Des banalités innombrables encombrent cette littérature.

· L'enthousiasme est dans tous les cours.
Réponse : L'enthousiasme embrase tous les cours.
* * * *

Remarques - Au groupe formé du verbe être et d'un adjectif (ou participe
adjectif) il faut, quand le sens le permet, préférer un verbe avec ou sans
complément.

Employé sans discernement, ce genre de substitution entraînerait, dans
certains cas, d'assez graves impropriétés.

En principe, le groupe formé du verbe être et d'un adjectif attribut marque
une disposition ou qualité permanente, inhérente au sujet, tandis que le
verbe attributif correspondant se borne à désigner un fait, soit durable,
soit purement accidentel et passager.

Exemples :

Cet élève est obéissant (possède la vertu de l'obéissance) ; quant à son
frère, je l'ai jusqu'ici forcé de m'obéir.

Voici un enfant malingre - jusqu'à sa mort, sa santé sera chancelante. -
Votre santé, si longtemps excellente, commençait, depuis quelques jours, à
chanceler.

Le narcisse naturellement est penché au bord des eaux. - Cette année, votre
arbre penche sous le poids de ses fruits.

Quelquefois, on peut, sans la moindre difficulté, supprimer un verbe être, à
condition de rattacher à la proposition suivante, en qualité d'épithètes,
les adjectifs qui le suivaient en qualité d'attributs.

Exemple :

Il était riche, instruit, spirituel, de sorte qu'il se promettait un
brillant avenir.
Dites plutôt : Riche, instruit, spirituel, il se promettait un brillant
avenir.

On verra plus loin, des conjonctions, que, dans certains cas, on élimine un
verbe être en substituant un substantif à l'adjectif attribut.

Exemple :

Comme il était clairvoyant, il pénétrait vos intentions.
Dites plutôt : Sa clairvoyance pénétrait vos intentions.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE AVOIR.


Remplacer le verbe AVOIR par un verbe d'un sens plus précis dans les phrases
suivantes :

· Avoir le second rang.
Réponse : Occuper le second rang.

· Avoir une espérance.
Réponse : Nourrir une espérance.

· Avoir de grandes vertus.
Réponse : Pratiquer de grandes vertus.

· Avoir un langage précis.
Réponse : Parler un langage précis.

· Avoir une mauvaise conduite.
Réponse : Mener une mauvaise conduite.

· On ne saurait rien avoir de cet élève.
Réponse : On ne saurait rien obtenir de cet élève.

· Ce cultivateur compte avoir beaucoup d'avoine cette année.
Réponse : Ce cultivateur compte récolter beaucoup d'avoine cette année.

· Cet arbuste a des fleurs magnifiques.
Réponse : Cet arbuste produit des fleurs magnifiques.

· Personne n'a eu plus d'ennemis que Racine.
Réponse : Personne n'a traîné derrière soi plus d'ennemis que Racine.

· Cet élève eut plusieurs prix.
Réponse : Cet élève remporta plusieurs prix.

Conclusion : Surtout n'abusez pas des temps composés qui nécessitent
l'emploi de l'auxiliaire avoir ; évitez notamment l'accumulation des
plus-que-parfaits ou des conditionnels passés.

Exemple :

Un jour que je l'avais rencontré par hasard et que je l'avais abordé, il me
raconta qu'il avait récemment éprouvé des malheurs, il dit même que ses
parents l'avaient abandonné.

Tous ces avaient sont pourtant faciles à éliminer.
Un jour je le rencontre par hasard. Je l'aborde. Il me raconte ses récents
malheurs; il se dit même abandonné par ses parents.

Autre exemple :

J'aurais pu lui prêter. Il aurait repris courage, se serait lancé dans les
grandes entreprises, aurait travaillé de toutes ses forces, mais finalement
aurait échoué. J'ai eu raison de m'abstenir.

Dites :

Assurément je pouvais lui prêter. Dès lors il reprenait courage, se lançait
dans les grandes entreprises, travaillait de toutes ses forces, mais
finalement échouait. J'ai eu raison de m'abstenir.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE FAIRE

Remplacer le verbe FAIRE par un verbe propre à en spécialiser le sens dans
les phrases suivantes :

· Faire un sillon.
Réponse : Tracer un sillon.

· Se faire des habillements.
Réponse : Se confectionner des habillements.

· Faire d'inutiles efforts.
Réponse : Tenter d'inutiles efforts.

· Faire un projet de loi.
Réponse : Élaborer un projet de loi.

· Faire une longue route.
Réponse : Parcourir une longue route.

· Faire un effort immense.
Réponse : Fournir un effort immense.

· Faire une intrigue.
Réponse : Nouer une intrigue.

· Faire un vilain tour.
Réponse : Jouer un vilain tour.

· Ne pas faire assez attention aux choses du dehors.
Réponse : Ne pas prêter assez d'attention aux choses du dehors.

· Il fut chargé de faire le rapport.
Réponse : Il fut chargé de rédiger le rapport.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE METTRE


Remplacer le verbe METTRE par un verbe à la fois plus précis et plus coloré
dans les phrases suivantes :

· Mettre une échelle contre un mur.
Réponse : Appuyer une échelle contre un mur.

· Mettre un mandat dans une lettre.
Réponse : Insérer un mandat dans une lettre.

· Faire des fruits en compote.
Réponse : Accommoder des fruits en compote.

· Mettre un bonnet vert.
Réponse : Coiffer un bonnet vert.

· Mettre beaucoup de temps à un ouvrage.
Réponse : Consacrer beaucoup de temps à un ouvrage.

· Mettre un lion dans une cage de fer.
Réponse : Renfermer un lion dans une cage de fer.

· Cet écrivain sait mettre sa marque sur le sujet même le plus banal.
Réponse : Cet écrivain sait imprimer sa marque sur le sujet même le plus
banal.

· Mettre en ordre ses affaires.
Réponse : Régler ses affaires.

· Mettre en danger les intérêts d'une nation.
Réponse : Compromettre les intérêts d'une nation.

· Mettre en terre un trésor.
Réponse : Enfouir un trésor.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE DIRE

Remplacer le verbe DIRE par un verbe qui en spécialise le sens dans les
phrases suivantes :

· Dire des mensonges incroyables.
Réponse : Conter des mensonges incroyables.

· Dire un remarquable discours.
Réponse : Prononcer un remarquable discours.

· Dire son avis.
Réponse : Exprimer son avis.

· Dire qu'on ne se trompe jamais.
Réponse : Prétendre qu'on ne se trompe jamais.

· Cet élève dit bien les vers.
Réponse : Cet élève récite bien les vers.

· Cet acteur dit la ruine de Troie.
Réponse : Cet acteur déclame la ruine de Troie.

· L'histoire dit les vertus des grands hommes.
Réponse : L'histoire célèbre les vertus des grands hommes.

· Le médecin dit que votre ami est hors de danger.
Réponse : Le médecin déclare que votre ami est hors de danger.

· Les témoins disent qu'il était encore chez lui à minuit.
Réponse : Les témoins déposent qu'il était encore chez lui à minuit.

· C'est trop peu. Dites un prix raisonnable.
Réponse : C'est trop peu. Offrez un prix raisonnable.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE VOIR

Remplacer le verbe VOIR par un verbe qui en spécialise le sens dans les
phrases suivantes :

· Cet habile physicien sait voir un fait avec toutes ses circonstances.
Réponse : Cet habile physicien sait observer un fait avec toutes ses
circonstances.

· Ces gens sont incapables de voir la beauté de ce vers.
Réponse : Ces gens sont incapables d'apprécier la beauté de ce vers.

· Voyez ce tableau.
Réponse : Regardez ce tableau.

· Voyez à ce que tout soit prêt.
Réponse : Veillez à ce que tout soit prêt.

· Tais-toi, tu n'y vois rien.
Réponse : Tais-toi, tu n'y connais rien.

· Je vois bien ce que vaut ce prétexte.
Réponse : Je comprends bien ce que vaut ce prétexte.

· Je ne vois pas pourquoi tu le favoriserais.
Réponse : Je n'imagine pas pourquoi tu le favoriserais.

· Dieu voit nos vices les plus cachés.
Réponse : Dieu pénètre nos vices les plus cachés.

· Après enquête, le juge voit enfin la réalité du fait.
Réponse : Après enquête, le juge constate enfin la réalité du fait.

· Ce médecin doit voir quatre malades ce matin.
Réponse : Ce médecin doit visiter quatre malade ce matin.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE PASSIF

L'obligation de s'interdire l'abus du verbe être entraîne évidemment celle
d'éviter l'accumulation des formes passives, dont le verbe être fait partie
intégrante ; encore s'y joint-il pour les temps composés un auxiliaire
avoir.

Quels sont donc les succédanés de la voix passive ?

Trop souvent on conseille de tourner le passif par l'actif, en faisant du
sujet le complément, et vice-versa.

Ce moyen présente un grave inconvénient : il tend à bouleverser l'importance
relative des idées.

En tête d'une phrase française, le substantif employé comme sujet se montre
investi d'un incontestable privilège : il met relief ce dont on s'occupe
avant tout, ce sur quoi l'on veut, de préférence, attirer l'attention.

Par exemple, si j'entreprends de raconter la vie de Romulus, je dirai : "
Romulus fonda Rome". Si je me propose, contraire, de relater les origines de
la Ville Eternelle, je mettrai : "Rome fut fondée par Romulus ".

Le fait à énoncer reste le même, le point de vue a changé. N'allez donc pas,
à la légère, tourner le passif par l'actif, au risque de reléguer au second
plan ce qui doit figurer au premier.
* * * *
Substituer au PASSIF une tournure active quelconque, mais conserver le même
sujet dans les phrases suivantes :

Note : La nécessité de changer le verbe et parfois d'autres mots peuvent
s'imposer.

· Des vins délicieux sont servis dans ces festins.
Réponse : Des vins délicieux arrosent ces festins.

· Auguste fut remplacé par Tibère.
Réponse : Auguste eut pour successeur Tibère.

· Deux coups sont frappés à la porte.
Réponse : Deux coups retentissent à la porte.

· Le chlore est utilisé au blanchiment de la toile.
Réponse : Le chlore sert au blanchiment de la toile.

· Ici le riche même est tourmenté par la faim.
Réponse : Ici le riche même éprouve les tourments de la faim.

· Cette séance sera remarquée dans les annales parlementaires.
Réponse : Cette séance marquera dans les annales parlementaires.

· Une mauvaise orthographe est aussitôt remarquée.
Réponse : Une mauvaise orthographe saute aux yeux.

· Deux nouvelles provinces furent ajoutées à ses États.
Réponse : Deux nouvelles provinces accrurent ses États.

· Partout cette statue est mise à la place d'honneur.
Réponse : Partout cette statue occupe la place d'honneur.

· Cette tâche vous est imposée.
Réponse : Cette tâche vous incombe.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU MOT CHOSE

Le mot chose est probablement le plus vague, le plus banal de la langue
française. Il est bon de le remplacer par un terme de nature à préciser
l'idée qu'on veut rendre, à moins toutefois qu'on n'ait, pour rester dans le
vague, des raisons particulières.

Remplacer le mot CHOSE par un mot à la fois plus précis et plus coloré dans
les phrases suivantes :

· L'humilité est une chose très rare.
Réponse : L'humilité est une vertu bien rare.

· L'envie est une chose redoutable.
Réponse : L'envie est une passion redoutable.

· Une seule et unique chose occupe son esprit.
Réponse : Une seule et unique pensée occupe son esprit.

· Pareille chose m'est arrivée dans mon voyage.
Réponse : Pareille aventure m'est arrivée dans mon voyage.

· Il manque des choses de première nécessité.
Réponse : Il manque des objets de première nécessité.

· La guerre est une chose terrible.
Réponse : La guerre est un fléau terrible.

· On trouve dans ces vers des choses admirables.
Réponse : On trouve dans ces vers des beautés admirables.

· La physique distingue les choses en solides et en fluides.
Réponse : La physique distingue les corps en solides et en fluides.

· Pour atteindre votre but, vous employez des choses insuffisantes.
Réponse : Pour atteindre votre but, vous employez des moyens insuffisants.

· Vous servez à ce convalescent des choses trop substantielles.
Réponse : Vous servez à ce convalescent des mets trop substantiels.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AUX MOTS HOMMES, GENS, PERSONNES

Pour remplacer l'un de ces mots, l'on peut assez souvent choisir un terme
qui désigne soit une partie du corps de l'homme, soit une faculté de son
âme. Ce genre de synecdoche ne désigne de l'être humain qu'un seul attribut,
celui qu'on veut, de préférence, faire envisager.

Remplacer les mots hommes, gens, personnes par un terme qui en spécialise le
sens dans les phrases suivantes :

· Ce geste n'eût pas échappé à un homme clairvoyant.
Réponse : Ce geste n'eût pas échappé à un oil clairvoyant.

· Les prisonniers furent rachetés à un écu par homme.
Réponse : Les prisonniers furent rachetés à un écu par tête.

· Cette musique bruyante étourdit les gens.
Réponse : Cette musique bruyante étourdit les oreilles.

· La gymnastique rend les gens agiles.
Réponse : La gymnastique rend les membres agiles.

· La disette affame ici cent trente personnes.
Réponse : La disette affame ici cent trente bouches.

· Ces poésies plaisent aux personnes rêveuses.
Réponse : Ces poésies plaisent aux imaginations rêveuses.

· Les gens éclairés croyaient-ils aux présages ?
Réponse : Les esprits éclairés croyaient-ils aux présages ?

· Ces gens impudents ne savent plus rougir.
Réponse : Ces fronts impudents ne savent plus rougir.

· Une seule bouteille ne servira pas à cet homme altéré.
Réponse : Une seule bouteille ne servira pas à ce gosier altéré.

· Le transport d'un tel fardeau exige un homme robuste.
Réponse : Le transport d'un tel fardeau exige des épaules robustes.
* * * *
LES PRONOMS


Des fautes à éviter en ce qui concerne le pronom IL, ELLE.

Qu'on nous permette une courte digression sur le terrain de la grammaire.
Toutes les fautes que nous allons signaler, sauf la dernière, intéressent la
syntaxe plutôt que la stylistique. Néanmoins elles reviennent et reviennent
si fréquentes, si importunes, si désolantes, sous la plume des apprentis
écrivains, qu'on nous en voudrait de les avoir passées sous silence.

L'emploi du pronom il (elle) expose à six genres de fautes :

1. On lui fait représenter un nom dont il ne saurait logiquement tenir la
place;
2. On lui fait représenter un substantif pris dans un sens indéterminé;
3. On l'ajoute où il n'a que faire;
4. On l'omet où il est indispensable;
5. On réunit dans une même phrase deux il (elle) qui représentent deux noms
différents;
6. On tombe dans la monotonie en alignant une longue série de propositions
commençant toutes par ce même pronom il (elle).

Chacun de ces points nécessite un examen particulier.

A) Considérons cette phrase :
Pierre a volé Paul; il a porté plainte.

On veut dire que Paul a porté plainte; on dit en réalité que Pierre est à la
fois le voleur et le plaignant. D'après la grammaire, le pronom il
représente Pierre et non Paul. Absurdité.

En effet, quand deux propositions se suivent, (il, elle) en tête de la
seconde, représente toujours le sujet de la première quand ce sujet est au
masculin singulier ou féminin singulier.

Si l'on disait :

Ces brigands ont volé Paul ; il a porté plainte...
on s'exprimerait correctement : ici le pronom singulier il ne saurait
représenter le sujet pluriel de la proposition précédente; il représente
donc, sans équivoque possible, le complément Paul (masculin singulier).

Quant à la première phrase, il suffira, pour la rendre correcte, de
remplacer il par celui-ci.
Pierre a volé Paul ; celui-ci a porté plainte.

En effet le pronom celui-ci / celle-ci représente toujours le nom masculin
singulier / féminin singulier qui en est le plus rapprocher (dans ce qui
précède).

Autre exemple :
Ces deux enfants tiraient sur leur cheval mécanique; les poils
s'arrachaient, mais ils ne voulaient pas lâcher prise.

Le pronom ils, qui devrait représenter ces deux enfants, représente en
réalité le mot poils, sujet masculin pluriel de la proposition précédente.
Absurdité.

Dites par exemple : " Ils arrachaient les poils, mais ils ne voulaient pas
lâcher prise. "

B) Le pronom il (elle) ne doit jamais représenter un nom pris dans un sens
indéterminé, c'est-à-dire un nom qui n'est précédé ni l'article défini, ni
de l'article indéfini, ni d'un adjectif déterminatif (numéral, possessif,
démonstratif, indéfini).

Exemple. Surtout ne dites pas :
Paul a demandé grâce ; elle lui a été accordée (incorrect).
J'ai demandé pardon ; il m'a été refusé (incorrect).
Vous m'enverrez copie du contrat ; elle doit me parvenir avant ce soir
(incorrect).
Il a parlé avec éloquence, et elle a charmé tout l'auditoire (incorrect).

Dites plutôt:
Paul a demandé sa grâce; elle lui a été accordée.
J'ai demandé mon pardon ; il m'a été refusé.
Vous m'enverrez la copie du contrat ; elle doit me parvenir avant ce soir.
Il a parlé avec une grande éloquence, et elle a charmé tout l'auditoire.
Il a parlé avec une éloquence qui a charmé tout l'auditoire.

Exception. Néanmoins le pronom il (elle) peut représenter un substantif
indéterminé complément d'un collectif partitif.

Exemple:
J'ai cueilli une multitude de fleurs; elles vous seront envoyées.

C) Parfois, en écrivant une phrase un peu longue, on oublie qu'on a mis en
tête un substantif sujet, et l'on introduit, pour le remplacer, le pronom il
(elle). De là un grossier pléonasme.

Exemple :
César, informé qu'une ligue s'organisait en Gaule contre les Romains, il se
hâta de quitter Rome ! !
Le substantif César, séparé par toute une ligne du verbe se hâta, en reste
néanmoins le sujet. Dès lors, à quoi bon le pronom il?

D) Plus facile à éviter, la faute inverse échappe toutefois aux élèves
inattentifs. Ils omettent le sujet il (elle) et la proposition reste
décapitée.

Exemple :
Quand Paul eut perdu sa fortune et ruiné toute sa famille, fut obligé de
quitter le pays.
Phrase absurde. Le substantif Paul, déjà sujet d'une proposition
subordonnée, ne saurait cumuler deux fonctions distinctes; il ne peut servir
en même temps de sujet à la proposition principale. Dès lors on doit le
représenter, en tête de la principale, par le pronom il.

E) Deux il (elle), réunis dans une même phrase, doivent remplacer le même
substantif. C'est une règle sans exception; on ne saurait l'enfreindre sans
incorrection grave.

Exemple :
M. Durand présente ses respects à M. Louis, et l'informe qu'il ne peut
accepter son invitation, parce qu'il l'a prévenu trop tard.
Le premier pronom sujet représente M. Durand; le second, M. Louis. Faute
grossière.

Dites par exemple :
M. Durand présente ses respects à M. Louis, et l'informe qu'il ne peut
accepter son invitation, parce qu'il a été prévenu trop tard.
Dans ces conditions, les deux il représentent tous deux M. Durand, sujet de
la phrase.

Autre exemple :
J'ai prêté ce livre à Paul, et il l'a tellement intéressé qu'il a voulu le
lire plusieurs fois.
Le premier pronom sujet représente ce livre ; le second remplace le
substantif Paul.

Il est pourtant aisé de s'exprimer ainsi :
Paul, à qui j'ai prêté ce livre, l'a trouvé si intéressant qu'il a voulu. le
lire plusieurs fois.

Encore un exemple :
Pierre a reçu un beau livre en prix; il n'en prend pas soin, bien qu'il
renferme de jolies histoires.

Dites donc:
Il n'en prend pas soin, bien qu'il y trouve de jolies histoires.

N.B. : Certains élèves, pour se tenir en garde contre les dangers de ce
fameux pronom il, le remplacent au hasard par le mot celui-ci.

Par exemple ils écrivent :
Bacchus descendit aux Enfers pour visiter le royaume de Pluton. Celui-ci
tenait à la main une coupe remplie de vin.
Grave contresens. Le pronom celui-ci représente non pas Bacchus, mais bien
Pluton, le nom masculin singulier le plus voisin dans la phrase précédente.

Dites :
Il tenait... Ce mot représente, sans équivoque possible, le mot Bacchus,
sujet masculin singulier de la proposition précédente.

F) Dégustez cette jolie phrase :
Il plaisante, il boit, il rit, il chante, il fume, il joue, il gesticule, le
tout presque en même temps.
Rien de monotone comme cette interminable kyrielle de pronoms identiques.
Il serait si facile de n'exprimer le sujet qu'une fois, devant le premier
verbe :
Il plaisante, boit, rit, chante, fume, joue, gesticule, le tout presque en
même temps.

Ce genre de répétition ne se montre pas toujours aussi commode à supprimer :
la période n'étant pas toujours susceptible de constituer une énumération à
sujet unique.

Exemple:
Mon frère a été gravement malade : il a fait une fluxion de poitrine, il a
gardé le lit pendant quatre semaines; il a beaucoup souffert; il nous a fait
craindre pour sa vie; enfin il a triomphé du mal grâce à sa robuste
constitution; il se lève depuis quelques jours; peu à peu il recouvre ses
forces. Il vous envoie l'expression de ses meilleurs sentiments.

En tout, huit fois le pronom il. Essayons d'en réduire le nombre à deux :
Mon frère a été gravement malade : atteint d'une fluxion de poitrine, alité
pendant quatre semaines, il a beaucoup souffert, et nous avons craint pour
sa vie; enfin sa robuste constitution a triomphé du mal; il se lève depuis
quelques jours; peu à peu ses forces reviennent. Recevez l'expression de ses
meilleurs sentiments.

Tantôt le pronom il a tout simplement disparu, tantôt nous le voyons céder
la place à, un autre sujet.

Remarque. - Si désagréable que semble la répétition prolongée du mot il, on
la trouve moins choquante que celle, du pronom je : le moi est haïssable,
dit Pascal. Qu'on en juge.

J'ai pris part au dernier concours cantonal et j'ai obtenu mon certificat
d'études; j'ai eu la note très bien; j'ai donc terminé mes études primaires.
Je vais maintenant quitter l'école; je dois choisir un état, je vais prendre
une grave décision.

Ce galimatias contient sept fois le mot je. Point n'est besoin de se
torturer l'imagination pour trouver une autre formule, où pronom ne figure
qu'une fois :

Au dernier concours cantonal, j'ai obtenu mon certificat d'études, avec la
note très bien. Voilà donc mes études primaires terminées. Et maintenant,
adieu l'école; il faut choisir un état. Grave décision!

Il va sans dire qu'on excepte certains cas spéciaux où la répétition voulue
du pronom sujet produit des effets très heureux :
Je ne me souviens plus des outrages du temps :
J'aime, je suis aimé, je renais, j'ai vingt ans. (Casimir Delavigne).

Touchez à ce vers ; écrivez, par exemple :
J'aime, suis aimé, renais, ai vingt ans :
Le plus ignorant écolier vous apprendra que vous n'êtes ni poète, ni même
Français.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AUX PRONOMS CECI, CELA.

Substituer les pronoms ceci, cela par un adjectif démonstratif suivi d'un
substantif dans les phrases suivantes :

· Vous aimez votre patrie cela vous honore.
Réponse : Vous aimez votre patrie ce sentiment vous honore.

· Il pratique la charité. Cela le sauvera.
Réponse : Il pratique la charité. Cette vertu le sauvera.

· Votre fils est reçu docteur. Cela n'étonnera personne.
Réponse : Votre fils est reçu docteur. Ce succès n'étonnera personne.

· Je publierai le texte du traité. Cela rectifiera plus d'une erreur.
Réponse : Je publierai le texte du traité. Ce document rectifiera plus d'une
erreur.

· N'oubliez pas ceci, que le malheur est le grand maître de l'homme.
Réponse : N'oubliez pas cette vérité, que le malheur est le grand maître de
l'homme.

· Nul ne peut contester ceci : deux quantités égales à une troisième sont
égales entre elles.
Réponse : Nul ne peut contester cet axiome : deux quantités égales à une
troisième sont égales entre elles.
* * * *

POURQUOI L'ON DOIT ÉVITER L'ABUS DES PRONOMS RELATIFS.

L'emploi inconsidéré du pronom relatif n'est pas sans danger. Il expose :
1. à de ridicules équivoques.
2. à des incorrections.
3. à des lourdeurs de style. 1

A) Equivoques.

Tout nom ou pronom qui précède immédiatement un relatif, peut en être
l'antécédent, alors même qu'une virgule l'en sépare.
De là, si l'on n'y prend pas garde, des constructions soit grotesques, soit
inintelligibles.

Exemples :

Je vous envoie un chien par ma servante, qui a les oreilles coupées. -
Infortunée servante !
J'ai vu le cabriolet du médecin, qui est peint en rouge. - Malheureux
médecin!
La poupée de Lise, qui a une figure en cire, a coûté très cher. - Pauvre
Lise!
J'ai vu votre pâtissier, le fils de votre charcutier, à qui vous venez de
faire une commande.
A-t-on commandé un gâteau ou un jambon?
Je connais bien le jeune Paul, le fils de notre voisin, qui vient souvent
chez nous.
Est-ce le père ou le fils qu'on reçoit?
C'est un jouet trop fragile pour un jeune enfant, que sa mère tient
soigneusement enfermé.
S'agit-il d'une ménagère attentive à ne rien laisser traîner? S'agit-il
d'une mère assez dénaturée pour séquestrer son enfant ?
J'ai lu une histoire dans ce livre qui m'a beaucoup intéressé.
Est-ce le livre tout entier qu'on trouve intéressant? Est-ce uniquement
l'histoire?

On sait que, dans les phrases bien construites, le qui reste parfaitement
clair et n'amène jamais de telles équivoques. Toujours est-il qu'on s'y
trouve moins exposé si l'on s'astreint à une certaine réserve dans l'emploi
des pronoms relatifs.

B) Incorrections

Ces dangereux pronoms, sous la plume d'un élève inattentif ou peu ferré sur
la syntaxe, donnent lieu à des fautes matérielles de plus d'un genre.

1. On fait dépendre une proposition relative d'une autre relative. Grave
irrégularité. Parfois même on offre à son lecteur une véritable cascade de
qui.

Exemple:
J'ai vu mon cousin qui m'a donné des nouvelles de ma tante, qui est malade
depuis l'accident qui lui est arrivé en allant à la représentation qui a eu
lieu vendredi dernier ! ! - Ces relatifs se heurtent avec un bruit de
rocaille.

2. On se trompe sur la personne du pronom relatif, et par conséquent, sur
celle du verbe suivant. On oublie volontiers que le pronom relatif s'accorde
en personne avec son antécédent. La cour de Napoléon 1er s'égayait
d'entendre la maréchale Lefebvre, dite Madame Sans Gêne, s'écrier en se
rengorgeant : " Maintenant c'est nous qui sont les princesses. " Des fautes
analogues n'échappent-elles pas à des gens plus instruits?

Ainsi l'on se rappelle rarement qu'il faut considérer comme étant de la
seconde personne non seulement les pronoms tu, toi, vous, mais encore les
substantifs en apostrophe, autrement dit au vocatif.

Exemple :
Mauvais élèves qui refusez d'obéir, vous serez sévèrement punis.

Combien d'aspirants bacheliers résisteraient, dans une telle phrase, à la
tentation de substituer refusent à refusez ?

Il n'est même pas toujours facile, au premier abord, de savoir au juste quel
est l'antécédent.

3. Quel mode employer à la suite de tel pronom relatif? Faut-il l'indicatif?
Faut-il le subjonctif? Questions étrangères à notre cadre. Contentons-nous
de les poser. Quelques exemples suffiront pour rappeler aux élèves les
difficultés à vaincre, ou plutôt les écueils à éviter.

Je cherche une maison qui me convienne.
J'ai trouvé une maison qui me convient "

Il y a des élèves qui veulent faire des progrès.
Il n'y a pas d'élève qui ne veuille passer pour intelligent.

Il est l'homme le plus adroit que je connaisse.
De ces deux hommes, c'est le plus adroit que je connais.

Néron est le premier empereur qui ait persécuté l'Église.
Les Tyriens furent les premiers qui domptèrent les flots.

C) Lourdeurs de style.

Accumulez en quelques lignes un certain nombre de pro noms relatifs,
indépendants l'un de l'autre, et placés immédiatement près leur antécédent.
Ils pourront très bien n'occasionner ni équivoque, ni incorrection; ils n'en
rendront pas moins le style traînant, incolore, cacophonique.
En premier lieu, les pronoms ne peignent rien.
En second lieu, les pronoms relatifs sont monosyllabes et commencent par une
gutturale, la plus dure des gutturales. Si donc plusieurs d'entre eux se
trouvent rapprochés l'un de l'autre, si, de plus, ils s'enchevêtrent avec
les conjonctions que, lorsque, puisque, etc., il en résulte nécessairement
un concours de sons très désagréables. Pour comble d'ennui, la phrase tend à
prendre une extension démesurée. Par suite, elle impose à l'intelligence de
l'auditeur ou du lecteur un effort d'autant plus pénible que le malaise de
l'oreille contribue à distraire l'attention.

L'examen de ces multiples inconvénients nous amène à cette conclusion toute
naturelle : Efforcez-vous, en écrivant, de ne pas multiplier les
propositions relatives. Si vous trouvez çà et là des moyens commodes
permettant d'en supprimer quelques-unes, ne manquez pas d'en profiter.
COMMENT ON SUPPRIME UNE PROPOSITION RELATIVE.

A une proposition relative on substitue, suivant les cas :

1. un substantif en apposition, d'ordinaire suivi d'un complément.
2. un adjectif, seul ou suivi d'un complément.
3. un participe adjectif, ordinairement suivi d'un complément.
4. quelquefois un simple possessif, suivi d'un nom.
5. une préposition suivie d'un complément.
6. une proposition principale.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un substantif en apposition :

· Cette dame, qui monte très bien à cheval.
Réponse : Cette dame, très bonne écuyère.

· Un touriste qui voyage avec moi.
Réponse : Mon compagnon de route.

· Cet orateur, qui fait connaître la pensée générale.
Réponse : Cet interprète de la pensée générale.

· Ce fermier, qui demeure près de chez moi.
Réponse : Ce fermier, mon voisin.

· Un touriste qui voyage avec moi.
Réponse : Mon compagnon de route.

· La presse, qui gouverne l'opinion.
Réponse : La presse, reine de l'opinion.

· Cette première victoire, qui en garantit beaucoup d'autre.
Réponse : Cette première victoire, gage de beaucoup d'autre.

· Ce dictionnaire, qui contient tant d'érudition.
Réponse : Ce dictionnaire, trésor d'érudition.

· Ce peintre, qui vous dispute le grand prix.
Réponse : Ce peintre, votre concurrent pour le grand prix.

· La raison divine, qui illumine nos intelligences.
Réponse : La raison divine, soleil de nos intelligences.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un adjectif suivi d'un
compliment :

· Ce général, qui continue de suivre sa tactique.
Réponse : Ce général, fidèle à sa tactique.

· Un père qui pardonne aisément à son fils.
Réponse : Un père indulgent pour son fils.

· Ce fugitif, qui ne sait ce qu'il deviendra.
Réponse : Ce fugitif, incertain de l'avenir.

· Cet homme de cour, qui ne change pas dans l'adversité.
Réponse : Cet homme de cour, constant dans l'adversité.

· Ce brave guerrier, qui ne s'enorgueillit pas de sa victoire.
Réponse : Ce brave guerrier, modeste dans sa victoire.

· Un monsieur qui assiste à la séance.
Réponse : Un monsieur présent à la séance.

· Un magistrat qui mérite d'être soupçonné de partialité.
Réponse : Un magistrat suspect de partialité.

· Un faux ami, qui ne s'intéresse pas à mon bonheur.
Réponse : Un faux ami, indifférent à mon bonheur.

· Une terre qui convient spécialement à la vigne.
Réponse : Une terre propre à la vigne.

· Ces amphibies, qui n'habitent que les mers arctiques.
Réponse : Ces amphibies, propres aux mers arctiques.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un participe-adjectif suivi
d'un complément :

· Les réunions qui ont eu lieu sous votre présidence.
Réponse : Les réunions tenues sous votre présidence.

· Des pierres qui proviennent de cette carrière.
Réponse : Des pierres extraites de cette carrière.

· Ces épis qui proviennent de nos champs.
Réponse : Ces épis récoltés dans nos champs.

· Ces eaux malsaines qui proviennent de la rivière voisine.
Réponse : Ces eaux malsaines puisées à la rivière voisine.

· Des objets antiques qui proviennent des fouilles de Pompéï.
Réponse : Des objets antiques exhumés des fouilles de Pompéï

· Des pensées qui proviennent d'Homère.
Réponse : Des pensées tirées d'Homère.

· Les notions qui proviennent de l'expérience.
Réponse : Les notions fournies par l'expérience.

· Une dame qui porte une jolie broche.
Réponse : Une dame parée d'une jolie broche.

· Une lettre qui porte votre sceau.
Réponse : Une lettre revêtue de votre sceau.

· Un discours qui porte des traits satiriques.
Réponse : Un discours assaisonné de traits satiriques.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer la proposition relative par un
possessif suivi d'un nom :

· Les chagrins qu'il éprouve.
Réponse : Ses chagrins.

· Le but que vous visez.
Réponse : Votre but.

· Les pleurs que vous versez.
Réponse : Vos pleurs.

· Les intrigues qu'il noue.
Réponse : Ses intrigues.

· Le poste qu'il occupe.
Réponse : Son poste.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la proposition relative par une
préposition :

· Les feuilles sèches qui sont dans la forêt.
Réponse : Les feuilles sèches de la forêt.

· L'amour qu'une mère éprouve pour ses enfants.
Réponse : L'amour d'une mère pour ses enfants.

· Un homme qui sait donner de bons conseils.
Réponse : Un homme de bons conseil

· Les soldats qui montent la garde à votre porte.
Réponse : Les soldats de garde à votre porte.

· Des enfants qui ont le même âge.
Réponse : Des enfants du même âge.
* * * *

Dans les phrases suivantes, au verbe accompagné d'un adverbe de manière,
cherchez un second capable de remplacer, à lui seul, le premier :

· Détruire entièrement un peuple.
Réponse : Exterminer un peuple.

· Détruire entièrement une peuple.
Réponse : Anéantir un peuple.

· Purifier complètement un métal.
Réponse : Épurer un métal.

· S'appliquer exclusivement aux études grecques.
Réponse : Se vouer aux études grecques.

· Éviter adroitement un coup.
Réponse : Esquiver un coup.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe par un verbe de sens
analogue :

· Il poursuit obstinément un ouvrage impossible.
Réponse : Il s'obstine à poursuivre un ouvrage impossible.

· Malgré tout il travaille persévéramment.
Réponse : Malgré tout il persévère à travailler.

· Il raconte fort gaiement ses mésaventures.
Réponse : Il s'égaie à raconter ses mésaventures.

· Il cherche attentivement les moyens de vous satisfaire.
Réponse : Il s'applique à chercher les moyens de vous satisfaire.

· Il se tirera habilement de ce mauvais pas.
Réponse : Il saura se tirer de ce mauvais pas.
* * * *
Dans les phrases suivantes, trouvez un moyen de remplacer par un substantif
le verbe que modifie l'adverbe de manière :

· Cette question mérite qu'on l'examine attentivement
Réponse : Cette question mérite un examen attentif.

· On m'annonce que mon frère arrivera prochainement.
Réponse : On m'annonce l'arrivée prochaine de mon frère.

· La ville succomba après avoir vigoureusement résisté.
Réponse : La ville succomba après une vigoureuse résistance.

· Cette porte laisse passer facilement les solliciteurs.
Réponse : Cette porte laisse un facile passage aux solliciteurs.

· Vous dépensez follement. Aussi vous vous ruinerez.
Réponse : Vos folles dépenses vous ruineront.
* * * *
COMMENT SUPPRIMER LES ADVERBES SERVANT À MARQUER LE SUPERLATIF ABSOLU.


Évitez, autant que possible, les adverbes très, fort, extrêmement,
excessivement, absolument, etc. : prenez garde qu'ils ne viennent dispenser
l'esprit de chercher le mot propre. Souvent, un adjectif au superlatif
absolu a pour équivalent un autre adjectif au positif, d'un sens analogue,
mais plus fort. C'est ce qu'on pourrait appeler une épithète superlative par
elle-même.

Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes servant à marquer le
superlatif absolu par un adjectif plus approprié.

· Eau extrêmement clair...
Réponse : Eau limpide.

· Discours très obscur.
Réponse : Discours énigmatique.

· Protestation très vive.
Réponse : Protestation enflammée.

· Potage extrêmement chaud.
Réponse : Potage brûlant.

· Zone très froide.
Réponse : Zone glaciale.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe de quantité par un
substantif :

· J'ignore combien d'hommes comprend ce régiment.
Réponse : J'ignore l'effectif de ce régiment.

· Je comprends combien grand est votre bonheur.
Réponse : Je comprends toute l'étendue de votre bonheur.

· Vous savez combien j'ai d'enfants.
Réponse : Vous savez le nombre de mes enfants.

· Vous m'excuserez si je vous pose beaucoup de questions.
Réponse : Vous excuserez la multiplicité de mes questions.

· Le peu de pluie qu'il a fait pendant l'été a compromis les récoltes.
Réponse : Le rareté des pluie pendant l'été a compromis les récoltes.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe de quantité par un adjectif
:

· Il se présente sans beaucoup d'espoir.
Réponse : Il se présente sans grand espoir.

· Comme il vous fait beaucoup de visites, je crois.
Réponse : Ses fréquentes visites chez vous me donnent à croire.

· Cette affaire est pour moi de bien peu d'intérêt.
Réponse : Cette affaire est pour moi d'un intérêt bien minime.

· Une culture qui produit peu.
Réponse : Une culture d'un faible rendement.

· Parce qu'il aimait trop la gloire, il s'est perdu.
Réponse : L'amour exagéré de la gloire l'a perdu.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes par un substantif :

· Je crains de vous importuner en vous écrivant souvent.
Réponse : Je crains de vous importuner par la fréquence de mes lettres.

· Le froid qu'il a toujours fait depuis six semaines, a compromis les
récoltes.
Réponse : La continuité du froid depuis six semaines a compromis les
récoltes.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes par un adjectif :

· La vie d'un homme de lettres est toujours un combat.
Réponse : La vie d'un homme de lettres est un combat perpétuel.

· Je leur ai donné un empire qu'ils garderont toujours.
Réponse : Je leu ai donné un empire éternel.
* * * *
Dans la phrase suivante, substituer l'adverbes par un verbe :

· Il espère que, grâce à son poème, on se souviendra toujours de son nom.
Réponse : Il espère que son poème immortalisera son nom.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par une
proposition indépendante :

· Vos explications tranchant la difficulté, nous les acceptons.
Réponse : Vos explications tranchent la difficulté, nous les acceptons.

· Veuillez écouter votre ami désirant vous présenter ses excuses.
Réponse : Veuillez écouter votre ami : il désire vous présenter ses excuses.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par une
complément descriptif :

· Il se promenait, tenant une canne.
Réponse : Il se promenait, la canne à la main.

· Il feuillette ces pages, pensant à autre chose.
Réponse : Il feuillette ces pages, l'esprit ailleurs.

Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par un verbe à
l'infinitif :

· J'entends des marteaux battant le fer à coups redoublés.
Réponse : J'entends des marteaux battre le fer à coups redoublés.

· Par une belle matinée de printemps, on voit les abeilles s'élançant des
ruches, visitant toutes les fleurs et rentrant chargées de butin.
Réponse : Par une belle matinée de printemps, on voit les abeilles s'élancer
des ruches, visiter toutes les fleurs et rentrer chargées de butin.

· Je l'ai surpris dérobant mes poules.
Réponse : Je l'ai surpris à dérober mes poules.

Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent accompagné d'une
négation par un infinitif précédé de la préposition sans :

· Il sortit, ne fermant pas la porte.
Réponse : Il sortit sans fermer la porte.

· Il l'emprisonna, ne respectant pas son titre d'ambassadeur.
Réponse : Il l'emprisonna, sans respecter son titre d'ambassadeur.

Dans les phrases suivantes, supprimer le participe présent accompagné de la
préposition EN, par une préposition suivi d'un substantif :

· Il s'égara en poursuivant un cerf.
Réponse : Il s'égara à la poursuite d'un cerf.

· En sortant du collège il venait chez nous.
Réponse : Au sortir du collège il venait chez nous.

· En travaillant beaucoup il triompha de ces difficultés.
Réponse : À force de travail il triompha de ces difficultés.

· Il s'est civilisé en fréquentant le monde.
Réponse : Il s'est civilisé au contact du monde.

· Il traversa la rivière en nageant.
Réponse : Il traversa la rivière à la nage.

· On réglera ce différend en employant la conciliation.
Réponse : On réglera ce différend par voie de conciliation.

· Il faut ici préciser le sens en ajoutant d'autres mots.
Réponse : Il faut ici préciser le sens par l'addition d'autres mots.

· Il sortit en espérant vous rencontrer.
Réponse : Il sortit dans l'espoir de vous rencontrer.

· Il sollicite ce jugement en s'appuyant sur plusieurs textes de lois.
Réponse : Il sollicite ce jugement en vertu de plusieurs textes de lois.

· On l'évinça en prétextant qu'il était incapable.
Réponse : On l'évinça sous prétexte d'incapacité.

Dans les phrases suivantes, remplacer le gérondif par un nom de chose :

· En se promenant ils arrivèrent au bout d'une longue allée.
Réponse : Leur promenade les mena au bout d'une longue allée.

· Ce n'est qu'en chassant qu'ils parviennent à se nourrir.
Réponse : Seule la chasse leur fournit des vivres.

· En étudiant les langues anciennes il a pris goût à la littérature.
Réponse : L'étude des langues anciennes lui a donné le goût de la
littérature.

· En abrogeant cette loi on relâchera la discipline.
Réponse : L'abrogation de cette loi relâchera la discipline.

· En répandant partout la bonne presse on rectifiera beaucoup d'erreurs.
Réponse : La diffusion de la bonne presse rectifiera beaucoup d'erreurs.

· En lisant de bons livres on se forme l'esprit.
Réponse : La lecture des bons livres forme l'esprit.

· En lisant ce poème nous nous croyons dans un monde nouveau.
Réponse : Ce poème nous transporte dans un monde nouveau.

· En voyageant il apprendra à connaître les hommes.
Réponse : Les voyages lui apprendront à connaître les hommes.

· En vous souvenant de cette justice rigoureuse vous prendrez une courageuse
résolution.
Réponse : Le souvenir de cette justice rigoureuse vous inspirera une
courageuse résolution.


Dans les phrases suivantes, remplacer le gérondif par un nom de personne :

· En jouant passionnément, il court à sa ruine.
Réponse : Joueur passionné, il court à sa ruine.

· En imitant l'antiquité, il ne sut pas rester original.
Réponse : Imitateur de l'antiquité, il ne sut pas rester original.

· En plaidant une cause évidemment juste, il avait toute confiance en votre
impartialité.
Réponse : Avocat d'une cause évidemment juste, il avait toute confiance en
votre impartialité.

· En propageant ardemment les saines doctrines, il bravait toutes les
persécutions.
Réponse : Ardent propagateur des saines doctrines, il bravait toutes les
persécutions.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer au gérondif un infinitif avec la
préposition à :

· Je ne m'ennuie pas en l'écoutant.
Réponse : Je ne m'ennuie pas à l'écouter.

· On ne devient guère si riche en étant honnête.
Réponse : On ne devient guère si riche à être honnête.

· En partageant les mêmes périls, en vivant de la même vie, ces frères
ennemis de la veille se sont réconciliés.
Réponse : À partager les mêmes périls, à vivre de la même vie, ces frères
ennemis de la veille se sont réconciliés.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU PARTICIPE PASSÉ ACTIF.

Le participe passé actif (ayant chanté, ayant écrit, etc.) contient le
participe présent de l'auxiliaire avoir. Aussi ne doit-on l'employer qu'avec
réserve.

Des procédés commodes et assez nombreux s'offrent pour le supprimer :

1. Parfois un participe passé actif équivaut au participe adjectif d'un
autre verbe.

2. Le participe passé actif, en tête de la phrase, peut, en certains cas,
céder la place à un substantif qui, le plus souvent, sert d'apposition au
sujet.

3. Quand le participe passé actif a un complément direct, le sens permet
quelquefois de remplacer le tout par une proposition participe (éviter alors
l'emploi du mot étant).

4. Assez souvent le participe passé actif peut céder la place à une
proposition indépendante. Ce procédé devient aisément applicable chaque fois
que le complément de ce participe se trouve représenté à côté du verbe
suivant par un des pronoms le, la, les, lui, leur. Dès lors on relie les
deux propositions par la conjonction et.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer au participe passé actif un participe
adjectif d'un autre verbe :

· Ayant perdu toutes ses illusions.
Réponse : Revenu de toutes ses illusions.

· Ayant repris le bon chemin.
Réponse : Rentré dans le bon chemin.

· Ayant pris un engagement irrévocable.
Réponse : Lié par un engagement irrévocable.

· Ayant reçu de vous tous les bienfaits possibles.
Réponse : Comblé de vos bienfaits.

· Ayant obtenu le consulat.
Réponse : Parvenu au consulat.

· Ayant subi de grands revers.
Réponse : Éprouvé par de grands revers.

· Ayant étudié profondément les littératures anciennes.
Réponse : Profondément versé dans les littératures anciennes.

· Ayant suivi vos conseil, il vint à bout de son entreprise.
Réponse : Guidé par vos conseils, il vint à bout de son entreprise.

· Le projet ayant réussi.
Réponse : Le projet réalisé.

· Des vignes ayant souffert de l'orage.
Réponse : Des vignes endommagées par l'orage.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe passé actif par un
substantif servant d'apposition au sujet :

· Ayant conquis l'univers, les Romains s'en attribuèrent toutes les
dépouilles.
Réponse : Maîtres de l'univers, les Romains s'en attribuèrent toutes les
dépouilles.

· Ayant remporté un prix dans ce concours, il se crut appelé à de hautes
destinées.
Réponse : Lauréat de ce concours, il se crut appelé à de hautes destinées.

· Ayant signé la protestation.
Réponse : Signataire de la protestation.

· Ayant relevé les arts et les lettres.
Réponse : Restaurateur des arts et des lettres.

· Ayant créé cette doctrine sublime.
Réponse : Créateur de cette doctrine sublime.

· Ayant vaincu la révolution.
Réponse : Vainqueur de la révolution.

· Son fils ayant hérité de son talent, marcha sur ses traces.
Réponse : Son fils, héritier de son talent, marcha sur ses traces.

Dans les phrases suivantes, remplacer le participe passé actif ainsi que son
complément direct, par une proposition participe en évitant l'emploi du mot
ÉTANT :

· Ayant terminé ses études, il vint à Paris.
Réponse : Ses études terminées, il vint à Paris.

· Ayant rempli sa mission, il retourna au village.
Réponse : Sa mission remplie, il retourna au village.

· Ayant payé ses dettes, il eut à peine de quoi vivre.
Réponse : Ses dettes payées, il eut à peine de quoi vivre.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer le participe passé actif par une
proposition indépendante :

· Ayant pris la ville, l'ennemi la pilla.
Réponse : L'ennemi prit la ville et la pilla.

· Ayant retrouvé ton livre à terre, je l'ai ramassé.
Réponse : J'ai retrouvé ton livre à terre et je l'ai ramassé.

· Ayant rencontré Paul, je lui ai parlé longuement.
Réponse : J'ai rencontré Paul et je lui ai parlé longuement.
* * * *

SUPPRESSION DES CONJONCTIONS SUBORDONNANTES

Les conjonctions de subordination (que, pendant, que, depuis que, après que,
avant que, pour que, afin que, parce que, puisque, quoique, bien que,
lorsque, quand, etc.) relient deux propositions en mettant l'une sous la
dépendance de l'autre. Elles jouent dans le discours le rôle d'agrafes,
parfois utiles ou même indispensables, toujours disgracieuses et pesantes,
surtout en français.

Incapables soit de flatter l'oreille, soit de parler à l'imagination, elles
se montrent, pour la couleur et l'harmonie du style, les dignes émules des
pronoms relatifs. Reconnaissons-leur toutefois l'avantage de marquer
fortement les rapports logiques des idées, mais hâtons-nous d'ajouter qu'on
obtient le même résultat par d'autres procédés moins incommodes.

N. B. Le cas le plus ennuyeux est celui où la règle exige, après la
conjonction, l'imparfait du subjonctif de la première conjugaison. Il faut
dès lors opter entre un solécisme et une forme souvent pédantesque,
dissonante, parfois ridicule et sentant la pose d'une lieue.

On évitera donc à la fois des lourdeurs de style et certaines difficultés
grammaticales si l'on s'attache à supprimer les conjonctions de
subordination, chaque fois qu'on le pourra sans altérer en rien le sens de
la phrase.

Les moyens orientés vers ce but se classent en deux catégories :

Les procédés généraux, applicables à toute espèce de conjonctions
subordonnantes ;
Les procédés spéciaux, applicables à une seule espèce de conjonctions
subordonnantes ;
Les parce que, quoique, etc., n'étaient si fréquents dans notre ancienne
langue que par imitations du latin.
LES PROCÉDÉS GÉNÉRAUX


On remplace le verbe ou l'attribut de la proposition subordonnée par un
substantif, le plus souvent abstrait. Dès lors la conjonction disparaît.

Le substantif en question peut être, soit sujet, soit complément direct,
indirect ou circonstanciel.

N.B. Ce genre du substitution peut entraîner le changement du verbe de la
proposition principale, et quelquefois aussi d'autres modifications.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer le verbe ou l'attribut de la
proposition subordonnée par un substantif :

· Parce qu'ils étaient ignorants, ils étaient encore plus orgueilleux.
Réponse : Leur ignorance ajoutait à leur orgueil.

· Parce que nous n'avons pas de document positifs, nous ne pouvons rien
affirmer.
Réponse : L'absence de documents positifs nous défend toute affirmation.

· Parce que chaque jour les cours baissent ou montent, vous devez prendre
des précautions.
Réponse : Les fluctuations quotidiennes des cours vous imposent des
précautions.

· Parce que vous manquez de suite dans votre conduite, vous ne réussirez
pas.
Réponse : L'inconséquence de votre conduite vous empêchera de réussir.

· Tels sont les secours que je réclame de Dieu, parce que je suis faible.
Réponse : Tels sont les secours que réclame de Dieu ma faiblesse.

· Comme ils avaient les mêmes convoitises, ils se rapprochèrent.
Réponse : La communauté des convoitises les rapprocha.

· Comme il était gourmand, il voulait des mets recherchés.
Réponse : Sa gourmandise voulait des mets recherchés.

· Comme il n'est pas ici, je ne puis rien révéler.
Réponse : Son absence m'interdit toute révélation.

· Comme leur accueil est très agréable, les étrangers restent longtemps chez
eux.
Réponse : L'aménité de leur accueil retient longtemps les étrangers.

· Lorsqu'on travaille, on ne s'ennuie pas.
Réponse : Le travail est une ressource contre l'ennui.
* * * *
Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction par l'emploi du
substantif :

· Lorsque nous étions tout petits.
Réponse : Dans notre enfance.

· Pendant que j'étais dans cette ville.
Réponse : Pendant mon séjour dans cette ville.

· Cette mauvaise traduction a été faite sans qu'on fit attention au
contexte.
Réponse : Cette mauvaise traduction a été faite sans égard au contexte.

· Tout lui réussit selon qu'il le souhaite.
Réponse : Tout lui réussit à souhait.

· Notre ouvre prospéra plus que nous ne l'avions espéré.
Réponse : Notre ouvre prospéra au delà de nos espérance.

· Tout va selon que vous le désirez.
Réponse : Tout va selon vos désirs.

· Ces doctrines méritent que nous les réprouvions.
Réponse : Ces doctrines méritent notre réprobations.

· Je me réjouis que vous réussissiez.
Réponse : Je me réjouis de votre succès.

· On admet que cette lettre est authentique.
Réponse : On admet l'authenticité de cette lettre.

· Ton petit garçon demande que, lorsque tu reviendras, tu lui rapportes
quelque chose.
Réponse : Ton petit garçon réclame un cadeau à ton retour.

· Rome permit que les Lyciens se gouvernassent par leurs propres lois.
Réponse : Rome accorda aux Lyciens l'autonomie.
* * * *
Dans les phrases suivantes, supprimer les deux conjonctions au moyen de deux
substantifs, l'un sujet, l'autre complément :

· Il est indispensable que la question se règle avant que votre bail expire.
Réponse : Le règlement de la question s'impose avant l'expiration de votre
bail.

· Pour que l'emprunt soit complètement remboursé, il faudra que les Chambres
ouvrent un crédit spécial.
Réponse : Le remboursement complet de l'emprunt exigera des Chambres
l'ouverture d'un crédit spécial.

· S'il est fort, c'est parce que votre nom influe en sa faveur.
Réponse : Sa force tient à l'influence de votre nom.

· Lorsque je regarde vos dévastations, je comprends que toute votre gloire
n'est rien.
Réponse : Le spectacle de vos dévastations me montre le néant de toute votre
gloire.

· Quand je lis attentivement ces pièces, je reconnais malgré tout que c'est
à bon droit qu'on vous a condamné.
Réponse : La lecture attentive de ces pièces me prouve malgré tout la
justice de votre condamnation.
* * * *

Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction de subordination par
l'emploi de la forme expositive impérative :

· Lorsque vous lui aurez écrit, il accourra.
Réponse : Écrivez-lui, il accourra.

· Lorsque tu auras reçu mon messager, tu verras ce que tu auras à faire.
Réponse : Reçois d'abord mon messager, tu verras ce que tu auras à faire.

· Bien qu'on vous critique, il est bon que vous poursuiviez votre ouvrage,
et il n'est pas douteux que vous ne réussissiez.
Réponse : Moquez-vous des critiques, poursuivez votre ouvrage, et soyez sûr
du succès.

· Le savoir a son prix, quoi qu'en disent les sots.
Réponse : Laissez dire les sots, le savoir a son prix (La Fontaine).

· Je tiens à ce que vous marchiez plus vite.
Réponse : Marchez plus vite, j'y tiens.

· Mon ami, je désirerais que vous portassiez ces lettres à la poste.
Réponse : Mon ami, veuillez porter ces lettres à la poste.

· Pour qu'on ne se glorifie pas des avantages d'autrui, mais plutôt qu'on
mène une vie conforme à sa condition, Esope nous a transmis cet exemple.
Réponse : Ne vous glorifiez pas des avantages d'autrui, mais plutôt menez
une vie conforme à votre condition. Voici, à ce sujet, un exemple transmis
pas Esope.
* * * *

Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction de subordination par
l'emploi de la forme expositive exclamative :

· Je vous croyais mon ennemi ; je vois que je me trompais grossièrement.
Réponse : Je vous croyais mon ennemi. Quelle erreur !

· Telle est son impudence qu'il ose vous accuser.
Réponse : Quelle impudence ! Il ose vous accuser.

· Il faut avouer que les peuples ainsi gouvernés sont heureux.
Réponse : Heureux les peuples ainsi gouvernés !

· Si l'on s'adonne aux mauvaises lectures, il est impossible qu'on reste
vertueux.
Réponse : Si l'on s'adonne aux mauvaises lectures, adieu la vertu !

· Ces âmes sont tellement aveuglées par l'orgueil qu'elles ne veulent
demander aucune consolation.
Réponse : O aveuglement de l'orgueil ! Ces âmes ne veulent demander aucune
consolation.

· Je remercie Dieu de ce que je revois enfin mon village et mes vieux
parents.
Réponse : Dieu soit loué ! Je revois enfin mon village et mes vieux parents.

· Il faut que vous preniez patience et que vous ayez du courage. Vous
réussirez.
Réponse : Patience et courage ! Vous réussirez.

· Maintenant il est tombé au point que de millionnaire il est devenu simple
domestique.
Réponse : Quelle chute ! Le voilà, de millionnaire, devenu simple
domestique.
* * * *

COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS CONCESSIVES, QUOIQUE, BIEN QUE, ENCORE
QUE.

Pour supprimer les conjonctions quoique, bien que, encore que :

- Employez les préposition contre (obstacle idéal ou moral) ; malgré
(obstacle de fait) ; ou la locution prépositive en dépit de (s'il s'agit
d'une opposition qu'on affecte de mépriser).

- On peut aussi se servir de l'expression avoir beau suivie de l'infinitif.

- On place en tête de la proposition principale l'une des locutions mais
pourtant, mais cependant, et néanmoins, toutefois.

Il va sans dire qu'on peut sous-entendre mais devant pourtant, cependant,
sous-entendre et devant néanmoins, toutefois. Dans ce cas, l'opposition se
marque avec moins d'énergie.

Cependant, pourtant contribuent à détruire ce qui vient d'être dit ; ils
marquent une contradiction. Néanmoins, toutefois marquent une simple
modification, qui ne va pas jusqu'à supprimer la proposition antécédente.
Cependant, moins absolu que pourtant, affirme seulement contre les
apparences contraires. Néanmoins renchérit un peu sur toutefois. Il pose une
assertion en face d'une autre, et maintient celle-là comme celle-ci.
Toutefois se borne à poser une exception à côté de la règle.

- On supprime quoique, bien que, en tête de la subordonnée. Au besoin, on
intervertit l'ordre des deux propositions.

- Si les deux propositions ont le même sujet, et que la principale soit
négative ou restrictive, on peut remplacer quoique, bien que, par le mot
pour suivi de l'infinitif.

- Bien que, quoique, ne peut pas, dans certains cas, céder la place à la
préposition sans suivie d'un verbe à l'infinitif présent ou passé (ce
changement nécessite parfois celui du verbe).
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer les conjonctions quoique, bien que,
encore que, par les prépositions contre, malgré, en dépit de :


· Il s'y est décidé bien que je fusse d'avis contraire.
Réponse : Il s'y est décidé contre mon avis.

· Aujourd'hui il travaille, bien qu'il soit habitué à ne pas le faire.
Réponse : Aujourd'hui il travaille, contre son habitude.

· Il sera élu, quoiqu'il ne soit pas ici.
Réponse : Il sera élu, malgré son absence.

· Quoique je désire vivement vous accompagner, je suis retenu chez moi par
mes affaires.
Réponse : Malgré mon vif désir de vous accompagner, je suis retenu chez moi
par mes affaires.

· Bien que toutes les lois le défendissent et que le Sénat s'y opposât, il
reçut du peuple deux consulats consécutifs.
Réponse : Contre toutes les lois et malgré le Sénat, il reçut du peuple deux
consulats consécutifs.

· Bien que la calomnie vous ait attaqué, votre honneur reste intact.
Réponse : En dépit de la calomnie, votre honneur reste intact.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les conjonctions QUOIQUE, BIEN QUE,
par la préposition AVOIR BEAU suivi de l'infinitif :

· Bien qu'il se remue, il échouera.
Réponse : Il a beau se remuer, il échouera.

· Quoiqu'on lui donne beaucoup, il n'a jamais rien.
Réponse : On a beau lui donner, il n'a jamais rien.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUOIQUE, BIEN QUE, par le mot POUR
suivi de l'infinitif :

· Vous êtes bien ignorants, quoique vous ayez tant étudié.
Réponse : Vous êtes bien ignorants, pour avoir tant étudié.

· Bien qu'il ait accompli de si belles actions, il se défend avec peu de
courage.
Réponse : Pour avoir accompli de si belles actions, il se défend avec peu de
courage.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS CAUSALES DE SUBORDINATION, PARCE QUE,
COMME, ATTENDU QUE, VU QUE.

- Aux conjonctions causales de subordination on substitue parfois une
préposition suivie d'un substantif : à, par, sur, devant, en, vu, attendu,
sous, grâce à (cette dernière se prend toujours en bonne part).

- Si la proposition subordonnée précède la principale, on supprime la
conjonction causale en tête de la première, et l'on place en tête de la
seconde la conjonction de coordination aussi.

- Si la subordonnée a le même sujet que la principale et marque un fait
antérieur, la conjonction causale peut céder la place à la préposition pour
suivie du passé de l'infinitif.

- Si la subordonnée suit la principale, il suffit parfois de substituer à la
conjonction causale les deux points, signe de ponctuation qui équivaut alors
à voici pourquoi.

- Si la subordonnée suit la principale, a-t-on le droit de substituer un car
à un parce que ? En principe, non. Ces deux termes ne sont pas synonymes.

Parce que est une conjonction causale explicative, annonçant le pourquoi
d'un fait.
Car est une conjonction causale démonstrative, annonçant le preuve d'une
assertion ; elle sert à convaincre.

Si donc on vise à une propriété rigoureuse d'expression, s'il s'agit, par
exemple, de motiver un fait, soit en histoire, soit dans les sciences
physiques ou naturelles, le mot car ne saurait sans impropriété remplacer la
conjonction parce que.

Ainsi l'on dira : L'éther soulage la douleur d'une brûlure parce qu'il se
vaporise très promptement.
Ici la conjonction annonce qu'on va rendre raison dudit phénomène.
Le rapport des idées ne serait plus le même sous cette autre formule.
Ici la conjonction tend à établir que vraiment l'éther soulage la douleur en
question. Démonstration parfaitement inutile pour un fait d'observation
journalière.
Néanmoins la conjonction parce que se prend quelquefois par extension pour
signifier la confirmation de ce qui a été avancé. Dès lors on la remplace
avantageusement par un car.

- Parce que.ne pas se remplace souvent par la locution faute de, suivie d'un
infinitif ou d'un substantif.
* * * *

Aux conjonctions causales de subordination suivantes, substituer une
préposition suivie d'un substantif :

· Nous sommes ici parce que le peuple le veut.
Réponse : Nous sommes ici par la volonté du peuple.

· Je le crois parce que vous le dites.
Réponse : Je le crois sur votre parole.

· Je le sais parce que je l'ai éprouvé.
Réponse : Je le sais par expérience.

· Comme il insistait, je ne savais que décider.
Réponse : Devant son insistance je ne savais que décider.

· Il ouvrit ce cahier parce qu'il n'avait rien à faire.
Réponse : Il ouvrit ce cahier par désouvrement.

· La confiance renaît parce qu'il est probable qu'on aura une bonne récolte.
Réponse : La confiance renaît sur la perspective d'une bonne récolte.

· Parce que vous m'avez prêté votre concours, j'ai réussi.
Réponse : Grâce à votre concours j'ai réussi.

· On l'a mis en retraite parce qu'il l'a demandé.
Réponse : On l'a mis en retraite sur sa demande.

· Vous avez agi parce que les circonstances vous y ont contraint.
Réponse : Vous avez agi sous la pression des circonstances.

· Il a mérité sa grâce parce qu'il s'est repenti.
Réponse : Il a mérité sa grâce par son repentir.
* * * *

À la proposition subordonnée précédant la principale, supprimer la
conjonction causale en tête de la première, et placer en tête de la seconde
la conjonction de coordination AUSSI :

· Parce que je suis tombé dans la misère, mes faux amis m'ont abandonné.
Réponse : Je suis tombé dans la misère, aussi mes faux amis m'ont abandonné.

· Comme la récolte est bonne, mes dettes seront payées.
Réponse : La récolte est bonne ; aussi mes dettes seront payées.

· Parce qu'il travaille, il fait des progrès.
Réponse : Il travaille, aussi fait-il des progrès.

· Parce qu'on apprécie peu la valeur du temps, on le prodigue.
Réponse : On apprécie peu la valeur du temps ; aussi le prodigue-t-on.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer la conjonction causale par la
préposition POUR suivie du passé de l'infinitif :

· Il a échoué parce qu'il avait négligé la géographie.
Réponse : Il a échoué pour avoir négligé la géographie.

· Je le sais parce que je l'ai éprouvé.
Réponse : Je le sais pour l'avoir éprouvé.

· Ils ont vaincu parce qu'ils s'étaient crus vainqueurs.
Réponse : Ils ont vaincu pour s'être crus vainqueurs.

· Il perd la tête parce qu'il a gagné un peu d'argent.
Réponse : Il perd la tête pour avoir gagné un peu d'argent.

· Parce qu'il a écrit quelques odes plutôt médiocres, il se croit un grand
poète.
Réponse : Pour avoir écrit quelques odes plutôt médiocres, il se croit un
grand poète.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer à la conjonction causale les deux
points :

· Je le crains, parce qu'il es perfide.
Réponse : Je le crains : il est perfide.

· Je suis pauvre, parce que la guerre m'a ruiné.
Réponse : Je suis pauvre : la guerre m'a ruiné.

· Nous nous regardions interdits et désolés, parce que le feu était si
ardent qu'on n'osait en approcher.
Réponse : Nous nous regardions interdits et désolés : le feu était si ardent
qu'on n'osait en approcher.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer PARCE QUE. NE PAS par la locution
FAUTE DE suivie d'un infinitif ou d'un substantif :

· Parce qu'il ne me connaît pas, il s'emporte, il s'égare.
Réponse : Faute de me connaître, il s'emporte, il s'égare (Corneille).

· Il a échoué parce qu'il n'avait pas d'argent.
Réponse : Il a échoué faute d'argent.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS TEMPORELLES QUAND, LORSQUE, DÈS QUE,
ETC.

1. On les remplace par la locution prépositive lors de, suivie d'un
substantif.

2. On emploie l'une des prépositions à, pendant, dès, dans, en, sous suivie
d'un substantif.

3. À une proposition commençant par lorsque, quand, on substitue parfois un
participe passé ou même une proposition participe, avec ou sans la locution
une fois (évitez les ayant, les étant, et en général les participes
présents).

4. Devant un passé composé antérieur ou un futur antérieur, la conjonction
lorsque (quand) peut quelquefois céder la place à la préposition après,
suivie d'un nom abstrait ou d'un verbe à l'infinitif passé.

5. Pour supprimer quand on en tête d'une phrase, mettez le verbe suivant à
l'infinitif - mettez aussi à l'infinitif le verbe de la proposition
principale - puis unissez les deux membres de phrase par c'est.

6. Parfois la proposition qui commence par les mots quand on, se remplace
par un substantif sujet, suivi ou non d'un complément.

7. Quand même (quand bien même), avec le conditionnel présent ou passé, se
supprime sans la moindre difficulté : il suffit d'employer l'imparfait ou le
plus-que-parfait du subjonctif sous la forme interrogative.

8. Quand bien même il faudrait. se remplace bien, dans certaines
constructions, par l'expression sauf à, quitte à suivie de l'infinitif.
* * * *
Substituer aux conjonctions temporelles la locution prépositive LORS DE,
suivi d'un substantif :

· Lorsqu'il naquit.
Réponse : Lors de sa naissance.

· Lorsqu'il se maria.
Réponse : Lors de son mariage.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer aux conjonctions temporelles par une
préposition suivi d'un substantif :

· Lorsqu'il entendit ces mots, il se troubla.
Réponse : À ces mots, il se troubla.

· Les mots viennent tout seuls lorsque le talent les appelle.
Réponse : Les mots viennent tout seuls à l'appelle du talent.

· Je l'ai trouvée mieux que quand elle est partie.
Réponse : Je l'ai trouvée mieux qu'à son départ.

· Quand il fait très chaud, nous habitons ce cottage.
Réponse : Dans les grandes chaleurs, nous habitons ce cottage.

· Lorsque nous dormons, notre imagination bat la campagne.
Réponse : Pendant le sommeil, notre imagination bat la campagne.

· Nous soignerons nos parents, lorsqu'ils seront devenus vieux.
Réponse : Nous soignerons nos parents, pendant leur vieillesse.

· Dès qu'il fut revenu, il vint me trouver.
Réponse : Dès son retour, il vint me trouver.

· Je ne puis être heureux lorsque mon ennemi m'opprime.
Réponse : Je ne puis être heureux sous l'oppression de mon ennemi.
* * * *
Substituer la proposition par un participe passé ou une proposition
participe, avec ou sans la locution UNE FOIS :

· Quand ils furent délivrés des barbares, les Italiens.
Réponse : Une fois délivrés des barbares, les Italiens.

· Quand les oiseaux sont en liberté, ils trouvent toujours de quoi se
nourrir.
Réponse : Laissés en liberté, les oiseaux trouvent toujours de quoi se
nourrir.

· Lorsque je serai parti, je ne reviendrai plus.
Réponse : Une fois parti, je ne reviendrai plus.

· Lorsque la bataille sera engagée, j'accourrai à votre aide.
Réponse : Une fois la bataille engagée, j'accourrai à votre aide.

· Lorsqu'il eut pris sa résolution, il.
Réponse : Une fois sa résolution prise, il.
* * * *
Substituer la conjonction LORSQUE et QUAND par la préposition APRÈS suivi
d'un nom abstrait ou d'un verbe à l'infinitif passé :

· Lorsque la loi eut été adoptée.
Réponse : Après l'adoption de la loi.

· Quand la ville eut été prise et détruite.
Réponse : Après la prise et la destruction de la ville.

· On ne connaît un homme que lorsqu'on l'a étudié par soi-même.
Réponse : On ne connaît un homme qu'après l'avoir étudié par soi-même.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer la proposition par un substantif
sujet, suivi ou non d'un complément :

· Quand on fait des lois, on ne doit s'inspirer que de l'intérêt général.
Réponse : Le législateur ne doit s'inspirer que de l'intérêt général.

· Quand on est absent, on a toujours tort.
Réponse : Les absents ont toujours tort.

· Quand on est vertueux, on combat continuellement.
Réponse : La vertu est un combat continuel.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS SI, POURVU QUE.

La conjonction si n'a rien de lourd par elle-même, mais elle peut
occasionner des lourdeurs : tantôt elle s'enchevêtre avec d'autres
conjonctions de subordination, tantôt elle amène un verbe qui traîne avec
soi tout un cortège de pronoms et d'adverbes.

1. On la remplace par la locution en cas de, suivi d'un substantif.

2. Devant une principale dont le verbe est à l'indicatif, la conditionnelle
cède volontiers la place, en tête de la phrase, à une proposition de forme
interrogative.

3. Quelquefois une subordonnée commençant par si l'on peut se remplacer par
un infinitif avec la préposition à.

4. Dans certains cas, on peut substituer à une proposition conditionnelle un
simple participe (dit participe hypothétique). Il qualifie toujours le sujet
de la phrase.

5. Ainsi qu'on l'a vu plus haut (procédés généraux), certaines propositions
conditionnelles cèdent aisément la place à un impératif.

6. Si ne. se remplace aisément (sauf exceptions) par la préposition sans et
un substantif.

7. Quand à la conjonction pourvu que, on y substitue quelquefois la
préposition moyennant suivie d'un substantif.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la conjonction par la locution EN CAS
DE, suivi d'un substantif :

· S'il arrive un malheur, je vous aiderai.
Réponse : En cas de malheur, je vous aiderai.

· S'il survient une faillite, vous êtes couvert.
Réponse : En cas de faillit, vous êtes couvert.

· S'il survient un incendie, vous me préviendrez.
Réponse : En cas d'incendie, vous me préviendrez.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la conjonction par une proposition de
forme interrogative :

· S'il a besoin d'argent, il vient me trouver.
Réponse : A-t-il besoin d'argent, il vient me trouver.

· S'il garde le silence, vous haussez les épaules.
Réponse : Garde-t-il le silence, vous haussez les épaules.

· Si l'on trouvait quelque chose de gâté, on s'en prenait à lui.
Réponse : Trouvait-on quelque chose de gâté, on s'en prenait à lui.

· Si les oies et les sarcelles arrivaient en abondance, on savait que
l'hiver serait long.
Réponse : Les oies et les sarcelles arrivaient-elles en abondance, on savait
que l'hiver serait long.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer la subordonnée par un infinitif avec
la préposition À :

· Si l'on en juge par ses plaintes, il ne put jamais se résigner à l'exil.
Réponse : À en juger par ses plaintes, il ne put jamais se résigner à
l'exil.

· Le mensonge éclate, si l'on examine bien la situation.
Réponse : Le mensonge éclate, à bien examiner la situation.

· Si on l'entend parler, on le croit savant.
Réponse : À l'entendre parler, on le croit savant.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer à une proposition conditionnelle un
simple participe :

· Sa vertu n'est rien, s'il faut la comparer à la vôtre.
Réponse : Sa vertu n'est rien, comparée à la vôtre.

· Il ne reviendra ici que si on l'a payé.
Réponse : Il ne reviendra ici qu'une fois payé.

· Si on l'accuse, il fuira.
Réponse : Accusé, il fuira.

· Si vous l'attachiez à votre service, il vous donnerait toute satisfaction.
Réponse : Attaché à votre service, il vous donnerait toute satisfaction.

· S'il devait comparaître en justice, il serait moins effronté.
Réponse : Traduit en justice, il serait moins effronté.
* * * *

Substituer par un impératif les propositions conditionnelles dans les
phrases suivantes :

· Si vous lisez Homère, vous êtes charmé.
Réponse : Lisez Homère, vous êtes charmé.

· Si vous interrogez les sages, ils vous diront tous que le bonheur est dans
la vertu.
Réponse : Interrogez les sages, ils vous diront tous que le bonheur est dans
la vertu.
* * * *

COMMENT ON SUPPRIME LA LOCUTION NE.QUE.

À la locution ne.que il est souvent aisé de substituer l'un des verbes
suivants :
Borner, renfermer, restreindre, réserver, se contenter de, s'en tenir à,
s'arrêter à.

Et quelquefois : se cantonner dans, localiser dans, circonscrire dans.

Pour supprimer un ne.que, on emploie aussi l'un des adjectifs seul, unique,
exclusif.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la locution NE.QUE par un verbe
approprié :

· Nous devons ne donner que quelques préceptes.
Réponse : Nous devons nous borner à quelques préceptes.

· Ces poètes n'ont étudié que le cour humain.
Réponse : Ces poètes se sont renfermés dans l'étude du cour humain.

· La Fontaine n'applique cette fable qu'aux petits souverains qui prennent
les rois pour arbitres.
Réponse : La Fontaine restreint l'application de cette fable aux petits
souverains qui prennent les rois pour arbitres.

· Souvent un père n'inflige qu'une punition légère.
Réponse : Souvent un père se contente d'une punition légère.

· Si cette maison ne disposait que de ses propres ressources, elle ne
tiendrait pas longtemps.
Réponse : Limitée à ses propres ressources, cette maison ne tiendrait pas
longtemps.

· On fera en sorte que l'épidémie n'atteigne que ce village.
Réponse : On fera en sorte de localiser l'épidémie dans ce village.
* * * *
Supprimer la locution NE. QUE par un des adjectifs suivant : seul, unique,
exclusif, dans les phrases suivantes :

· Il n'y a que vous dans la famille qui me refusiez votre adhésion.
Réponse : Seul dans la famille vous me refusez votre adhésion.

· On ne peut me reprocher qu'une chose, c'est d'y voir clair la nuit.
Réponse : Mon seul tort est d'y voir clair la nuit.

· Je vois qu'il n'y a que vous qui me souteniez.
Réponse : Je vois en vous mon unique soutien.

· Vous empiétez sur des attributions qui n'appartiennent qu'à l'autorité
municipale.
Réponse : Vous empiétez sur les attributions exclusives de l'autorité
municipale.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LE QUE CONSÉCUTIF.

Le que dit consécutif fait suite à l'un des adverbes tellement, tant, si.

Voici quelques moyens de l'éliminer et de supprimer avec lui, dans la
plupart des cas, l'adverbe dont il dépend :

1. Jusqu'à suivi de l'infinitif (ou parfois d'un substantif).
2. Au point de suivi de l'infinitif.
3. (Quelquefois) Assez pour, suivi de l'infinitif.
4. On intervertit l'ordre des deux propositions : la première, rejetée au
bout de la période et devenue exclamative, commence par l'adverbe tant, le
que disparaît. Ce genre d'exclamation prend le nom d'épiphonèmène.

Remarque : Évidemment l'application de ces divers procédés exige l'unité du
sujet pour les deux propositions. De là quelquefois la nécessité de changer
le second verbe.
* * * *
Substituer le QUE consécutif par la préposition JUSQU'À suivi de l'infinitif
(ou parfois d'un substantif) dans les phrases suivantes :

· L'Homme-Dieu nous a tellement aimés qu'il est mort pour nous.
Réponse : L'Homme-Dieu nous a aimés jusqu'à mourir pour nous.

· Ces pauvres femmes seront si alarmées qu'elles perdront l'esprit.
Réponse : Ces pauvres femmes seront alarmées jusqu'à perdre l'esprit.

· Cet enfant courra tant qu'il tombera épuisé.
Réponse : Cet enfant courra jusqu'à tomber épuisé.

· Un style si grandiose qu'il en devient emphatique.
Réponse : Un style grandiose jusqu'à l'emphase.
* * * *

Substituer le QUE consécutif en le remplaçant par AU POINT DE, suivi de
l'infinitif dans les phrases suivantes :

· Je sais que vous l'avez tant estimé que vous lui avez confié votre fortune
tout entière.
Réponse : Je sais que vous l'avez estimé au point de lui confier votre
fortune tout entière.

· On dit qu'il est si riche qu'il ignore le montant de sa fortune.
Réponse : On le dit riche au point d'ignorer le montant de sa fortune.

· Je crains que mon fils ne se montre tellement paresseux qu'il exaspère
tous ses maîtres.
Réponse : Je crains que mon fils ne se montre paresseux au point d'exaspérer
tous ses maîtres.
* * * *

Substituer le QUE consécutif en le remplaçant par ASSEZ POUR, suivi de
l'infinitif dans les phrases suivantes :

· Cet avocat avait tant de mémoire qu'il se rappelait toutes les paroles de
ses adversaires.
Réponse : Cet avocat avait assez de mémoire pour se rappeler toutes les
paroles des ses adversaires.

· Quel est l'homme tellement misérable qu'il ne se ressente pas de la
munificence de Dieu ?
Réponse : Quel est l'homme assez misérable pour ne pas se ressentir de la
munificence de Dieu ?

· Avez-vous donc tant de loisir que vous puissiez vous occuper des affaires
d'autrui ?
Réponse : Avez-vous donc assez de loisir pour vous occuper des affaires
d'autrui ?

· L'esprit humain n'est jamais si subtil qu'il puisse pénétrer le ciel et la
terre.
Réponse : L'esprit humain n'est jamais assez subtil pour pénétrer le ciel et
la terre.
* * * *
La_stylistique_francaise_par_E_Legrand
(http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Style)
STYLISTIQUE FRANÇAISE

Source : E. Legrand, Stylistique Française, 4e édition, J. de Gigord,
Éditeur, Paris, 1928. Extraits.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES
Pour établir les principes qui serviront de base à notre méthode, nous
étudierons successivement :

· Les conditions essentielles du style littéraire;
· Les caractères spéciaux de la langue française.

Distinguons d'abord le style scientifique du style littéraire, l'objet
particulier de nos études.
Le premier s'adresse avant tout à la raison. Il a pour qualités nécessaires
et suffisantes la clarté et la précision.

Exemple et modèle : Claude Bernard.
Le second s'adresse en outre à l'imagination et au sentiment musical. À la
clarté et à la précision il joint la couleur et l'harmonie, ses deux
qualités distinctives. Il offre à l'imagination une galerie de peintures et
à l'oreille " un heureux choix de mots harmonieux ".
Exemple et modèle : Chateaubriand.
Telles sont en deux mots les notions fondamentales dont il faut s'inspirer
pour apprendre l'art d'écrire.
Voyons comment on réussit à les appliquer.

A) Couleur.

Mme de Sévigné disait de La Fontaine : Cela est peint. Magnifique éloge, et
digne de tenter quiconque aspire à un certain talent de plume.
Pour bien peindre, que faut-il? Où sont les ressources? Où sont les
obstacles?
Tous les mots, quels qu'ils soient, peuvent à l'occasion trouver place dans
certaines combinaisons de nature à faire image. Néanmoins il existe des
termes incolores par eux-mêmes. Ce sont :

1. les verbes et substantifs d'un sens très-étendu, tels que chose, hommes,
gens, personnes, faire, dire, meure, avoir, dire, mettre, avoir,
être.Expressions fort vagues de leur nature, oblitérées par un usage voisin
de l'abus, maintenant réduites à l'état de médailles frustes.

2. le pronom (qui représente le substantif à peu près comme un morceau de
carton tient lieu d'une pièce d'or).

3. les mots invariables, notamment les adverbes et les conjonctions.

De toute évidence, nul ne saurait se passer de tels mots, si ternes qu'on
les trouve, mais le véritable écrivain en usera avec réserve, les enchâssera
avec adresse, travaillera à en réduire le nombre, supprimera les uns,
remplacera les autres. Il s'entend d'ailleurs à butiner dans les régions du
vocabulaire où fleurit le pittoresque. Ici les ressources ne sauraient lui
manquer : substantifs d'une portée suffisamment précise, adjectifs
qualificatifs, verbes et surtout verbes intransitifs, participes adjectifs
s'offriront à l'envi pour enrichir sa palette des teintes les plus
brillantes et les plus variées.

Remarque. - La préposition, exprimant un simple rapport, serait-elle plus
colorée que l'adverbe ou la conjonction? Nullement. Toutefois, " parmi les
termes de rapport, les prépositions trouvent grâce, petits mots de quelques
lettres qui, en un clin d'oil, peuvent accrocher des substantifs et toute
une bande d'adjectifs ou de participes ". (Lanson.)
Aussi remplace-t-on avec avantage une conjonction par une préposition.
(Surtout une conjonction subordonnante.)

B) Harmonie.

En second lieu, rappelez-vous qu'en prose comme en vers,
La plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée. (Boileau.)

Nombreux et variés sont les obstacles à l'euphonie. Contentons-nous d'en
signaler deux, les plus difficiles à éviter :
L'accumulation des gutturales (qui, que, quoique, en cas que, etc.) ;
L'abus des terminaisons nasales (participes présents - adverbes en ment).

Nous n'envisageons ici que l'harmonie dite mécanique. Il en est une d'un
ordre supérieur, celle qui consiste à peindre par les sous. Elle relève
avant tout d'un sens littéraire délicat et se dérobe à toute espèce de
théorie.

Si maintenant on examine les caractères spéciaux de la langue française, on
aboutit par des voies toutes différentes à des conclusions sinon pareilles,
du moins analogues, en fait de procédés pratiques.

Commençons par énoncer un principe général.
Parmi les dix parties du discours, les deux principales, le substantif et le
verbe, constituent, de par les lois mêmes de la pensée, deux centres
d'attraction. Il semble que tous les mots d'un idiome se trouvent partagés
en deux chours, chargés d'exécuter les deux parties d'une symphonie, sous la
direction de deux coryphées, le substantif et le verbe.

Le substantif groupe autour de lui :
1. L'article (défini ou indéfini).
2. Un autre substantif (en apposition).
3. L'adjectif.
4. La préposition.

Le verbe, de son côté, tient sous sa dépendance :
1. Le pronom, suppléant du substantif auprès du verbe.
2. L'adverbe, autrement dit l'adjectif du verbe.
3. La conjonction, qui relie deux propositions et par conséquent deux
verbes.

Cela posé, voici un fait d'une importance capitale :
A la différence du latin, notre langue tend à faire prédominer sur le verbe
et son groupe le substantif et son groupe.

Pour en donner un exemple frappant, il nous suffira d'un parallèle entre
deux petites phrases.
On parle d'accusés qui d'abord s'étaient refusés à tout aveu .....
Ils cédèrent parce qu'on leur promit formellement qu'ils ne seraient pas
punis.
Style écolier. C'est lourd et peu français.

Autre rédaction :
Ils cédèrent à une promesse formelle d'impunité.
Progrès incontestable. C'est ferme, élégant, définitif.
Que s'est-il donc passé? D'où provient l'amélioration?
La première formule comprend trois verbes : cédèrent - promit - seraient
punis.
La seconde n'en comprend qu'un : cédèrent.
Le verbe promit s'environne d'un assez nombreux cortège. On y trouve :
Une conjonction, parce que - deux pronoms, on, leur - un adverbe,
formellement.
A son tour, le verbe passif seraient punis traîne avec soi :
La conjonction que;
Le pronom ils; - l'adverbe négatif ne pas.

Dans la seconde rédaction, le substantif promesse, substitué an verbe
promit, se présente accompagné de la préposition à - de l'article indéfini
une - et de l'adjectif formelle.

Quant au substantif impunité, tenant lieu du verbe passif, il prend comme
introductrice la préposition de, et contient un préfixe privatif,
l'équivalent de l'adverbe ne pas.
Somme toute, qu'a-t-on changé? Par deux fois on a remplacé le verbe et sa
suite par le substantif et ses satellites grammaticaux
Qu'en est-il résulté? Une tournure vraiment française.

En résumé, n'employez qu'avec réserve les pronoms, les adverbes, les
conjonctions, les verbes être, avoir, faire, dire, etc. et autres platitudes
analogues, qui viennent d'elles-mêmes se jeter sous la plume, comme pour
dispenser l'écrivain novice de courir à la recherche du mot propre ou du
tour élégant.
Que l'on nous comprenne bien.
Après tout, les termes en question demeurent indispensables dans la langue.
Prétendre les frapper d'interdiction serait puéril, voire même insensé.
Par contre, il importe au dernier point d'en éviter l'abus.
Accumulez dans une période de cinq lignes trois qui, autant de que, un
puisque, un lorsque, un quoique, quatre adverbes en ment, deux participes
présents, deux fois le verbe être, deux fois le verbe faire, deux fois le
verbe avoir. Qu'obtenez-vous? Une phrase dissonante, lourde, fastidieuse à
lire, voisine du galimatias, une malheureuse phrase où foisonnent les
scories.

" Que trouver à leur place? " gémira tel élève. Ai-je donc tant d'autres
mots à ma disposition?" Questions toutes naturelles. Souvent l'enseignement
du style se condamne à rester négatif. Trop soigneux de proscrire ce qu'il
ne faut pas mettre, il oublie de prescrire ce qu'il faut mettre.
Ce petit ouvrage vise un double objectif :
Indiquer aux apprentis écrivains les procédés à suivre pour se corriger de
tous les défauts précités;
Leur fournir un répertoire de mots et d'expressions nécessaires pour
l'application de ces procédés.
Il y a plus. A force de voir, dans les listes ci-après, un seul et même
terme successivement remplacé par tant d'autres appropriés au contexte, on
acquerra peu à peu, avec l'art délicat des nuances, le sens du mot juste
autant que pittoresque, et l'on comprendra par expérience la profonde vérité
de cette réflexion de La Bruyère : " Entre toutes les différentes
expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n'y en a qu'une
qui soit la bonne. "
N'exagérons rien. Les connaissances qu'on puisera dans ce cours sont
précieuses, pour ne pas dire essentielles. Suffiront-elles à former le
parfait écrivain? Non. Elles constituent la technique élémentaire de l'art
d'écrire. Or des procédés de style, si ingénieux qu'on les suppose, ne
suppléeront jamais à la formation du goût par l'étude. approfondie des
modèles.
Pourquoi donc?
Impossible d'assimiler en rien les préceptes littéraires aux règles
d'arithmétique. Celles-ci demeurent toujours applicables, mais non pas
ceux-là. Seul un goût délicat et suffisamment exercé discerne à coup sûr les
cas particuliers où tel procédé de style, d'ailleurs recommandable en
lui-même, deviendrait choquant ou du moins compromettrait l'effet à
produire.
Exemple : Au troisième acte d'Athalie, Mathan, de la part de la reine, vient
solliciter de Josabeth un entretien où il la sommera de livrer le petit
Joas. Il débute sur un ton mielleux, affectant de parler comme s'il ne
demandait presque rien :

De votre obéissance elle ne veut qu'un gage :
C'est, pour l'en détourner j'ai fait ce que j'ai pu,
Cet enfant sans parents, qu'elle dit qu'elle a vu.

Ici certains commentateurs s'indignent et se récrient : Vers prosaïque et
lourd. - Disgracieuse cacophonie. Ici Louis Racine lui-même se mêle de
corriger son père : "J'aimerais mieux: Qu'elle dit avoir vu. " Toutes ces
critiques portent à faux, comme le démontre victorieusement M. Jacquinet : "
La construction serait simplifiée, l'effet serait-il le même? -
" Mathan affecte ici de ne mettre aucune passion dans cette affaire; il fait
le désintéressé, l'homme qui, par obéissance de sujet, et dans l'intérêt
même de ceux qu'il vient trouver, s'acquitte d'une mission. Il feint en même
temps de considérer comme facile et de peu de prix le sacrifice par lequel
il conseille hypocritement à Josabeth d'acheter la paix. De là cette façon
sommaire et dédaigneusement indifférente de désigner Eliacin et de rappeler
l'entrevue de l'enfant avec la reine. Ce qu'elle dit qu'elle a vu, non
seulement par le vague calculé des mots, mais par la négligence même du
tour, est une adresse de plus. "
Autre exemple : On conseille avec raison de ne jamais terminer une phrase
sur un mot banal et sans portée. Or nous trouvons dans la Fontaine :
Est-il aucun moment
Qui vous puisse assurer d'un second seulement ?

Cet adverbe seulement, objectera-t-on, fait une piètre figure au bout de ce
vers.
Erreur. Il y exprime un grand sens. Comment? Par son insignifiance même.
Rien de plus propre à mettre en lumière le néant de nos espérances
terrestres, trop fragiles pour avoir le droit de compter sur un seul et
unique moment.

Pour conclure, nous dirons aux élèves : Sachez votre stylistique, mais, afin
d'en profiter, sachez aussi votre littérature française. Pénétrez-vous de
nos bons auteurs français, aimez-les, feuilletez-les jour et nuit.
Nocturna versate manu, versate diurna. (Horace.)

* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AUX VERBES ÊTRES, SE TROUVER, IL Y A


On les remplace par un verbe intransitif ou réfléchi de nature à faire
image.
Un mot de cette espèce enrichit l'idée autant qu'il l'exprime.

Remplacer est, se trouve, il y a par un verbe intransitif pris au sens
propre dans les phrases suivantes :

· Au-dessus des nuages il y a un aigle.
Réponse : Au-dessus des nuages plane un aigle.

· Sur un ciel bas et plombé il y a la flèche de la cathédrale.
Réponse : Sur un ciel bas et plombé pointe la flèche de la cathédrale.

· Sur le clocher se trouve un aéroplane.
Réponse : Sur le clocher vole un aéroplane.

· Sur les hauteurs il y a un drapeau.
Réponse : Sur les hauteurs flotte un drapeau.

· Sur cette botte fine il y a un pantalon gris clair.
Réponse : Sur cette botte fine tombe un pantalon gris clair.

· Sous la roue du moulin il y a l'eau mousseuse.
Réponse : Sous la roue du moulin tourbillonne l'eau mousseuse.

· Autour de la pelouse se trouve un large sentier.
Réponse : Autour de la pelouse se trouve un large sentier.

· Sur cette colonne se trouve une vigne sauvage.
Réponse : Sur cette colonne grimpe, rampe une vigne sauvage.

· Sur les murs vermoulus il y a un toit hasardeux.
Réponse : Sur les murs vermoulus branle un toit hasardeux.

· De la porte jusqu'au jardin est un long corridor.
Réponse : De la porte jusqu'au jardin règne un long corridor.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe intransitif pris au sens
figuré dans les phrases suivantes :

· Sur les lèvres décolorées il y a un sourire mélancolique.
Réponse : Sur les lèvres décolorées erre un sourire mélancolique.

· Dans son regard se trouve un pointe de colère.
Réponse : Dans son regard brille un pointe de colère.

· Dans ses écrits il y a encore son éloquence.
Réponse : Dans ses écrits respire encore son éloquence.

· Au fond de votre âme il y a un orage de rancune.
Réponse : Au fond de votre âme gronde un orage de rancune.

· À travers ces récits se trouve une imperceptible ironie.
Réponse : À travers ces récits voltige une imperceptible ironie.

· À travers ces confidences se trouve une pointe de fatuité.
Réponse : À travers ces confidences perce une pointe de fatuité.

· Sur ce beau visage il y a une joie céleste.
Réponse : Sur ce beau visage rayonne une joie céleste.

· Sur le gazon sont les rayons affaiblis de la lune.
Réponse : Sur le gazon dorment les rayons affaiblis de la lune.

· Dans ce monde romain se trouvent mille principes de mort.
Réponse : Dans ce monde romain germent mille principes de mort.

· Au premier rang se trouvent deux grands orateurs.
Réponse : Au premier rang brillent deux grands orateurs.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe réfléchi pris au sens
figuré dans les phrases suivantes :

· À l'occident se trouve une chaîne de montagne.
Réponse : À l'occident se déploie une chaîne de montagne.

· À l'horizon il y a le contour d'un riant coteau.
Réponse : À l'horizon se dessine le contour d'un riant coteau.

· Dans ces eaux transparentes il y a un coin du ciel.
Réponse : Dans ces eaux transparentes se mire un coin du ciel.

· Au pied de la montagne se trouve une vaste plane.
Réponse : Au pied de la montagne s'étend une vaste plane.

· Contre l'arbre il y a une longue échelle.
Réponse : Contre l'arbre s'appuie une longue échelle.

· Au-dessus de la fenêtre se trouve une splendide rosace.
Réponse : Au-dessus de la fenêtre s'épanouit une splendide rosace.

· Sous les ailes de la poule est le poussin.
Réponse : Sous les ailes de la poule s'abrite le poussin.

· À côté de la règle est l'exception.
Réponse : À côté de la règle se place l'exception.

· Au bout de votre ligne il y a un gros poisson.
Réponse : Au bout de votre ligne se débat un gros poisson.

· Autour d'une seule idée est tout le débat.
Réponse : Autour d'une seule idée se circonscrit tout le débat.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe transitif de nature à
faire image dans les phrases suivantes :

· La clarté de la lune est sur les flots.
Réponse : La clarté de la lune argente les flots.

· Un papier jaune se trouve sur le mur de la chambre.
Réponse : Un papier jaune tapisse le mur de la chambre.

· Une statue est sur la colonne.
Réponse : Une statue surmonte la colonne.

· Dans ce mot l'accent se trouve sur la dernière syllabe.
Réponse : Dans ce mot l'accent affecte la dernière syllabe.

· Des draperies de vigne vierge se trouvent sur ces hautes murailles.
Réponse : Des draperies de vigne vierge escaladent ces hautes murailles.

· De hautes montagnes sont sur la surface du globe.
Réponse : De hautes montagnes hérissent la surface du globe.

· Des ponts gigantesques se trouvent sur ce canal.
Réponse : Des ponts gigantesques enjambent ce canal.

· De jolies fleurs sont sur l'autel.
Réponse : De jolies fleurs parent l'autel.

· Des banalités innombrables se trouvent dans cette littérature.
Réponse :Des banalités innombrables encombrent cette littérature.

· L'enthousiasme est dans tous les cours.
Réponse : L'enthousiasme embrase tous les cours.
* * * *

Remarques - Au groupe formé du verbe être et d'un adjectif (ou participe
adjectif) il faut, quand le sens le permet, préférer un verbe avec ou sans
complément.

Employé sans discernement, ce genre de substitution entraînerait, dans
certains cas, d'assez graves impropriétés.

En principe, le groupe formé du verbe être et d'un adjectif attribut marque
une disposition ou qualité permanente, inhérente au sujet, tandis que le
verbe attributif correspondant se borne à désigner un fait, soit durable,
soit purement accidentel et passager.

Exemples :

Cet élève est obéissant (possède la vertu de l'obéissance) ; quant à son
frère, je l'ai jusqu'ici forcé de m'obéir.

Voici un enfant malingre - jusqu'à sa mort, sa santé sera chancelante. -
Votre santé, si longtemps excellente, commençait, depuis quelques jours, à
chanceler.

Le narcisse naturellement est penché au bord des eaux. - Cette année, votre
arbre penche sous le poids de ses fruits.

Quelquefois, on peut, sans la moindre difficulté, supprimer un verbe être, à
condition de rattacher à la proposition suivante, en qualité d'épithètes,
les adjectifs qui le suivaient en qualité d'attributs.

Exemple :

Il était riche, instruit, spirituel, de sorte qu'il se promettait un
brillant avenir.
Dites plutôt : Riche, instruit, spirituel, il se promettait un brillant
avenir.

On verra plus loin, des conjonctions, que, dans certains cas, on élimine un
verbe être en substituant un substantif à l'adjectif attribut.

Exemple :

Comme il était clairvoyant, il pénétrait vos intentions.
Dites plutôt : Sa clairvoyance pénétrait vos intentions.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE AVOIR.


Remplacer le verbe AVOIR par un verbe d'un sens plus précis dans les phrases
suivantes :

· Avoir le second rang.
Réponse : Occuper le second rang.

· Avoir une espérance.
Réponse : Nourrir une espérance.

· Avoir de grandes vertus.
Réponse : Pratiquer de grandes vertus.

· Avoir un langage précis.
Réponse : Parler un langage précis.

· Avoir une mauvaise conduite.
Réponse : Mener une mauvaise conduite.

· On ne saurait rien avoir de cet élève.
Réponse : On ne saurait rien obtenir de cet élève.

· Ce cultivateur compte avoir beaucoup d'avoine cette année.
Réponse : Ce cultivateur compte récolter beaucoup d'avoine cette année.

· Cet arbuste a des fleurs magnifiques.
Réponse : Cet arbuste produit des fleurs magnifiques.

· Personne n'a eu plus d'ennemis que Racine.
Réponse : Personne n'a traîné derrière soi plus d'ennemis que Racine.

· Cet élève eut plusieurs prix.
Réponse : Cet élève remporta plusieurs prix.

Conclusion : Surtout n'abusez pas des temps composés qui nécessitent
l'emploi de l'auxiliaire avoir ; évitez notamment l'accumulation des
plus-que-parfaits ou des conditionnels passés.

Exemple :

Un jour que je l'avais rencontré par hasard et que je l'avais abordé, il me
raconta qu'il avait récemment éprouvé des malheurs, il dit même que ses
parents l'avaient abandonné.

Tous ces avaient sont pourtant faciles à éliminer.
Un jour je le rencontre par hasard. Je l'aborde. Il me raconte ses récents
malheurs; il se dit même abandonné par ses parents.

Autre exemple :

J'aurais pu lui prêter. Il aurait repris courage, se serait lancé dans les
grandes entreprises, aurait travaillé de toutes ses forces, mais finalement
aurait échoué. J'ai eu raison de m'abstenir.

Dites :

Assurément je pouvais lui prêter. Dès lors il reprenait courage, se lançait
dans les grandes entreprises, travaillait de toutes ses forces, mais
finalement échouait. J'ai eu raison de m'abstenir.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE FAIRE

Remplacer le verbe FAIRE par un verbe propre à en spécialiser le sens dans
les phrases suivantes :

· Faire un sillon.
Réponse : Tracer un sillon.

· Se faire des habillements.
Réponse : Se confectionner des habillements.

· Faire d'inutiles efforts.
Réponse : Tenter d'inutiles efforts.

· Faire un projet de loi.
Réponse : Élaborer un projet de loi.

· Faire une longue route.
Réponse : Parcourir une longue route.

· Faire un effort immense.
Réponse : Fournir un effort immense.

· Faire une intrigue.
Réponse : Nouer une intrigue.

· Faire un vilain tour.
Réponse : Jouer un vilain tour.

· Ne pas faire assez attention aux choses du dehors.
Réponse : Ne pas prêter assez d'attention aux choses du dehors.

· Il fut chargé de faire le rapport.
Réponse : Il fut chargé de rédiger le rapport.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE METTRE


Remplacer le verbe METTRE par un verbe à la fois plus précis et plus coloré
dans les phrases suivantes :

· Mettre une échelle contre un mur.
Réponse : Appuyer une échelle contre un mur.

· Mettre un mandat dans une lettre.
Réponse : Insérer un mandat dans une lettre.

· Faire des fruits en compote.
Réponse : Accommoder des fruits en compote.

· Mettre un bonnet vert.
Réponse : Coiffer un bonnet vert.

· Mettre beaucoup de temps à un ouvrage.
Réponse : Consacrer beaucoup de temps à un ouvrage.

· Mettre un lion dans une cage de fer.
Réponse : Renfermer un lion dans une cage de fer.

· Cet écrivain sait mettre sa marque sur le sujet même le plus banal.
Réponse : Cet écrivain sait imprimer sa marque sur le sujet même le plus
banal.

· Mettre en ordre ses affaires.
Réponse : Régler ses affaires.

· Mettre en danger les intérêts d'une nation.
Réponse : Compromettre les intérêts d'une nation.

· Mettre en terre un trésor.
Réponse : Enfouir un trésor.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE DIRE

Remplacer le verbe DIRE par un verbe qui en spécialise le sens dans les
phrases suivantes :

· Dire des mensonges incroyables.
Réponse : Conter des mensonges incroyables.

· Dire un remarquable discours.
Réponse : Prononcer un remarquable discours.

· Dire son avis.
Réponse : Exprimer son avis.

· Dire qu'on ne se trompe jamais.
Réponse : Prétendre qu'on ne se trompe jamais.

· Cet élève dit bien les vers.
Réponse : Cet élève récite bien les vers.

· Cet acteur dit la ruine de Troie.
Réponse : Cet acteur déclame la ruine de Troie.

· L'histoire dit les vertus des grands hommes.
Réponse : L'histoire célèbre les vertus des grands hommes.

· Le médecin dit que votre ami est hors de danger.
Réponse : Le médecin déclare que votre ami est hors de danger.

· Les témoins disent qu'il était encore chez lui à minuit.
Réponse : Les témoins déposent qu'il était encore chez lui à minuit.

· C'est trop peu. Dites un prix raisonnable.
Réponse : C'est trop peu. Offrez un prix raisonnable.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE VOIR

Remplacer le verbe VOIR par un verbe qui en spécialise le sens dans les
phrases suivantes :

· Cet habile physicien sait voir un fait avec toutes ses circonstances.
Réponse : Cet habile physicien sait observer un fait avec toutes ses
circonstances.

· Ces gens sont incapables de voir la beauté de ce vers.
Réponse : Ces gens sont incapables d'apprécier la beauté de ce vers.

· Voyez ce tableau.
Réponse : Regardez ce tableau.

· Voyez à ce que tout soit prêt.
Réponse : Veillez à ce que tout soit prêt.

· Tais-toi, tu n'y vois rien.
Réponse : Tais-toi, tu n'y connais rien.

· Je vois bien ce que vaut ce prétexte.
Réponse : Je comprends bien ce que vaut ce prétexte.

· Je ne vois pas pourquoi tu le favoriserais.
Réponse : Je n'imagine pas pourquoi tu le favoriserais.

· Dieu voit nos vices les plus cachés.
Réponse : Dieu pénètre nos vices les plus cachés.

· Après enquête, le juge voit enfin la réalité du fait.
Réponse : Après enquête, le juge constate enfin la réalité du fait.

· Ce médecin doit voir quatre malades ce matin.
Réponse : Ce médecin doit visiter quatre malade ce matin.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE PASSIF

L'obligation de s'interdire l'abus du verbe être entraîne évidemment celle
d'éviter l'accumulation des formes passives, dont le verbe être fait partie
intégrante ; encore s'y joint-il pour les temps composés un auxiliaire
avoir.

Quels sont donc les succédanés de la voix passive ?

Trop souvent on conseille de tourner le passif par l'actif, en faisant du
sujet le complément, et vice-versa.

Ce moyen présente un grave inconvénient : il tend à bouleverser l'importance
relative des idées.

En tête d'une phrase française, le substantif employé comme sujet se montre
investi d'un incontestable privilège : il met relief ce dont on s'occupe
avant tout, ce sur quoi l'on veut, de préférence, attirer l'attention.

Par exemple, si j'entreprends de raconter la vie de Romulus, je dirai : "
Romulus fonda Rome". Si je me propose, contraire, de relater les origines de
la Ville Eternelle, je mettrai : "Rome fut fondée par Romulus ".

Le fait à énoncer reste le même, le point de vue a changé. N'allez donc pas,
à la légère, tourner le passif par l'actif, au risque de reléguer au second
plan ce qui doit figurer au premier.
* * * *
Substituer au PASSIF une tournure active quelconque, mais conserver le même
sujet dans les phrases suivantes :

Note : La nécessité de changer le verbe et parfois d'autres mots peuvent
s'imposer.

· Des vins délicieux sont servis dans ces festins.
Réponse : Des vins délicieux arrosent ces festins.

· Auguste fut remplacé par Tibère.
Réponse : Auguste eut pour successeur Tibère.

· Deux coups sont frappés à la porte.
Réponse : Deux coups retentissent à la porte.

· Le chlore est utilisé au blanchiment de la toile.
Réponse : Le chlore sert au blanchiment de la toile.

· Ici le riche même est tourmenté par la faim.
Réponse : Ici le riche même éprouve les tourments de la faim.

· Cette séance sera remarquée dans les annales parlementaires.
Réponse : Cette séance marquera dans les annales parlementaires.

· Une mauvaise orthographe est aussitôt remarquée.
Réponse : Une mauvaise orthographe saute aux yeux.

· Deux nouvelles provinces furent ajoutées à ses États.
Réponse : Deux nouvelles provinces accrurent ses États.

· Partout cette statue est mise à la place d'honneur.
Réponse : Partout cette statue occupe la place d'honneur.

· Cette tâche vous est imposée.
Réponse : Cette tâche vous incombe.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU MOT CHOSE

Le mot chose est probablement le plus vague, le plus banal de la langue
française. Il est bon de le remplacer par un terme de nature à préciser
l'idée qu'on veut rendre, à moins toutefois qu'on n'ait, pour rester dans le
vague, des raisons particulières.

Remplacer le mot CHOSE par un mot à la fois plus précis et plus coloré dans
les phrases suivantes :

· L'humilité est une chose très rare.
Réponse : L'humilité est une vertu bien rare.

· L'envie est une chose redoutable.
Réponse : L'envie est une passion redoutable.

· Une seule et unique chose occupe son esprit.
Réponse : Une seule et unique pensée occupe son esprit.

· Pareille chose m'est arrivée dans mon voyage.
Réponse : Pareille aventure m'est arrivée dans mon voyage.

· Il manque des choses de première nécessité.
Réponse : Il manque des objets de première nécessité.

· La guerre est une chose terrible.
Réponse : La guerre est un fléau terrible.

· On trouve dans ces vers des choses admirables.
Réponse : On trouve dans ces vers des beautés admirables.

· La physique distingue les choses en solides et en fluides.
Réponse : La physique distingue les corps en solides et en fluides.

· Pour atteindre votre but, vous employez des choses insuffisantes.
Réponse : Pour atteindre votre but, vous employez des moyens insuffisants.

· Vous servez à ce convalescent des choses trop substantielles.
Réponse : Vous servez à ce convalescent des mets trop substantiels.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AUX MOTS HOMMES, GENS, PERSONNES

Pour remplacer l'un de ces mots, l'on peut assez souvent choisir un terme
qui désigne soit une partie du corps de l'homme, soit une faculté de son
âme. Ce genre de synecdoche ne désigne de l'être humain qu'un seul attribut,
celui qu'on veut, de préférence, faire envisager.

Remplacer les mots hommes, gens, personnes par un terme qui en spécialise le
sens dans les phrases suivantes :

· Ce geste n'eût pas échappé à un homme clairvoyant.
Réponse : Ce geste n'eût pas échappé à un oil clairvoyant.

· Les prisonniers furent rachetés à un écu par homme.
Réponse : Les prisonniers furent rachetés à un écu par tête.

· Cette musique bruyante étourdit les gens.
Réponse : Cette musique bruyante étourdit les oreilles.

· La gymnastique rend les gens agiles.
Réponse : La gymnastique rend les membres agiles.

· La disette affame ici cent trente personnes.
Réponse : La disette affame ici cent trente bouches.

· Ces poésies plaisent aux personnes rêveuses.
Réponse : Ces poésies plaisent aux imaginations rêveuses.

· Les gens éclairés croyaient-ils aux présages ?
Réponse : Les esprits éclairés croyaient-ils aux présages ?

· Ces gens impudents ne savent plus rougir.
Réponse : Ces fronts impudents ne savent plus rougir.

· Une seule bouteille ne servira pas à cet homme altéré.
Réponse : Une seule bouteille ne servira pas à ce gosier altéré.

· Le transport d'un tel fardeau exige un homme robuste.
Réponse : Le transport d'un tel fardeau exige des épaules robustes.
* * * *
LES PRONOMS


Des fautes à éviter en ce qui concerne le pronom IL, ELLE.

Qu'on nous permette une courte digression sur le terrain de la grammaire.
Toutes les fautes que nous allons signaler, sauf la dernière, intéressent la
syntaxe plutôt que la stylistique. Néanmoins elles reviennent et reviennent
si fréquentes, si importunes, si désolantes, sous la plume des apprentis
écrivains, qu'on nous en voudrait de les avoir passées sous silence.

L'emploi du pronom il (elle) expose à six genres de fautes :

1. On lui fait représenter un nom dont il ne saurait logiquement tenir la
place;
2. On lui fait représenter un substantif pris dans un sens indéterminé;
3. On l'ajoute où il n'a que faire;
4. On l'omet où il est indispensable;
5. On réunit dans une même phrase deux il (elle) qui représentent deux noms
différents;
6. On tombe dans la monotonie en alignant une longue série de propositions
commençant toutes par ce même pronom il (elle).

Chacun de ces points nécessite un examen particulier.

A) Considérons cette phrase :
Pierre a volé Paul; il a porté plainte.

On veut dire que Paul a porté plainte; on dit en réalité que Pierre est à la
fois le voleur et le plaignant. D'après la grammaire, le pronom il
représente Pierre et non Paul. Absurdité.

En effet, quand deux propositions se suivent, (il, elle) en tête de la
seconde, représente toujours le sujet de la première quand ce sujet est au
masculin singulier ou féminin singulier.

Si l'on disait :

Ces brigands ont volé Paul ; il a porté plainte...
on s'exprimerait correctement : ici le pronom singulier il ne saurait
représenter le sujet pluriel de la proposition précédente; il représente
donc, sans équivoque possible, le complément Paul (masculin singulier).

Quant à la première phrase, il suffira, pour la rendre correcte, de
remplacer il par celui-ci.
Pierre a volé Paul ; celui-ci a porté plainte.

En effet le pronom celui-ci / celle-ci représente toujours le nom masculin
singulier / féminin singulier qui en est le plus rapprocher (dans ce qui
précède).

Autre exemple :
Ces deux enfants tiraient sur leur cheval mécanique; les poils
s'arrachaient, mais ils ne voulaient pas lâcher prise.

Le pronom ils, qui devrait représenter ces deux enfants, représente en
réalité le mot poils, sujet masculin pluriel de la proposition précédente.
Absurdité.

Dites par exemple : " Ils arrachaient les poils, mais ils ne voulaient pas
lâcher prise. "

B) Le pronom il (elle) ne doit jamais représenter un nom pris dans un sens
indéterminé, c'est-à-dire un nom qui n'est précédé ni l'article défini, ni
de l'article indéfini, ni d'un adjectif déterminatif (numéral, possessif,
démonstratif, indéfini).

Exemple. Surtout ne dites pas :
Paul a demandé grâce ; elle lui a été accordée (incorrect).
J'ai demandé pardon ; il m'a été refusé (incorrect).
Vous m'enverrez copie du contrat ; elle doit me parvenir avant ce soir
(incorrect).
Il a parlé avec éloquence, et elle a charmé tout l'auditoire (incorrect).

Dites plutôt:
Paul a demandé sa grâce; elle lui a été accordée.
J'ai demandé mon pardon ; il m'a été refusé.
Vous m'enverrez la copie du contrat ; elle doit me parvenir avant ce soir.
Il a parlé avec une grande éloquence, et elle a charmé tout l'auditoire.
Il a parlé avec une éloquence qui a charmé tout l'auditoire.

Exception. Néanmoins le pronom il (elle) peut représenter un substantif
indéterminé complément d'un collectif partitif.

Exemple:
J'ai cueilli une multitude de fleurs; elles vous seront envoyées.

C) Parfois, en écrivant une phrase un peu longue, on oublie qu'on a mis en
tête un substantif sujet, et l'on introduit, pour le remplacer, le pronom il
(elle). De là un grossier pléonasme.

Exemple :
César, informé qu'une ligue s'organisait en Gaule contre les Romains, il se
hâta de quitter Rome ! !
Le substantif César, séparé par toute une ligne du verbe se hâta, en reste
néanmoins le sujet. Dès lors, à quoi bon le pronom il?

D) Plus facile à éviter, la faute inverse échappe toutefois aux élèves
inattentifs. Ils omettent le sujet il (elle) et la proposition reste
décapitée.

Exemple :
Quand Paul eut perdu sa fortune et ruiné toute sa famille, fut obligé de
quitter le pays.
Phrase absurde. Le substantif Paul, déjà sujet d'une proposition
subordonnée, ne saurait cumuler deux fonctions distinctes; il ne peut servir
en même temps de sujet à la proposition principale. Dès lors on doit le
représenter, en tête de la principale, par le pronom il.

E) Deux il (elle), réunis dans une même phrase, doivent remplacer le même
substantif. C'est une règle sans exception; on ne saurait l'enfreindre sans
incorrection grave.

Exemple :
M. Durand présente ses respects à M. Louis, et l'informe qu'il ne peut
accepter son invitation, parce qu'il l'a prévenu trop tard.
Le premier pronom sujet représente M. Durand; le second, M. Louis. Faute
grossière.

Dites par exemple :
M. Durand présente ses respects à M. Louis, et l'informe qu'il ne peut
accepter son invitation, parce qu'il a été prévenu trop tard.
Dans ces conditions, les deux il représentent tous deux M. Durand, sujet de
la phrase.

Autre exemple :
J'ai prêté ce livre à Paul, et il l'a tellement intéressé qu'il a voulu le
lire plusieurs fois.
Le premier pronom sujet représente ce livre ; le second remplace le
substantif Paul.

Il est pourtant aisé de s'exprimer ainsi :
Paul, à qui j'ai prêté ce livre, l'a trouvé si intéressant qu'il a voulu. le
lire plusieurs fois.

Encore un exemple :
Pierre a reçu un beau livre en prix; il n'en prend pas soin, bien qu'il
renferme de jolies histoires.

Dites donc:
Il n'en prend pas soin, bien qu'il y trouve de jolies histoires.

N.B. : Certains élèves, pour se tenir en garde contre les dangers de ce
fameux pronom il, le remplacent au hasard par le mot celui-ci.

Par exemple ils écrivent :
Bacchus descendit aux Enfers pour visiter le royaume de Pluton. Celui-ci
tenait à la main une coupe remplie de vin.
Grave contresens. Le pronom celui-ci représente non pas Bacchus, mais bien
Pluton, le nom masculin singulier le plus voisin dans la phrase précédente.

Dites :
Il tenait... Ce mot représente, sans équivoque possible, le mot Bacchus,
sujet masculin singulier de la proposition précédente.

F) Dégustez cette jolie phrase :
Il plaisante, il boit, il rit, il chante, il fume, il joue, il gesticule, le
tout presque en même temps.
Rien de monotone comme cette interminable kyrielle de pronoms identiques.
Il serait si facile de n'exprimer le sujet qu'une fois, devant le premier
verbe :
Il plaisante, boit, rit, chante, fume, joue, gesticule, le tout presque en
même temps.

Ce genre de répétition ne se montre pas toujours aussi commode à supprimer :
la période n'étant pas toujours susceptible de constituer une énumération à
sujet unique.

Exemple:
Mon frère a été gravement malade : il a fait une fluxion de poitrine, il a
gardé le lit pendant quatre semaines; il a beaucoup souffert; il nous a fait
craindre pour sa vie; enfin il a triomphé du mal grâce à sa robuste
constitution; il se lève depuis quelques jours; peu à peu il recouvre ses
forces. Il vous envoie l'expression de ses meilleurs sentiments.

En tout, huit fois le pronom il. Essayons d'en réduire le nombre à deux :
Mon frère a été gravement malade : atteint d'une fluxion de poitrine, alité
pendant quatre semaines, il a beaucoup souffert, et nous avons craint pour
sa vie; enfin sa robuste constitution a triomphé du mal; il se lève depuis
quelques jours; peu à peu ses forces reviennent. Recevez l'expression de ses
meilleurs sentiments.

Tantôt le pronom il a tout simplement disparu, tantôt nous le voyons céder
la place à, un autre sujet.

Remarque. - Si désagréable que semble la répétition prolongée du mot il, on
la trouve moins choquante que celle, du pronom je : le moi est haïssable,
dit Pascal. Qu'on en juge.

J'ai pris part au dernier concours cantonal et j'ai obtenu mon certificat
d'études; j'ai eu la note très bien; j'ai donc terminé mes études primaires.
Je vais maintenant quitter l'école; je dois choisir un état, je vais prendre
une grave décision.

Ce galimatias contient sept fois le mot je. Point n'est besoin de se
torturer l'imagination pour trouver une autre formule, où pronom ne figure
qu'une fois :

Au dernier concours cantonal, j'ai obtenu mon certificat d'études, avec la
note très bien. Voilà donc mes études primaires terminées. Et maintenant,
adieu l'école; il faut choisir un état. Grave décision!

Il va sans dire qu'on excepte certains cas spéciaux où la répétition voulue
du pronom sujet produit des effets très heureux :
Je ne me souviens plus des outrages du temps :
J'aime, je suis aimé, je renais, j'ai vingt ans. (Casimir Delavigne).

Touchez à ce vers ; écrivez, par exemple :
J'aime, suis aimé, renais, ai vingt ans :
Le plus ignorant écolier vous apprendra que vous n'êtes ni poète, ni même
Français.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AUX PRONOMS CECI, CELA.

Substituer les pronoms ceci, cela par un adjectif démonstratif suivi d'un
substantif dans les phrases suivantes :

· Vous aimez votre patrie cela vous honore.
Réponse : Vous aimez votre patrie ce sentiment vous honore.

· Il pratique la charité. Cela le sauvera.
Réponse : Il pratique la charité. Cette vertu le sauvera.

· Votre fils est reçu docteur. Cela n'étonnera personne.
Réponse : Votre fils est reçu docteur. Ce succès n'étonnera personne.

· Je publierai le texte du traité. Cela rectifiera plus d'une erreur.
Réponse : Je publierai le texte du traité. Ce document rectifiera plus d'une
erreur.

· N'oubliez pas ceci, que le malheur est le grand maître de l'homme.
Réponse : N'oubliez pas cette vérité, que le malheur est le grand maître de
l'homme.

· Nul ne peut contester ceci : deux quantités égales à une troisième sont
égales entre elles.
Réponse : Nul ne peut contester cet axiome : deux quantités égales à une
troisième sont égales entre elles.
* * * *

POURQUOI L'ON DOIT ÉVITER L'ABUS DES PRONOMS RELATIFS.

L'emploi inconsidéré du pronom relatif n'est pas sans danger. Il expose :
1. à de ridicules équivoques.
2. à des incorrections.
3. à des lourdeurs de style. 1

A) Equivoques.

Tout nom ou pronom qui précède immédiatement un relatif, peut en être
l'antécédent, alors même qu'une virgule l'en sépare.
De là, si l'on n'y prend pas garde, des constructions soit grotesques, soit
inintelligibles.

Exemples :

Je vous envoie un chien par ma servante, qui a les oreilles coupées. -
Infortunée servante !
J'ai vu le cabriolet du médecin, qui est peint en rouge. - Malheureux
médecin!
La poupée de Lise, qui a une figure en cire, a coûté très cher. - Pauvre
Lise!
J'ai vu votre pâtissier, le fils de votre charcutier, à qui vous venez de
faire une commande.
A-t-on commandé un gâteau ou un jambon?
Je connais bien le jeune Paul, le fils de notre voisin, qui vient souvent
chez nous.
Est-ce le père ou le fils qu'on reçoit?
C'est un jouet trop fragile pour un jeune enfant, que sa mère tient
soigneusement enfermé.
S'agit-il d'une ménagère attentive à ne rien laisser traîner? S'agit-il
d'une mère assez dénaturée pour séquestrer son enfant ?
J'ai lu une histoire dans ce livre qui m'a beaucoup intéressé.
Est-ce le livre tout entier qu'on trouve intéressant? Est-ce uniquement
l'histoire?

On sait que, dans les phrases bien construites, le qui reste parfaitement
clair et n'amène jamais de telles équivoques. Toujours est-il qu'on s'y
trouve moins exposé si l'on s'astreint à une certaine réserve dans l'emploi
des pronoms relatifs.

B) Incorrections

Ces dangereux pronoms, sous la plume d'un élève inattentif ou peu ferré sur
la syntaxe, donnent lieu à des fautes matérielles de plus d'un genre.

1. On fait dépendre une proposition relative d'une autre relative. Grave
irrégularité. Parfois même on offre à son lecteur une véritable cascade de
qui.

Exemple:
J'ai vu mon cousin qui m'a donné des nouvelles de ma tante, qui est malade
depuis l'accident qui lui est arrivé en allant à la représentation qui a eu
lieu vendredi dernier ! ! - Ces relatifs se heurtent avec un bruit de
rocaille.

2. On se trompe sur la personne du pronom relatif, et par conséquent, sur
celle du verbe suivant. On oublie volontiers que le pronom relatif s'accorde
en personne avec son antécédent. La cour de Napoléon 1er s'égayait
d'entendre la maréchale Lefebvre, dite Madame Sans Gêne, s'écrier en se
rengorgeant : " Maintenant c'est nous qui sont les princesses. " Des fautes
analogues n'échappent-elles pas à des gens plus instruits?

Ainsi l'on se rappelle rarement qu'il faut considérer comme étant de la
seconde personne non seulement les pronoms tu, toi, vous, mais encore les
substantifs en apostrophe, autrement dit au vocatif.

Exemple :
Mauvais élèves qui refusez d'obéir, vous serez sévèrement punis.

Combien d'aspirants bacheliers résisteraient, dans une telle phrase, à la
tentation de substituer refusent à refusez ?

Il n'est même pas toujours facile, au premier abord, de savoir au juste quel
est l'antécédent.

3. Quel mode employer à la suite de tel pronom relatif? Faut-il l'indicatif?
Faut-il le subjonctif? Questions étrangères à notre cadre. Contentons-nous
de les poser. Quelques exemples suffiront pour rappeler aux élèves les
difficultés à vaincre, ou plutôt les écueils à éviter.

Je cherche une maison qui me convienne.
J'ai trouvé une maison qui me convient "

Il y a des élèves qui veulent faire des progrès.
Il n'y a pas d'élève qui ne veuille passer pour intelligent.

Il est l'homme le plus adroit que je connaisse.
De ces deux hommes, c'est le plus adroit que je connais.

Néron est le premier empereur qui ait persécuté l'Église.
Les Tyriens furent les premiers qui domptèrent les flots.

C) Lourdeurs de style.

Accumulez en quelques lignes un certain nombre de pro noms relatifs,
indépendants l'un de l'autre, et placés immédiatement près leur antécédent.
Ils pourront très bien n'occasionner ni équivoque, ni incorrection; ils n'en
rendront pas moins le style traînant, incolore, cacophonique.
En premier lieu, les pronoms ne peignent rien.
En second lieu, les pronoms relatifs sont monosyllabes et commencent par une
gutturale, la plus dure des gutturales. Si donc plusieurs d'entre eux se
trouvent rapprochés l'un de l'autre, si, de plus, ils s'enchevêtrent avec
les conjonctions que, lorsque, puisque, etc., il en résulte nécessairement
un concours de sons très désagréables. Pour comble d'ennui, la phrase tend à
prendre une extension démesurée. Par suite, elle impose à l'intelligence de
l'auditeur ou du lecteur un effort d'autant plus pénible que le malaise de
l'oreille contribue à distraire l'attention.

L'examen de ces multiples inconvénients nous amène à cette conclusion toute
naturelle : Efforcez-vous, en écrivant, de ne pas multiplier les
propositions relatives. Si vous trouvez çà et là des moyens commodes
permettant d'en supprimer quelques-unes, ne manquez pas d'en profiter.
COMMENT ON SUPPRIME UNE PROPOSITION RELATIVE.

A une proposition relative on substitue, suivant les cas :

1. un substantif en apposition, d'ordinaire suivi d'un complément.
2. un adjectif, seul ou suivi d'un complément.
3. un participe adjectif, ordinairement suivi d'un complément.
4. quelquefois un simple possessif, suivi d'un nom.
5. une préposition suivie d'un complément.
6. une proposition principale.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un substantif en apposition :

· Cette dame, qui monte très bien à cheval.
Réponse : Cette dame, très bonne écuyère.

· Un touriste qui voyage avec moi.
Réponse : Mon compagnon de route.

· Cet orateur, qui fait connaître la pensée générale.
Réponse : Cet interprète de la pensée générale.

· Ce fermier, qui demeure près de chez moi.
Réponse : Ce fermier, mon voisin.

· Un touriste qui voyage avec moi.
Réponse : Mon compagnon de route.

· La presse, qui gouverne l'opinion.
Réponse : La presse, reine de l'opinion.

· Cette première victoire, qui en garantit beaucoup d'autre.
Réponse : Cette première victoire, gage de beaucoup d'autre.

· Ce dictionnaire, qui contient tant d'érudition.
Réponse : Ce dictionnaire, trésor d'érudition.

· Ce peintre, qui vous dispute le grand prix.
Réponse : Ce peintre, votre concurrent pour le grand prix.

· La raison divine, qui illumine nos intelligences.
Réponse : La raison divine, soleil de nos intelligences.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un adjectif suivi d'un
compliment :

· Ce général, qui continue de suivre sa tactique.
Réponse : Ce général, fidèle à sa tactique.

· Un père qui pardonne aisément à son fils.
Réponse : Un père indulgent pour son fils.

· Ce fugitif, qui ne sait ce qu'il deviendra.
Réponse : Ce fugitif, incertain de l'avenir.

· Cet homme de cour, qui ne change pas dans l'adversité.
Réponse : Cet homme de cour, constant dans l'adversité.

· Ce brave guerrier, qui ne s'enorgueillit pas de sa victoire.
Réponse : Ce brave guerrier, modeste dans sa victoire.

· Un monsieur qui assiste à la séance.
Réponse : Un monsieur présent à la séance.

· Un magistrat qui mérite d'être soupçonné de partialité.
Réponse : Un magistrat suspect de partialité.

· Un faux ami, qui ne s'intéresse pas à mon bonheur.
Réponse : Un faux ami, indifférent à mon bonheur.

· Une terre qui convient spécialement à la vigne.
Réponse : Une terre propre à la vigne.

· Ces amphibies, qui n'habitent que les mers arctiques.
Réponse : Ces amphibies, propres aux mers arctiques.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un participe-adjectif suivi
d'un complément :

· Les réunions qui ont eu lieu sous votre présidence.
Réponse : Les réunions tenues sous votre présidence.

· Des pierres qui proviennent de cette carrière.
Réponse : Des pierres extraites de cette carrière.

· Ces épis qui proviennent de nos champs.
Réponse : Ces épis récoltés dans nos champs.

· Ces eaux malsaines qui proviennent de la rivière voisine.
Réponse : Ces eaux malsaines puisées à la rivière voisine.

· Des objets antiques qui proviennent des fouilles de Pompéï.
Réponse : Des objets antiques exhumés des fouilles de Pompéï

· Des pensées qui proviennent d'Homère.
Réponse : Des pensées tirées d'Homère.

· Les notions qui proviennent de l'expérience.
Réponse : Les notions fournies par l'expérience.

· Une dame qui porte une jolie broche.
Réponse : Une dame parée d'une jolie broche.

· Une lettre qui porte votre sceau.
Réponse : Une lettre revêtue de votre sceau.

· Un discours qui porte des traits satiriques.
Réponse : Un discours assaisonné de traits satiriques.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer la proposition relative par un
possessif suivi d'un nom :

· Les chagrins qu'il éprouve.
Réponse : Ses chagrins.

· Le but que vous visez.
Réponse : Votre but.

· Les pleurs que vous versez.
Réponse : Vos pleurs.

· Les intrigues qu'il noue.
Réponse : Ses intrigues.

· Le poste qu'il occupe.
Réponse : Son poste.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la proposition relative par une
préposition :

· Les feuilles sèches qui sont dans la forêt.
Réponse : Les feuilles sèches de la forêt.

· L'amour qu'une mère éprouve pour ses enfants.
Réponse : L'amour d'une mère pour ses enfants.

· Un homme qui sait donner de bons conseils.
Réponse : Un homme de bons conseil

· Les soldats qui montent la garde à votre porte.
Réponse : Les soldats de garde à votre porte.

· Des enfants qui ont le même âge.
Réponse : Des enfants du même âge.
* * * *

Dans les phrases suivantes, au verbe accompagné d'un adverbe de manière,
cherchez un second capable de remplacer, à lui seul, le premier :

· Détruire entièrement un peuple.
Réponse : Exterminer un peuple.

· Détruire entièrement une peuple.
Réponse : Anéantir un peuple.

· Purifier complètement un métal.
Réponse : Épurer un métal.

· S'appliquer exclusivement aux études grecques.
Réponse : Se vouer aux études grecques.

· Éviter adroitement un coup.
Réponse : Esquiver un coup.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe par un verbe de sens
analogue :

· Il poursuit obstinément un ouvrage impossible.
Réponse : Il s'obstine à poursuivre un ouvrage impossible.

· Malgré tout il travaille persévéramment.
Réponse : Malgré tout il persévère à travailler.

· Il raconte fort gaiement ses mésaventures.
Réponse : Il s'égaie à raconter ses mésaventures.

· Il cherche attentivement les moyens de vous satisfaire.
Réponse : Il s'applique à chercher les moyens de vous satisfaire.

· Il se tirera habilement de ce mauvais pas.
Réponse : Il saura se tirer de ce mauvais pas.
* * * *
Dans les phrases suivantes, trouvez un moyen de remplacer par un substantif
le verbe que modifie l'adverbe de manière :

· Cette question mérite qu'on l'examine attentivement
Réponse : Cette question mérite un examen attentif.

· On m'annonce que mon frère arrivera prochainement.
Réponse : On m'annonce l'arrivée prochaine de mon frère.

· La ville succomba après avoir vigoureusement résisté.
Réponse : La ville succomba après une vigoureuse résistance.

· Cette porte laisse passer facilement les solliciteurs.
Réponse : Cette porte laisse un facile passage aux solliciteurs.

· Vous dépensez follement. Aussi vous vous ruinerez.
Réponse : Vos folles dépenses vous ruineront.
* * * *
COMMENT SUPPRIMER LES ADVERBES SERVANT À MARQUER LE SUPERLATIF ABSOLU.


Évitez, autant que possible, les adverbes très, fort, extrêmement,
excessivement, absolument, etc. : prenez garde qu'ils ne viennent dispenser
l'esprit de chercher le mot propre. Souvent, un adjectif au superlatif
absolu a pour équivalent un autre adjectif au positif, d'un sens analogue,
mais plus fort. C'est ce qu'on pourrait appeler une épithète superlative par
elle-même.

Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes servant à marquer le
superlatif absolu par un adjectif plus approprié.

· Eau extrêmement clair...
Réponse : Eau limpide.

· Discours très obscur.
Réponse : Discours énigmatique.

· Protestation très vive.
Réponse : Protestation enflammée.

· Potage extrêmement chaud.
Réponse : Potage brûlant.

· Zone très froide.
Réponse : Zone glaciale.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe de quantité par un
substantif :

· J'ignore combien d'hommes comprend ce régiment.
Réponse : J'ignore l'effectif de ce régiment.

· Je comprends combien grand est votre bonheur.
Réponse : Je comprends toute l'étendue de votre bonheur.

· Vous savez combien j'ai d'enfants.
Réponse : Vous savez le nombre de mes enfants.

· Vous m'excuserez si je vous pose beaucoup de questions.
Réponse : Vous excuserez la multiplicité de mes questions.

· Le peu de pluie qu'il a fait pendant l'été a compromis les récoltes.
Réponse : Le rareté des pluie pendant l'été a compromis les récoltes.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe de quantité par un adjectif
:

· Il se présente sans beaucoup d'espoir.
Réponse : Il se présente sans grand espoir.

· Comme il vous fait beaucoup de visites, je crois.
Réponse : Ses fréquentes visites chez vous me donnent à croire.

· Cette affaire est pour moi de bien peu d'intérêt.
Réponse : Cette affaire est pour moi d'un intérêt bien minime.

· Une culture qui produit peu.
Réponse : Une culture d'un faible rendement.

· Parce qu'il aimait trop la gloire, il s'est perdu.
Réponse : L'amour exagéré de la gloire l'a perdu.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes par un substantif :

· Je crains de vous importuner en vous écrivant souvent.
Réponse : Je crains de vous importuner par la fréquence de mes lettres.

· Le froid qu'il a toujours fait depuis six semaines, a compromis les
récoltes.
Réponse : La continuité du froid depuis six semaines a compromis les
récoltes.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes par un adjectif :

· La vie d'un homme de lettres est toujours un combat.
Réponse : La vie d'un homme de lettres est un combat perpétuel.

· Je leur ai donné un empire qu'ils garderont toujours.
Réponse : Je leu ai donné un empire éternel.
* * * *
Dans la phrase suivante, substituer l'adverbes par un verbe :

· Il espère que, grâce à son poème, on se souviendra toujours de son nom.
Réponse : Il espère que son poème immortalisera son nom.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par une
proposition indépendante :

· Vos explications tranchant la difficulté, nous les acceptons.
Réponse : Vos explications tranchent la difficulté, nous les acceptons.

· Veuillez écouter votre ami désirant vous présenter ses excuses.
Réponse : Veuillez écouter votre ami : il désire vous présenter ses excuses.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par une
complément descriptif :

· Il se promenait, tenant une canne.
Réponse : Il se promenait, la canne à la main.

· Il feuillette ces pages, pensant à autre chose.
Réponse : Il feuillette ces pages, l'esprit ailleurs.

Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par un verbe à
l'infinitif :

· J'entends des marteaux battant le fer à coups redoublés.
Réponse : J'entends des marteaux battre le fer à coups redoublés.

· Par une belle matinée de printemps, on voit les abeilles s'élançant des
ruches, visitant toutes les fleurs et rentrant chargées de butin.
Réponse : Par une belle matinée de printemps, on voit les abeilles s'élancer
des ruches, visiter toutes les fleurs et rentrer chargées de butin.

· Je l'ai surpris dérobant mes poules.
Réponse : Je l'ai surpris à dérober mes poules.

Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent accompagné d'une
négation par un infinitif précédé de la préposition sans :

· Il sortit, ne fermant pas la porte.
Réponse : Il sortit sans fermer la porte.

· Il l'emprisonna, ne respectant pas son titre d'ambassadeur.
Réponse : Il l'emprisonna, sans respecter son titre d'ambassadeur.

Dans les phrases suivantes, supprimer le participe présent accompagné de la
préposition EN, par une préposition suivi d'un substantif :

· Il s'égara en poursuivant un cerf.
Réponse : Il s'égara à la poursuite d'un cerf.

· En sortant du collège il venait chez nous.
Réponse : Au sortir du collège il venait chez nous.

· En travaillant beaucoup il triompha de ces difficultés.
Réponse : À force de travail il triompha de ces difficultés.

· Il s'est civilisé en fréquentant le monde.
Réponse : Il s'est civilisé au contact du monde.

· Il traversa la rivière en nageant.
Réponse : Il traversa la rivière à la nage.

· On réglera ce différend en employant la conciliation.
Réponse : On réglera ce différend par voie de conciliation.

· Il faut ici préciser le sens en ajoutant d'autres mots.
Réponse : Il faut ici préciser le sens par l'addition d'autres mots.

· Il sortit en espérant vous rencontrer.
Réponse : Il sortit dans l'espoir de vous rencontrer.

· Il sollicite ce jugement en s'appuyant sur plusieurs textes de lois.
Réponse : Il sollicite ce jugement en vertu de plusieurs textes de lois.

· On l'évinça en prétextant qu'il était incapable.
Réponse : On l'évinça sous prétexte d'incapacité.

Dans les phrases suivantes, remplacer le gérondif par un nom de chose :

· En se promenant ils arrivèrent au bout d'une longue allée.
Réponse : Leur promenade les mena au bout d'une longue allée.

· Ce n'est qu'en chassant qu'ils parviennent à se nourrir.
Réponse : Seule la chasse leur fournit des vivres.

· En étudiant les langues anciennes il a pris goût à la littérature.
Réponse : L'étude des langues anciennes lui a donné le goût de la
littérature.

· En abrogeant cette loi on relâchera la discipline.
Réponse : L'abrogation de cette loi relâchera la discipline.

· En répandant partout la bonne presse on rectifiera beaucoup d'erreurs.
Réponse : La diffusion de la bonne presse rectifiera beaucoup d'erreurs.

· En lisant de bons livres on se forme l'esprit.
Réponse : La lecture des bons livres forme l'esprit.

· En lisant ce poème nous nous croyons dans un monde nouveau.
Réponse : Ce poème nous transporte dans un monde nouveau.

· En voyageant il apprendra à connaître les hommes.
Réponse : Les voyages lui apprendront à connaître les hommes.

· En vous souvenant de cette justice rigoureuse vous prendrez une courageuse
résolution.
Réponse : Le souvenir de cette justice rigoureuse vous inspirera une
courageuse résolution.


Dans les phrases suivantes, remplacer le gérondif par un nom de personne :

· En jouant passionnément, il court à sa ruine.
Réponse : Joueur passionné, il court à sa ruine.

· En imitant l'antiquité, il ne sut pas rester original.
Réponse : Imitateur de l'antiquité, il ne sut pas rester original.

· En plaidant une cause évidemment juste, il avait toute confiance en votre
impartialité.
Réponse : Avocat d'une cause évidemment juste, il avait toute confiance en
votre impartialité.

· En propageant ardemment les saines doctrines, il bravait toutes les
persécutions.
Réponse : Ardent propagateur des saines doctrines, il bravait toutes les
persécutions.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer au gérondif un infinitif avec la
préposition à :

· Je ne m'ennuie pas en l'écoutant.
Réponse : Je ne m'ennuie pas à l'écouter.

· On ne devient guère si riche en étant honnête.
Réponse : On ne devient guère si riche à être honnête.

· En partageant les mêmes périls, en vivant de la même vie, ces frères
ennemis de la veille se sont réconciliés.
Réponse : À partager les mêmes périls, à vivre de la même vie, ces frères
ennemis de la veille se sont réconciliés.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU PARTICIPE PASSÉ ACTIF.

Le participe passé actif (ayant chanté, ayant écrit, etc.) contient le
participe présent de l'auxiliaire avoir. Aussi ne doit-on l'employer qu'avec
réserve.

Des procédés commodes et assez nombreux s'offrent pour le supprimer :

1. Parfois un participe passé actif équivaut au participe adjectif d'un
autre verbe.

2. Le participe passé actif, en tête de la phrase, peut, en certains cas,
céder la place à un substantif qui, le plus souvent, sert d'apposition au
sujet.

3. Quand le participe passé actif a un complément direct, le sens permet
quelquefois de remplacer le tout par une proposition participe (éviter alors
l'emploi du mot étant).

4. Assez souvent le participe passé actif peut céder la place à une
proposition indépendante. Ce procédé devient aisément applicable chaque fois
que le complément de ce participe se trouve représenté à côté du verbe
suivant par un des pronoms le, la, les, lui, leur. Dès lors on relie les
deux propositions par la conjonction et.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer au participe passé actif un participe
adjectif d'un autre verbe :

· Ayant perdu toutes ses illusions.
Réponse : Revenu de toutes ses illusions.

· Ayant repris le bon chemin.
Réponse : Rentré dans le bon chemin.

· Ayant pris un engagement irrévocable.
Réponse : Lié par un engagement irrévocable.

· Ayant reçu de vous tous les bienfaits possibles.
Réponse : Comblé de vos bienfaits.

· Ayant obtenu le consulat.
Réponse : Parvenu au consulat.

· Ayant subi de grands revers.
Réponse : Éprouvé par de grands revers.

· Ayant étudié profondément les littératures anciennes.
Réponse : Profondément versé dans les littératures anciennes.

· Ayant suivi vos conseil, il vint à bout de son entreprise.
Réponse : Guidé par vos conseils, il vint à bout de son entreprise.

· Le projet ayant réussi.
Réponse : Le projet réalisé.

· Des vignes ayant souffert de l'orage.
Réponse : Des vignes endommagées par l'orage.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe passé actif par un
substantif servant d'apposition au sujet :

· Ayant conquis l'univers, les Romains s'en attribuèrent toutes les
dépouilles.
Réponse : Maîtres de l'univers, les Romains s'en attribuèrent toutes les
dépouilles.

· Ayant remporté un prix dans ce concours, il se crut appelé à de hautes
destinées.
Réponse : Lauréat de ce concours, il se crut appelé à de hautes destinées.

· Ayant signé la protestation.
Réponse : Signataire de la protestation.

· Ayant relevé les arts et les lettres.
Réponse : Restaurateur des arts et des lettres.

· Ayant créé cette doctrine sublime.
Réponse : Créateur de cette doctrine sublime.

· Ayant vaincu la révolution.
Réponse : Vainqueur de la révolution.

· Son fils ayant hérité de son talent, marcha sur ses traces.
Réponse : Son fils, héritier de son talent, marcha sur ses traces.

Dans les phrases suivantes, remplacer le participe passé actif ainsi que son
complément direct, par une proposition participe en évitant l'emploi du mot
ÉTANT :

· Ayant terminé ses études, il vint à Paris.
Réponse : Ses études terminées, il vint à Paris.

· Ayant rempli sa mission, il retourna au village.
Réponse : Sa mission remplie, il retourna au village.

· Ayant payé ses dettes, il eut à peine de quoi vivre.
Réponse : Ses dettes payées, il eut à peine de quoi vivre.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer le participe passé actif par une
proposition indépendante :

· Ayant pris la ville, l'ennemi la pilla.
Réponse : L'ennemi prit la ville et la pilla.

· Ayant retrouvé ton livre à terre, je l'ai ramassé.
Réponse : J'ai retrouvé ton livre à terre et je l'ai ramassé.

· Ayant rencontré Paul, je lui ai parlé longuement.
Réponse : J'ai rencontré Paul et je lui ai parlé longuement.
* * * *

SUPPRESSION DES CONJONCTIONS SUBORDONNANTES

Les conjonctions de subordination (que, pendant, que, depuis que, après que,
avant que, pour que, afin que, parce que, puisque, quoique, bien que,
lorsque, quand, etc.) relient deux propositions en mettant l'une sous la
dépendance de l'autre. Elles jouent dans le discours le rôle d'agrafes,
parfois utiles ou même indispensables, toujours disgracieuses et pesantes,
surtout en français.

Incapables soit de flatter l'oreille, soit de parler à l'imagination, elles
se montrent, pour la couleur et l'harmonie du style, les dignes émules des
pronoms relatifs. Reconnaissons-leur toutefois l'avantage de marquer
fortement les rapports logiques des idées, mais hâtons-nous d'ajouter qu'on
obtient le même résultat par d'autres procédés moins incommodes.

N. B. Le cas le plus ennuyeux est celui où la règle exige, après la
conjonction, l'imparfait du subjonctif de la première conjugaison. Il faut
dès lors opter entre un solécisme et une forme souvent pédantesque,
dissonante, parfois ridicule et sentant la pose d'une lieue.

On évitera donc à la fois des lourdeurs de style et certaines difficultés
grammaticales si l'on s'attache à supprimer les conjonctions de
subordination, chaque fois qu'on le pourra sans altérer en rien le sens de
la phrase.

Les moyens orientés vers ce but se classent en deux catégories :

Les procédés généraux, applicables à toute espèce de conjonctions
subordonnantes ;
Les procédés spéciaux, applicables à une seule espèce de conjonctions
subordonnantes ;
Les parce que, quoique, etc., n'étaient si fréquents dans notre ancienne
langue que par imitations du latin.
LES PROCÉDÉS GÉNÉRAUX


On remplace le verbe ou l'attribut de la proposition subordonnée par un
substantif, le plus souvent abstrait. Dès lors la conjonction disparaît.

Le substantif en question peut être, soit sujet, soit complément direct,
indirect ou circonstanciel.

N.B. Ce genre du substitution peut entraîner le changement du verbe de la
proposition principale, et quelquefois aussi d'autres modifications.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer le verbe ou l'attribut de la
proposition subordonnée par un substantif :

· Parce qu'ils étaient ignorants, ils étaient encore plus orgueilleux.
Réponse : Leur ignorance ajoutait à leur orgueil.

· Parce que nous n'avons pas de document positifs, nous ne pouvons rien
affirmer.
Réponse : L'absence de documents positifs nous défend toute affirmation.

· Parce que chaque jour les cours baissent ou montent, vous devez prendre
des précautions.
Réponse : Les fluctuations quotidiennes des cours vous imposent des
précautions.

· Parce que vous manquez de suite dans votre conduite, vous ne réussirez
pas.
Réponse : L'inconséquence de votre conduite vous empêchera de réussir.

· Tels sont les secours que je réclame de Dieu, parce que je suis faible.
Réponse : Tels sont les secours que réclame de Dieu ma faiblesse.

· Comme ils avaient les mêmes convoitises, ils se rapprochèrent.
Réponse : La communauté des convoitises les rapprocha.

· Comme il était gourmand, il voulait des mets recherchés.
Réponse : Sa gourmandise voulait des mets recherchés.

· Comme il n'est pas ici, je ne puis rien révéler.
Réponse : Son absence m'interdit toute révélation.

· Comme leur accueil est très agréable, les étrangers restent longtemps chez
eux.
Réponse : L'aménité de leur accueil retient longtemps les étrangers.

· Lorsqu'on travaille, on ne s'ennuie pas.
Réponse : Le travail est une ressource contre l'ennui.
* * * *
Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction par l'emploi du
substantif :

· Lorsque nous étions tout petits.
Réponse : Dans notre enfance.

· Pendant que j'étais dans cette ville.
Réponse : Pendant mon séjour dans cette ville.

· Cette mauvaise traduction a été faite sans qu'on fit attention au
contexte.
Réponse : Cette mauvaise traduction a été faite sans égard au contexte.

· Tout lui réussit selon qu'il le souhaite.
Réponse : Tout lui réussit à souhait.

· Notre ouvre prospéra plus que nous ne l'avions espéré.
Réponse : Notre ouvre prospéra au delà de nos espérance.

· Tout va selon que vous le désirez.
Réponse : Tout va selon vos désirs.

· Ces doctrines méritent que nous les réprouvions.
Réponse : Ces doctrines méritent notre réprobations.

· Je me réjouis que vous réussissiez.
Réponse : Je me réjouis de votre succès.

· On admet que cette lettre est authentique.
Réponse : On admet l'authenticité de cette lettre.

· Ton petit garçon demande que, lorsque tu reviendras, tu lui rapportes
quelque chose.
Réponse : Ton petit garçon réclame un cadeau à ton retour.

· Rome permit que les Lyciens se gouvernassent par leurs propres lois.
Réponse : Rome accorda aux Lyciens l'autonomie.
* * * *
Dans les phrases suivantes, supprimer les deux conjonctions au moyen de deux
substantifs, l'un sujet, l'autre complément :

· Il est indispensable que la question se règle avant que votre bail expire.
Réponse : Le règlement de la question s'impose avant l'expiration de votre
bail.

· Pour que l'emprunt soit complètement remboursé, il faudra que les Chambres
ouvrent un crédit spécial.
Réponse : Le remboursement complet de l'emprunt exigera des Chambres
l'ouverture d'un crédit spécial.

· S'il est fort, c'est parce que votre nom influe en sa faveur.
Réponse : Sa force tient à l'influence de votre nom.

· Lorsque je regarde vos dévastations, je comprends que toute votre gloire
n'est rien.
Réponse : Le spectacle de vos dévastations me montre le néant de toute votre
gloire.

· Quand je lis attentivement ces pièces, je reconnais malgré tout que c'est
à bon droit qu'on vous a condamné.
Réponse : La lecture attentive de ces pièces me prouve malgré tout la
justice de votre condamnation.
* * * *

Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction de subordination par
l'emploi de la forme expositive impérative :

· Lorsque vous lui aurez écrit, il accourra.
Réponse : Écrivez-lui, il accourra.

· Lorsque tu auras reçu mon messager, tu verras ce que tu auras à faire.
Réponse : Reçois d'abord mon messager, tu verras ce que tu auras à faire.

· Bien qu'on vous critique, il est bon que vous poursuiviez votre ouvrage,
et il n'est pas douteux que vous ne réussissiez.
Réponse : Moquez-vous des critiques, poursuivez votre ouvrage, et soyez sûr
du succès.

· Le savoir a son prix, quoi qu'en disent les sots.
Réponse : Laissez dire les sots, le savoir a son prix (La Fontaine).

· Je tiens à ce que vous marchiez plus vite.
Réponse : Marchez plus vite, j'y tiens.

· Mon ami, je désirerais que vous portassiez ces lettres à la poste.
Réponse : Mon ami, veuillez porter ces lettres à la poste.

· Pour qu'on ne se glorifie pas des avantages d'autrui, mais plutôt qu'on
mène une vie conforme à sa condition, Esope nous a transmis cet exemple.
Réponse : Ne vous glorifiez pas des avantages d'autrui, mais plutôt menez
une vie conforme à votre condition. Voici, à ce sujet, un exemple transmis
pas Esope.
* * * *

Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction de subordination par
l'emploi de la forme expositive exclamative :

· Je vous croyais mon ennemi ; je vois que je me trompais grossièrement.
Réponse : Je vous croyais mon ennemi. Quelle erreur !

· Telle est son impudence qu'il ose vous accuser.
Réponse : Quelle impudence ! Il ose vous accuser.

· Il faut avouer que les peuples ainsi gouvernés sont heureux.
Réponse : Heureux les peuples ainsi gouvernés !

· Si l'on s'adonne aux mauvaises lectures, il est impossible qu'on reste
vertueux.
Réponse : Si l'on s'adonne aux mauvaises lectures, adieu la vertu !

· Ces âmes sont tellement aveuglées par l'orgueil qu'elles ne veulent
demander aucune consolation.
Réponse : O aveuglement de l'orgueil ! Ces âmes ne veulent demander aucune
consolation.

· Je remercie Dieu de ce que je revois enfin mon village et mes vieux
parents.
Réponse : Dieu soit loué ! Je revois enfin mon village et mes vieux parents.

· Il faut que vous preniez patience et que vous ayez du courage. Vous
réussirez.
Réponse : Patience et courage ! Vous réussirez.

· Maintenant il est tombé au point que de millionnaire il est devenu simple
domestique.
Réponse : Quelle chute ! Le voilà, de millionnaire, devenu simple
domestique.
* * * *

COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS CONCESSIVES, QUOIQUE, BIEN QUE, ENCORE
QUE.

Pour supprimer les conjonctions quoique, bien que, encore que :

- Employez les préposition contre (obstacle idéal ou moral) ; malgré
(obstacle de fait) ; ou la locution prépositive en dépit de (s'il s'agit
d'une opposition qu'on affecte de mépriser).

- On peut aussi se servir de l'expression avoir beau suivie de l'infinitif.

- On place en tête de la proposition principale l'une des locutions mais
pourtant, mais cependant, et néanmoins, toutefois.

Il va sans dire qu'on peut sous-entendre mais devant pourtant, cependant,
sous-entendre et devant néanmoins, toutefois. Dans ce cas, l'opposition se
marque avec moins d'énergie.

Cependant, pourtant contribuent à détruire ce qui vient d'être dit ; ils
marquent une contradiction. Néanmoins, toutefois marquent une simple
modification, qui ne va pas jusqu'à supprimer la proposition antécédente.
Cependant, moins absolu que pourtant, affirme seulement contre les
apparences contraires. Néanmoins renchérit un peu sur toutefois. Il pose une
assertion en face d'une autre, et maintient celle-là comme celle-ci.
Toutefois se borne à poser une exception à côté de la règle.

- On supprime quoique, bien que, en tête de la subordonnée. Au besoin, on
intervertit l'ordre des deux propositions.

- Si les deux propositions ont le même sujet, et que la principale soit
négative ou restrictive, on peut remplacer quoique, bien que, par le mot
pour suivi de l'infinitif.

- Bien que, quoique, ne peut pas, dans certains cas, céder la place à la
préposition sans suivie d'un verbe à l'infinitif présent ou passé (ce
changement nécessite parfois celui du verbe).
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer les conjonctions quoique, bien que,
encore que, par les prépositions contre, malgré, en dépit de :


· Il s'y est décidé bien que je fusse d'avis contraire.
Réponse : Il s'y est décidé contre mon avis.

· Aujourd'hui il travaille, bien qu'il soit habitué à ne pas le faire.
Réponse : Aujourd'hui il travaille, contre son habitude.

· Il sera élu, quoiqu'il ne soit pas ici.
Réponse : Il sera élu, malgré son absence.

· Quoique je désire vivement vous accompagner, je suis retenu chez moi par
mes affaires.
Réponse : Malgré mon vif désir de vous accompagner, je suis retenu chez moi
par mes affaires.

· Bien que toutes les lois le défendissent et que le Sénat s'y opposât, il
reçut du peuple deux consulats consécutifs.
Réponse : Contre toutes les lois et malgré le Sénat, il reçut du peuple deux
consulats consécutifs.

· Bien que la calomnie vous ait attaqué, votre honneur reste intact.
Réponse : En dépit de la calomnie, votre honneur reste intact.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les conjonctions QUOIQUE, BIEN QUE,
par la préposition AVOIR BEAU suivi de l'infinitif :

· Bien qu'il se remue, il échouera.
Réponse : Il a beau se remuer, il échouera.

· Quoiqu'on lui donne beaucoup, il n'a jamais rien.
Réponse : On a beau lui donner, il n'a jamais rien.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUOIQUE, BIEN QUE, par le mot POUR
suivi de l'infinitif :

· Vous êtes bien ignorants, quoique vous ayez tant étudié.
Réponse : Vous êtes bien ignorants, pour avoir tant étudié.

· Bien qu'il ait accompli de si belles actions, il se défend avec peu de
courage.
Réponse : Pour avoir accompli de si belles actions, il se défend avec peu de
courage.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS CAUSALES DE SUBORDINATION, PARCE QUE,
COMME, ATTENDU QUE, VU QUE.

- Aux conjonctions causales de subordination on substitue parfois une
préposition suivie d'un substantif : à, par, sur, devant, en, vu, attendu,
sous, grâce à (cette dernière se prend toujours en bonne part).

- Si la proposition subordonnée précède la principale, on supprime la
conjonction causale en tête de la première, et l'on place en tête de la
seconde la conjonction de coordination aussi.

- Si la subordonnée a le même sujet que la principale et marque un fait
antérieur, la conjonction causale peut céder la place à la préposition pour
suivie du passé de l'infinitif.

- Si la subordonnée suit la principale, il suffit parfois de substituer à la
conjonction causale les deux points, signe de ponctuation qui équivaut alors
à voici pourquoi.

- Si la subordonnée suit la principale, a-t-on le droit de substituer un car
à un parce que ? En principe, non. Ces deux termes ne sont pas synonymes.

Parce que est une conjonction causale explicative, annonçant le pourquoi
d'un fait.
Car est une conjonction causale démonstrative, annonçant le preuve d'une
assertion ; elle sert à convaincre.

Si donc on vise à une propriété rigoureuse d'expression, s'il s'agit, par
exemple, de motiver un fait, soit en histoire, soit dans les sciences
physiques ou naturelles, le mot car ne saurait sans impropriété remplacer la
conjonction parce que.

Ainsi l'on dira : L'éther soulage la douleur d'une brûlure parce qu'il se
vaporise très promptement.
Ici la conjonction annonce qu'on va rendre raison dudit phénomène.
Le rapport des idées ne serait plus le même sous cette autre formule.
Ici la conjonction tend à établir que vraiment l'éther soulage la douleur en
question. Démonstration parfaitement inutile pour un fait d'observation
journalière.
Néanmoins la conjonction parce que se prend quelquefois par extension pour
signifier la confirmation de ce qui a été avancé. Dès lors on la remplace
avantageusement par un car.

- Parce que.ne pas se remplace souvent par la locution faute de, suivie d'un
infinitif ou d'un substantif.
* * * *

Aux conjonctions causales de subordination suivantes, substituer une
préposition suivie d'un substantif :

· Nous sommes ici parce que le peuple le veut.
Réponse : Nous sommes ici par la volonté du peuple.

· Je le crois parce que vous le dites.
Réponse : Je le crois sur votre parole.

· Je le sais parce que je l'ai éprouvé.
Réponse : Je le sais par expérience.

· Comme il insistait, je ne savais que décider.
Réponse : Devant son insistance je ne savais que décider.

· Il ouvrit ce cahier parce qu'il n'avait rien à faire.
Réponse : Il ouvrit ce cahier par désouvrement.

· La confiance renaît parce qu'il est probable qu'on aura une bonne récolte.
Réponse : La confiance renaît sur la perspective d'une bonne récolte.

· Parce que vous m'avez prêté votre concours, j'ai réussi.
Réponse : Grâce à votre concours j'ai réussi.

· On l'a mis en retraite parce qu'il l'a demandé.
Réponse : On l'a mis en retraite sur sa demande.

· Vous avez agi parce que les circonstances vous y ont contraint.
Réponse : Vous avez agi sous la pression des circonstances.

· Il a mérité sa grâce parce qu'il s'est repenti.
Réponse : Il a mérité sa grâce par son repentir.
* * * *

À la proposition subordonnée précédant la principale, supprimer la
conjonction causale en tête de la première, et placer en tête de la seconde
la conjonction de coordination AUSSI :

· Parce que je suis tombé dans la misère, mes faux amis m'ont abandonné.
Réponse : Je suis tombé dans la misère, aussi mes faux amis m'ont abandonné.

· Comme la récolte est bonne, mes dettes seront payées.
Réponse : La récolte est bonne ; aussi mes dettes seront payées.

· Parce qu'il travaille, il fait des progrès.
Réponse : Il travaille, aussi fait-il des progrès.

· Parce qu'on apprécie peu la valeur du temps, on le prodigue.
Réponse : On apprécie peu la valeur du temps ; aussi le prodigue-t-on.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer la conjonction causale par la
préposition POUR suivie du passé de l'infinitif :

· Il a échoué parce qu'il avait négligé la géographie.
Réponse : Il a échoué pour avoir négligé la géographie.

· Je le sais parce que je l'ai éprouvé.
Réponse : Je le sais pour l'avoir éprouvé.

· Ils ont vaincu parce qu'ils s'étaient crus vainqueurs.
Réponse : Ils ont vaincu pour s'être crus vainqueurs.

· Il perd la tête parce qu'il a gagné un peu d'argent.
Réponse : Il perd la tête pour avoir gagné un peu d'argent.

· Parce qu'il a écrit quelques odes plutôt médiocres, il se croit un grand
poète.
Réponse : Pour avoir écrit quelques odes plutôt médiocres, il se croit un
grand poète.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer à la conjonction causale les deux
points :

· Je le crains, parce qu'il es perfide.
Réponse : Je le crains : il est perfide.

· Je suis pauvre, parce que la guerre m'a ruiné.
Réponse : Je suis pauvre : la guerre m'a ruiné.

· Nous nous regardions interdits et désolés, parce que le feu était si
ardent qu'on n'osait en approcher.
Réponse : Nous nous regardions interdits et désolés : le feu était si ardent
qu'on n'osait en approcher.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer PARCE QUE. NE PAS par la locution
FAUTE DE suivie d'un infinitif ou d'un substantif :

· Parce qu'il ne me connaît pas, il s'emporte, il s'égare.
Réponse : Faute de me connaître, il s'emporte, il s'égare (Corneille).

· Il a échoué parce qu'il n'avait pas d'argent.
Réponse : Il a échoué faute d'argent.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS TEMPORELLES QUAND, LORSQUE, DÈS QUE,
ETC.

1. On les remplace par la locution prépositive lors de, suivie d'un
substantif.

2. On emploie l'une des prépositions à, pendant, dès, dans, en, sous suivie
d'un substantif.

3. À une proposition commençant par lorsque, quand, on substitue parfois un
participe passé ou même une proposition participe, avec ou sans la locution
une fois (évitez les ayant, les étant, et en général les participes
présents).

4. Devant un passé composé antérieur ou un futur antérieur, la conjonction
lorsque (quand) peut quelquefois céder la place à la préposition après,
suivie d'un nom abstrait ou d'un verbe à l'infinitif passé.

5. Pour supprimer quand on en tête d'une phrase, mettez le verbe suivant à
l'infinitif - mettez aussi à l'infinitif le verbe de la proposition
principale - puis unissez les deux membres de phrase par c'est.

6. Parfois la proposition qui commence par les mots quand on, se remplace
par un substantif sujet, suivi ou non d'un complément.

7. Quand même (quand bien même), avec le conditionnel présent ou passé, se
supprime sans la moindre difficulté : il suffit d'employer l'imparfait ou le
plus-que-parfait du subjonctif sous la forme interrogative.

8. Quand bien même il faudrait. se remplace bien, dans certaines
constructions, par l'expression sauf à, quitte à suivie de l'infinitif.
* * * *
Substituer aux conjonctions temporelles la locution prépositive LORS DE,
suivi d'un substantif :

· Lorsqu'il naquit.
Réponse : Lors de sa naissance.

· Lorsqu'il se maria.
Réponse : Lors de son mariage.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer aux conjonctions temporelles par une
préposition suivi d'un substantif :

· Lorsqu'il entendit ces mots, il se troubla.
Réponse : À ces mots, il se troubla.

· Les mots viennent tout seuls lorsque le talent les appelle.
Réponse : Les mots viennent tout seuls à l'appelle du talent.

· Je l'ai trouvée mieux que quand elle est partie.
Réponse : Je l'ai trouvée mieux qu'à son départ.

· Quand il fait très chaud, nous habitons ce cottage.
Réponse : Dans les grandes chaleurs, nous habitons ce cottage.

· Lorsque nous dormons, notre imagination bat la campagne.
Réponse : Pendant le sommeil, notre imagination bat la campagne.

· Nous soignerons nos parents, lorsqu'ils seront devenus vieux.
Réponse : Nous soignerons nos parents, pendant leur vieillesse.

· Dès qu'il fut revenu, il vint me trouver.
Réponse : Dès son retour, il vint me trouver.

· Je ne puis être heureux lorsque mon ennemi m'opprime.
Réponse : Je ne puis être heureux sous l'oppression de mon ennemi.
* * * *
Substituer la proposition par un participe passé ou une proposition
participe, avec ou sans la locution UNE FOIS :

· Quand ils furent délivrés des barbares, les Italiens.
Réponse : Une fois délivrés des barbares, les Italiens.

· Quand les oiseaux sont en liberté, ils trouvent toujours de quoi se
nourrir.
Réponse : Laissés en liberté, les oiseaux trouvent toujours de quoi se
nourrir.

· Lorsque je serai parti, je ne reviendrai plus.
Réponse : Une fois parti, je ne reviendrai plus.

· Lorsque la bataille sera engagée, j'accourrai à votre aide.
Réponse : Une fois la bataille engagée, j'accourrai à votre aide.

· Lorsqu'il eut pris sa résolution, il.
Réponse : Une fois sa résolution prise, il.
* * * *
Substituer la conjonction LORSQUE et QUAND par la préposition APRÈS suivi
d'un nom abstrait ou d'un verbe à l'infinitif passé :

· Lorsque la loi eut été adoptée.
Réponse : Après l'adoption de la loi.

· Quand la ville eut été prise et détruite.
Réponse : Après la prise et la destruction de la ville.

· On ne connaît un homme que lorsqu'on l'a étudié par soi-même.
Réponse : On ne connaît un homme qu'après l'avoir étudié par soi-même.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer la proposition par un substantif
sujet, suivi ou non d'un complément :

· Quand on fait des lois, on ne doit s'inspirer que de l'intérêt général.
Réponse : Le législateur ne doit s'inspirer que de l'intérêt général.

· Quand on est absent, on a toujours tort.
Réponse : Les absents ont toujours tort.

· Quand on est vertueux, on combat continuellement.
Réponse : La vertu est un combat continuel.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS SI, POURVU QUE.

La conjonction si n'a rien de lourd par elle-même, mais elle peut
occasionner des lourdeurs : tantôt elle s'enchevêtre avec d'autres
conjonctions de subordination, tantôt elle amène un verbe qui traîne avec
soi tout un cortège de pronoms et d'adverbes.

1. On la remplace par la locution en cas de, suivi d'un substantif.

2. Devant une principale dont le verbe est à l'indicatif, la conditionnelle
cède volontiers la place, en tête de la phrase, à une proposition de forme
interrogative.

3. Quelquefois une subordonnée commençant par si l'on peut se remplacer par
un infinitif avec la préposition à.

4. Dans certains cas, on peut substituer à une proposition conditionnelle un
simple participe (dit participe hypothétique). Il qualifie toujours le sujet
de la phrase.

5. Ainsi qu'on l'a vu plus haut (procédés généraux), certaines propositions
conditionnelles cèdent aisément la place à un impératif.

6. Si ne. se remplace aisément (sauf exceptions) par la préposition sans et
un substantif.

7. Quand à la conjonction pourvu que, on y substitue quelquefois la
préposition moyennant suivie d'un substantif.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la conjonction par la locution EN CAS
DE, suivi d'un substantif :

· S'il arrive un malheur, je vous aiderai.
Réponse : En cas de malheur, je vous aiderai.

· S'il survient une faillite, vous êtes couvert.
Réponse : En cas de faillit, vous êtes couvert.

· S'il survient un incendie, vous me préviendrez.
Réponse : En cas d'incendie, vous me préviendrez.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la conjonction par une proposition de
forme interrogative :

· S'il a besoin d'argent, il vient me trouver.
Réponse : A-t-il besoin d'argent, il vient me trouver.

· S'il garde le silence, vous haussez les épaules.
Réponse : Garde-t-il le silence, vous haussez les épaules.

· Si l'on trouvait quelque chose de gâté, on s'en prenait à lui.
Réponse : Trouvait-on quelque chose de gâté, on s'en prenait à lui.

· Si les oies et les sarcelles arrivaient en abondance, on savait que
l'hiver serait long.
Réponse : Les oies et les sarcelles arrivaient-elles en abondance, on savait
que l'hiver serait long.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer la subordonnée par un infinitif avec
la préposition À :

· Si l'on en juge par ses plaintes, il ne put jamais se résigner à l'exil.
Réponse : À en juger par ses plaintes, il ne put jamais se résigner à
l'exil.

· Le mensonge éclate, si l'on examine bien la situation.
Réponse : Le mensonge éclate, à bien examiner la situation.

· Si on l'entend parler, on le croit savant.
Réponse : À l'entendre parler, on le croit savant.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer à une proposition conditionnelle un
simple participe :

· Sa vertu n'est rien, s'il faut la comparer à la vôtre.
Réponse : Sa vertu n'est rien, comparée à la vôtre.

· Il ne reviendra ici que si on l'a payé.
Réponse : Il ne reviendra ici qu'une fois payé.

· Si on l'accuse, il fuira.
Réponse : Accusé, il fuira.

· Si vous l'attachiez à votre service, il vous donnerait toute satisfaction.
Réponse : Attaché à votre service, il vous donnerait toute satisfaction.

· S'il devait comparaître en justice, il serait moins effronté.
Réponse : Traduit en justice, il serait moins effronté.
* * * *

Substituer par un impératif les propositions conditionnelles dans les
phrases suivantes :

· Si vous lisez Homère, vous êtes charmé.
Réponse : Lisez Homère, vous êtes charmé.

· Si vous interrogez les sages, ils vous diront tous que le bonheur est dans
la vertu.
Réponse : Interrogez les sages, ils vous diront tous que le bonheur est dans
la vertu.
* * * *

COMMENT ON SUPPRIME LA LOCUTION NE.QUE.

À la locution ne.que il est souvent aisé de substituer l'un des verbes
suivants :
Borner, renfermer, restreindre, réserver, se contenter de, s'en tenir à,
s'arrêter à.

Et quelquefois : se cantonner dans, localiser dans, circonscrire dans.

Pour supprimer un ne.que, on emploie aussi l'un des adjectifs seul, unique,
exclusif.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la locution NE.QUE par un verbe
approprié :

· Nous devons ne donner que quelques préceptes.
Réponse : Nous devons nous borner à quelques préceptes.

· Ces poètes n'ont étudié que le cour humain.
Réponse : Ces poètes se sont renfermés dans l'étude du cour humain.

· La Fontaine n'applique cette fable qu'aux petits souverains qui prennent
les rois pour arbitres.
Réponse : La Fontaine restreint l'application de cette fable aux petits
souverains qui prennent les rois pour arbitres.

· Souvent un père n'inflige qu'une punition légère.
Réponse : Souvent un père se contente d'une punition légère.

· Si cette maison ne disposait que de ses propres ressources, elle ne
tiendrait pas longtemps.
Réponse : Limitée à ses propres ressources, cette maison ne tiendrait pas
longtemps.

· On fera en sorte que l'épidémie n'atteigne que ce village.
Réponse : On fera en sorte de localiser l'épidémie dans ce village.
* * * *
Supprimer la locution NE. QUE par un des adjectifs suivant : seul, unique,
exclusif, dans les phrases suivantes :

· Il n'y a que vous dans la famille qui me refusiez votre adhésion.
Réponse : Seul dans la famille vous me refusez votre adhésion.

· On ne peut me reprocher qu'une chose, c'est d'y voir clair la nuit.
Réponse : Mon seul tort est d'y voir clair la nuit.

· Je vois qu'il n'y a que vous qui me souteniez.
Réponse : Je vois en vous mon unique soutien.

· Vous empiétez sur des attributions qui n'appartiennent qu'à l'autorité
municipale.
Réponse : Vous empiétez sur les attributions exclusives de l'autorité
municipale.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LE QUE CONSÉCUTIF.

Le que dit consécutif fait suite à l'un des adverbes tellement, tant, si.

Voici quelques moyens de l'éliminer et de supprimer avec lui, dans la
plupart des cas, l'adverbe dont il dépend :

1. Jusqu'à suivi de l'infinitif (ou parfois d'un substantif).
2. Au point de suivi de l'infinitif.
3. (Quelquefois) Assez pour, suivi de l'infinitif.
4. On intervertit l'ordre des deux propositions : la première, rejetée au
bout de la période et devenue exclamative, commence par l'adverbe tant, le
que disparaît. Ce genre d'exclamation prend le nom d'épiphonèmène.

Remarque : Évidemment l'application de ces divers procédés exige l'unité du
sujet pour les deux propositions. De là quelquefois la nécessité de changer
le second verbe.
* * * *
Substituer le QUE consécutif par la préposition JUSQU'À suivi de l'infinitif
(ou parfois d'un substantif) dans les phrases suivantes :

· L'Homme-Dieu nous a tellement aimés qu'il est mort pour nous.
Réponse : L'Homme-Dieu nous a aimés jusqu'à mourir pour nous.

· Ces pauvres femmes seront si alarmées qu'elles perdront l'esprit.
Réponse : Ces pauvres femmes seront alarmées jusqu'à perdre l'esprit.

· Cet enfant courra tant qu'il tombera épuisé.
Réponse : Cet enfant courra jusqu'à tomber épuisé.

· Un style si grandiose qu'il en devient emphatique.
Réponse : Un style grandiose jusqu'à l'emphase.
* * * *

Substituer le QUE consécutif en le remplaçant par AU POINT DE, suivi de
l'infinitif dans les phrases suivantes :

· Je sais que vous l'avez tant estimé que vous lui avez confié votre fortune
tout entière.
Réponse : Je sais que vous l'avez estimé au point de lui confier votre
fortune tout entière.

· On dit qu'il est si riche qu'il ignore le montant de sa fortune.
Réponse : On le dit riche au point d'ignorer le montant de sa fortune.

· Je crains que mon fils ne se montre tellement paresseux qu'il exaspère
tous ses maîtres.
Réponse : Je crains que mon fils ne se montre paresseux au point d'exaspérer
tous ses maîtres.
* * * *

Substituer le QUE consécutif en le remplaçant par ASSEZ POUR, suivi de
l'infinitif dans les phrases suivantes :

· Cet avocat avait tant de mémoire qu'il se rappelait toutes les paroles de
ses adversaires.
Réponse : Cet avocat avait assez de mémoire pour se rappeler toutes les
paroles des ses adversaires.

· Quel est l'homme tellement misérable qu'il ne se ressente pas de la
munificence de Dieu ?
Réponse : Quel est l'homme assez misérable pour ne pas se ressentir de la
munificence de Dieu ?

· Avez-vous donc tant de loisir que vous puissiez vous occuper des affaires
d'autrui ?
Réponse : Avez-vous donc assez de loisir pour vous occuper des affaires
d'autrui ?

· L'esprit humain n'est jamais si subtil qu'il puisse pénétrer le ciel et la
terre.
Réponse : L'esprit humain n'est jamais assez subtil pour pénétrer le ciel et
la terre.
* * * *
La_stylistique_francaise_par_E_Legrand
(http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Style)
STYLISTIQUE FRANÇAISE

Source : E. Legrand, Stylistique Française, 4e édition, J. de Gigord,
Éditeur, Paris, 1928. Extraits.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES
Pour établir les principes qui serviront de base à notre méthode, nous
étudierons successivement :

· Les conditions essentielles du style littéraire;
· Les caractères spéciaux de la langue française.

Distinguons d'abord le style scientifique du style littéraire, l'objet
particulier de nos études.
Le premier s'adresse avant tout à la raison. Il a pour qualités nécessaires
et suffisantes la clarté et la précision.

Exemple et modèle : Claude Bernard.
Le second s'adresse en outre à l'imagination et au sentiment musical. À la
clarté et à la précision il joint la couleur et l'harmonie, ses deux
qualités distinctives. Il offre à l'imagination une galerie de peintures et
à l'oreille " un heureux choix de mots harmonieux ".
Exemple et modèle : Chateaubriand.
Telles sont en deux mots les notions fondamentales dont il faut s'inspirer
pour apprendre l'art d'écrire.
Voyons comment on réussit à les appliquer.

A) Couleur.

Mme de Sévigné disait de La Fontaine : Cela est peint. Magnifique éloge, et
digne de tenter quiconque aspire à un certain talent de plume.
Pour bien peindre, que faut-il? Où sont les ressources? Où sont les
obstacles?
Tous les mots, quels qu'ils soient, peuvent à l'occasion trouver place dans
certaines combinaisons de nature à faire image. Néanmoins il existe des
termes incolores par eux-mêmes. Ce sont :

1. les verbes et substantifs d'un sens très-étendu, tels que chose, hommes,
gens, personnes, faire, dire, meure, avoir, dire, mettre, avoir,
être.Expressions fort vagues de leur nature, oblitérées par un usage voisin
de l'abus, maintenant réduites à l'état de médailles frustes.

2. le pronom (qui représente le substantif à peu près comme un morceau de
carton tient lieu d'une pièce d'or).

3. les mots invariables, notamment les adverbes et les conjonctions.

De toute évidence, nul ne saurait se passer de tels mots, si ternes qu'on
les trouve, mais le véritable écrivain en usera avec réserve, les enchâssera
avec adresse, travaillera à en réduire le nombre, supprimera les uns,
remplacera les autres. Il s'entend d'ailleurs à butiner dans les régions du
vocabulaire où fleurit le pittoresque. Ici les ressources ne sauraient lui
manquer : substantifs d'une portée suffisamment précise, adjectifs
qualificatifs, verbes et surtout verbes intransitifs, participes adjectifs
s'offriront à l'envi pour enrichir sa palette des teintes les plus
brillantes et les plus variées.

Remarque. - La préposition, exprimant un simple rapport, serait-elle plus
colorée que l'adverbe ou la conjonction? Nullement. Toutefois, " parmi les
termes de rapport, les prépositions trouvent grâce, petits mots de quelques
lettres qui, en un clin d'oil, peuvent accrocher des substantifs et toute
une bande d'adjectifs ou de participes ". (Lanson.)
Aussi remplace-t-on avec avantage une conjonction par une préposition.
(Surtout une conjonction subordonnante.)

B) Harmonie.

En second lieu, rappelez-vous qu'en prose comme en vers,
La plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée. (Boileau.)

Nombreux et variés sont les obstacles à l'euphonie. Contentons-nous d'en
signaler deux, les plus difficiles à éviter :
L'accumulation des gutturales (qui, que, quoique, en cas que, etc.) ;
L'abus des terminaisons nasales (participes présents - adverbes en ment).

Nous n'envisageons ici que l'harmonie dite mécanique. Il en est une d'un
ordre supérieur, celle qui consiste à peindre par les sous. Elle relève
avant tout d'un sens littéraire délicat et se dérobe à toute espèce de
théorie.

Si maintenant on examine les caractères spéciaux de la langue française, on
aboutit par des voies toutes différentes à des conclusions sinon pareilles,
du moins analogues, en fait de procédés pratiques.

Commençons par énoncer un principe général.
Parmi les dix parties du discours, les deux principales, le substantif et le
verbe, constituent, de par les lois mêmes de la pensée, deux centres
d'attraction. Il semble que tous les mots d'un idiome se trouvent partagés
en deux chours, chargés d'exécuter les deux parties d'une symphonie, sous la
direction de deux coryphées, le substantif et le verbe.

Le substantif groupe autour de lui :
1. L'article (défini ou indéfini).
2. Un autre substantif (en apposition).
3. L'adjectif.
4. La préposition.

Le verbe, de son côté, tient sous sa dépendance :
1. Le pronom, suppléant du substantif auprès du verbe.
2. L'adverbe, autrement dit l'adjectif du verbe.
3. La conjonction, qui relie deux propositions et par conséquent deux
verbes.

Cela posé, voici un fait d'une importance capitale :
A la différence du latin, notre langue tend à faire prédominer sur le verbe
et son groupe le substantif et son groupe.

Pour en donner un exemple frappant, il nous suffira d'un parallèle entre
deux petites phrases.
On parle d'accusés qui d'abord s'étaient refusés à tout aveu .....
Ils cédèrent parce qu'on leur promit formellement qu'ils ne seraient pas
punis.
Style écolier. C'est lourd et peu français.

Autre rédaction :
Ils cédèrent à une promesse formelle d'impunité.
Progrès incontestable. C'est ferme, élégant, définitif.
Que s'est-il donc passé? D'où provient l'amélioration?
La première formule comprend trois verbes : cédèrent - promit - seraient
punis.
La seconde n'en comprend qu'un : cédèrent.
Le verbe promit s'environne d'un assez nombreux cortège. On y trouve :
Une conjonction, parce que - deux pronoms, on, leur - un adverbe,
formellement.
A son tour, le verbe passif seraient punis traîne avec soi :
La conjonction que;
Le pronom ils; - l'adverbe négatif ne pas.

Dans la seconde rédaction, le substantif promesse, substitué an verbe
promit, se présente accompagné de la préposition à - de l'article indéfini
une - et de l'adjectif formelle.

Quant au substantif impunité, tenant lieu du verbe passif, il prend comme
introductrice la préposition de, et contient un préfixe privatif,
l'équivalent de l'adverbe ne pas.
Somme toute, qu'a-t-on changé? Par deux fois on a remplacé le verbe et sa
suite par le substantif et ses satellites grammaticaux
Qu'en est-il résulté? Une tournure vraiment française.

En résumé, n'employez qu'avec réserve les pronoms, les adverbes, les
conjonctions, les verbes être, avoir, faire, dire, etc. et autres platitudes
analogues, qui viennent d'elles-mêmes se jeter sous la plume, comme pour
dispenser l'écrivain novice de courir à la recherche du mot propre ou du
tour élégant.
Que l'on nous comprenne bien.
Après tout, les termes en question demeurent indispensables dans la langue.
Prétendre les frapper d'interdiction serait puéril, voire même insensé.
Par contre, il importe au dernier point d'en éviter l'abus.
Accumulez dans une période de cinq lignes trois qui, autant de que, un
puisque, un lorsque, un quoique, quatre adverbes en ment, deux participes
présents, deux fois le verbe être, deux fois le verbe faire, deux fois le
verbe avoir. Qu'obtenez-vous? Une phrase dissonante, lourde, fastidieuse à
lire, voisine du galimatias, une malheureuse phrase où foisonnent les
scories.

" Que trouver à leur place? " gémira tel élève. Ai-je donc tant d'autres
mots à ma disposition?" Questions toutes naturelles. Souvent l'enseignement
du style se condamne à rester négatif. Trop soigneux de proscrire ce qu'il
ne faut pas mettre, il oublie de prescrire ce qu'il faut mettre.
Ce petit ouvrage vise un double objectif :
Indiquer aux apprentis écrivains les procédés à suivre pour se corriger de
tous les défauts précités;
Leur fournir un répertoire de mots et d'expressions nécessaires pour
l'application de ces procédés.
Il y a plus. A force de voir, dans les listes ci-après, un seul et même
terme successivement remplacé par tant d'autres appropriés au contexte, on
acquerra peu à peu, avec l'art délicat des nuances, le sens du mot juste
autant que pittoresque, et l'on comprendra par expérience la profonde vérité
de cette réflexion de La Bruyère : " Entre toutes les différentes
expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n'y en a qu'une
qui soit la bonne. "
N'exagérons rien. Les connaissances qu'on puisera dans ce cours sont
précieuses, pour ne pas dire essentielles. Suffiront-elles à former le
parfait écrivain? Non. Elles constituent la technique élémentaire de l'art
d'écrire. Or des procédés de style, si ingénieux qu'on les suppose, ne
suppléeront jamais à la formation du goût par l'étude. approfondie des
modèles.
Pourquoi donc?
Impossible d'assimiler en rien les préceptes littéraires aux règles
d'arithmétique. Celles-ci demeurent toujours applicables, mais non pas
ceux-là. Seul un goût délicat et suffisamment exercé discerne à coup sûr les
cas particuliers où tel procédé de style, d'ailleurs recommandable en
lui-même, deviendrait choquant ou du moins compromettrait l'effet à
produire.
Exemple : Au troisième acte d'Athalie, Mathan, de la part de la reine, vient
solliciter de Josabeth un entretien où il la sommera de livrer le petit
Joas. Il débute sur un ton mielleux, affectant de parler comme s'il ne
demandait presque rien :

De votre obéissance elle ne veut qu'un gage :
C'est, pour l'en détourner j'ai fait ce que j'ai pu,
Cet enfant sans parents, qu'elle dit qu'elle a vu.

Ici certains commentateurs s'indignent et se récrient : Vers prosaïque et
lourd. - Disgracieuse cacophonie. Ici Louis Racine lui-même se mêle de
corriger son père : "J'aimerais mieux: Qu'elle dit avoir vu. " Toutes ces
critiques portent à faux, comme le démontre victorieusement M. Jacquinet : "
La construction serait simplifiée, l'effet serait-il le même? -
" Mathan affecte ici de ne mettre aucune passion dans cette affaire; il fait
le désintéressé, l'homme qui, par obéissance de sujet, et dans l'intérêt
même de ceux qu'il vient trouver, s'acquitte d'une mission. Il feint en même
temps de considérer comme facile et de peu de prix le sacrifice par lequel
il conseille hypocritement à Josabeth d'acheter la paix. De là cette façon
sommaire et dédaigneusement indifférente de désigner Eliacin et de rappeler
l'entrevue de l'enfant avec la reine. Ce qu'elle dit qu'elle a vu, non
seulement par le vague calculé des mots, mais par la négligence même du
tour, est une adresse de plus. "
Autre exemple : On conseille avec raison de ne jamais terminer une phrase
sur un mot banal et sans portée. Or nous trouvons dans la Fontaine :
Est-il aucun moment
Qui vous puisse assurer d'un second seulement ?

Cet adverbe seulement, objectera-t-on, fait une piètre figure au bout de ce
vers.
Erreur. Il y exprime un grand sens. Comment? Par son insignifiance même.
Rien de plus propre à mettre en lumière le néant de nos espérances
terrestres, trop fragiles pour avoir le droit de compter sur un seul et
unique moment.

Pour conclure, nous dirons aux élèves : Sachez votre stylistique, mais, afin
d'en profiter, sachez aussi votre littérature française. Pénétrez-vous de
nos bons auteurs français, aimez-les, feuilletez-les jour et nuit.
Nocturna versate manu, versate diurna. (Horace.)

* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AUX VERBES ÊTRES, SE TROUVER, IL Y A


On les remplace par un verbe intransitif ou réfléchi de nature à faire
image.
Un mot de cette espèce enrichit l'idée autant qu'il l'exprime.

Remplacer est, se trouve, il y a par un verbe intransitif pris au sens
propre dans les phrases suivantes :

· Au-dessus des nuages il y a un aigle.
Réponse : Au-dessus des nuages plane un aigle.

· Sur un ciel bas et plombé il y a la flèche de la cathédrale.
Réponse : Sur un ciel bas et plombé pointe la flèche de la cathédrale.

· Sur le clocher se trouve un aéroplane.
Réponse : Sur le clocher vole un aéroplane.

· Sur les hauteurs il y a un drapeau.
Réponse : Sur les hauteurs flotte un drapeau.

· Sur cette botte fine il y a un pantalon gris clair.
Réponse : Sur cette botte fine tombe un pantalon gris clair.

· Sous la roue du moulin il y a l'eau mousseuse.
Réponse : Sous la roue du moulin tourbillonne l'eau mousseuse.

· Autour de la pelouse se trouve un large sentier.
Réponse : Autour de la pelouse se trouve un large sentier.

· Sur cette colonne se trouve une vigne sauvage.
Réponse : Sur cette colonne grimpe, rampe une vigne sauvage.

· Sur les murs vermoulus il y a un toit hasardeux.
Réponse : Sur les murs vermoulus branle un toit hasardeux.

· De la porte jusqu'au jardin est un long corridor.
Réponse : De la porte jusqu'au jardin règne un long corridor.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe intransitif pris au sens
figuré dans les phrases suivantes :

· Sur les lèvres décolorées il y a un sourire mélancolique.
Réponse : Sur les lèvres décolorées erre un sourire mélancolique.

· Dans son regard se trouve un pointe de colère.
Réponse : Dans son regard brille un pointe de colère.

· Dans ses écrits il y a encore son éloquence.
Réponse : Dans ses écrits respire encore son éloquence.

· Au fond de votre âme il y a un orage de rancune.
Réponse : Au fond de votre âme gronde un orage de rancune.

· À travers ces récits se trouve une imperceptible ironie.
Réponse : À travers ces récits voltige une imperceptible ironie.

· À travers ces confidences se trouve une pointe de fatuité.
Réponse : À travers ces confidences perce une pointe de fatuité.

· Sur ce beau visage il y a une joie céleste.
Réponse : Sur ce beau visage rayonne une joie céleste.

· Sur le gazon sont les rayons affaiblis de la lune.
Réponse : Sur le gazon dorment les rayons affaiblis de la lune.

· Dans ce monde romain se trouvent mille principes de mort.
Réponse : Dans ce monde romain germent mille principes de mort.

· Au premier rang se trouvent deux grands orateurs.
Réponse : Au premier rang brillent deux grands orateurs.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe réfléchi pris au sens
figuré dans les phrases suivantes :

· À l'occident se trouve une chaîne de montagne.
Réponse : À l'occident se déploie une chaîne de montagne.

· À l'horizon il y a le contour d'un riant coteau.
Réponse : À l'horizon se dessine le contour d'un riant coteau.

· Dans ces eaux transparentes il y a un coin du ciel.
Réponse : Dans ces eaux transparentes se mire un coin du ciel.

· Au pied de la montagne se trouve une vaste plane.
Réponse : Au pied de la montagne s'étend une vaste plane.

· Contre l'arbre il y a une longue échelle.
Réponse : Contre l'arbre s'appuie une longue échelle.

· Au-dessus de la fenêtre se trouve une splendide rosace.
Réponse : Au-dessus de la fenêtre s'épanouit une splendide rosace.

· Sous les ailes de la poule est le poussin.
Réponse : Sous les ailes de la poule s'abrite le poussin.

· À côté de la règle est l'exception.
Réponse : À côté de la règle se place l'exception.

· Au bout de votre ligne il y a un gros poisson.
Réponse : Au bout de votre ligne se débat un gros poisson.

· Autour d'une seule idée est tout le débat.
Réponse : Autour d'une seule idée se circonscrit tout le débat.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe transitif de nature à
faire image dans les phrases suivantes :

· La clarté de la lune est sur les flots.
Réponse : La clarté de la lune argente les flots.

· Un papier jaune se trouve sur le mur de la chambre.
Réponse : Un papier jaune tapisse le mur de la chambre.

· Une statue est sur la colonne.
Réponse : Une statue surmonte la colonne.

· Dans ce mot l'accent se trouve sur la dernière syllabe.
Réponse : Dans ce mot l'accent affecte la dernière syllabe.

· Des draperies de vigne vierge se trouvent sur ces hautes murailles.
Réponse : Des draperies de vigne vierge escaladent ces hautes murailles.

· De hautes montagnes sont sur la surface du globe.
Réponse : De hautes montagnes hérissent la surface du globe.

· Des ponts gigantesques se trouvent sur ce canal.
Réponse : Des ponts gigantesques enjambent ce canal.

· De jolies fleurs sont sur l'autel.
Réponse : De jolies fleurs parent l'autel.

· Des banalités innombrables se trouvent dans cette littérature.
Réponse :Des banalités innombrables encombrent cette littérature.

· L'enthousiasme est dans tous les cours.
Réponse : L'enthousiasme embrase tous les cours.
* * * *

Remarques - Au groupe formé du verbe être et d'un adjectif (ou participe
adjectif) il faut, quand le sens le permet, préférer un verbe avec ou sans
complément.

Employé sans discernement, ce genre de substitution entraînerait, dans
certains cas, d'assez graves impropriétés.

En principe, le groupe formé du verbe être et d'un adjectif attribut marque
une disposition ou qualité permanente, inhérente au sujet, tandis que le
verbe attributif correspondant se borne à désigner un fait, soit durable,
soit purement accidentel et passager.

Exemples :

Cet élève est obéissant (possède la vertu de l'obéissance) ; quant à son
frère, je l'ai jusqu'ici forcé de m'obéir.

Voici un enfant malingre - jusqu'à sa mort, sa santé sera chancelante. -
Votre santé, si longtemps excellente, commençait, depuis quelques jours, à
chanceler.

Le narcisse naturellement est penché au bord des eaux. - Cette année, votre
arbre penche sous le poids de ses fruits.

Quelquefois, on peut, sans la moindre difficulté, supprimer un verbe être, à
condition de rattacher à la proposition suivante, en qualité d'épithètes,
les adjectifs qui le suivaient en qualité d'attributs.

Exemple :

Il était riche, instruit, spirituel, de sorte qu'il se promettait un
brillant avenir.
Dites plutôt : Riche, instruit, spirituel, il se promettait un brillant
avenir.

On verra plus loin, des conjonctions, que, dans certains cas, on élimine un
verbe être en substituant un substantif à l'adjectif attribut.

Exemple :

Comme il était clairvoyant, il pénétrait vos intentions.
Dites plutôt : Sa clairvoyance pénétrait vos intentions.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE AVOIR.


Remplacer le verbe AVOIR par un verbe d'un sens plus précis dans les phrases
suivantes :

· Avoir le second rang.
Réponse : Occuper le second rang.

· Avoir une espérance.
Réponse : Nourrir une espérance.

· Avoir de grandes vertus.
Réponse : Pratiquer de grandes vertus.

· Avoir un langage précis.
Réponse : Parler un langage précis.

· Avoir une mauvaise conduite.
Réponse : Mener une mauvaise conduite.

· On ne saurait rien avoir de cet élève.
Réponse : On ne saurait rien obtenir de cet élève.

· Ce cultivateur compte avoir beaucoup d'avoine cette année.
Réponse : Ce cultivateur compte récolter beaucoup d'avoine cette année.

· Cet arbuste a des fleurs magnifiques.
Réponse : Cet arbuste produit des fleurs magnifiques.

· Personne n'a eu plus d'ennemis que Racine.
Réponse : Personne n'a traîné derrière soi plus d'ennemis que Racine.

· Cet élève eut plusieurs prix.
Réponse : Cet élève remporta plusieurs prix.

Conclusion : Surtout n'abusez pas des temps composés qui nécessitent
l'emploi de l'auxiliaire avoir ; évitez notamment l'accumulation des
plus-que-parfaits ou des conditionnels passés.

Exemple :

Un jour que je l'avais rencontré par hasard et que je l'avais abordé, il me
raconta qu'il avait récemment éprouvé des malheurs, il dit même que ses
parents l'avaient abandonné.

Tous ces avaient sont pourtant faciles à éliminer.
Un jour je le rencontre par hasard. Je l'aborde. Il me raconte ses récents
malheurs; il se dit même abandonné par ses parents.

Autre exemple :

J'aurais pu lui prêter. Il aurait repris courage, se serait lancé dans les
grandes entreprises, aurait travaillé de toutes ses forces, mais finalement
aurait échoué. J'ai eu raison de m'abstenir.

Dites :

Assurément je pouvais lui prêter. Dès lors il reprenait courage, se lançait
dans les grandes entreprises, travaillait de toutes ses forces, mais
finalement échouait. J'ai eu raison de m'abstenir.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE FAIRE

Remplacer le verbe FAIRE par un verbe propre à en spécialiser le sens dans
les phrases suivantes :

· Faire un sillon.
Réponse : Tracer un sillon.

· Se faire des habillements.
Réponse : Se confectionner des habillements.

· Faire d'inutiles efforts.
Réponse : Tenter d'inutiles efforts.

· Faire un projet de loi.
Réponse : Élaborer un projet de loi.

· Faire une longue route.
Réponse : Parcourir une longue route.

· Faire un effort immense.
Réponse : Fournir un effort immense.

· Faire une intrigue.
Réponse : Nouer une intrigue.

· Faire un vilain tour.
Réponse : Jouer un vilain tour.

· Ne pas faire assez attention aux choses du dehors.
Réponse : Ne pas prêter assez d'attention aux choses du dehors.

· Il fut chargé de faire le rapport.
Réponse : Il fut chargé de rédiger le rapport.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE METTRE


Remplacer le verbe METTRE par un verbe à la fois plus précis et plus coloré
dans les phrases suivantes :

· Mettre une échelle contre un mur.
Réponse : Appuyer une échelle contre un mur.

· Mettre un mandat dans une lettre.
Réponse : Insérer un mandat dans une lettre.

· Faire des fruits en compote.
Réponse : Accommoder des fruits en compote.

· Mettre un bonnet vert.
Réponse : Coiffer un bonnet vert.

· Mettre beaucoup de temps à un ouvrage.
Réponse : Consacrer beaucoup de temps à un ouvrage.

· Mettre un lion dans une cage de fer.
Réponse : Renfermer un lion dans une cage de fer.

· Cet écrivain sait mettre sa marque sur le sujet même le plus banal.
Réponse : Cet écrivain sait imprimer sa marque sur le sujet même le plus
banal.

· Mettre en ordre ses affaires.
Réponse : Régler ses affaires.

· Mettre en danger les intérêts d'une nation.
Réponse : Compromettre les intérêts d'une nation.

· Mettre en terre un trésor.
Réponse : Enfouir un trésor.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE DIRE

Remplacer le verbe DIRE par un verbe qui en spécialise le sens dans les
phrases suivantes :

· Dire des mensonges incroyables.
Réponse : Conter des mensonges incroyables.

· Dire un remarquable discours.
Réponse : Prononcer un remarquable discours.

· Dire son avis.
Réponse : Exprimer son avis.

· Dire qu'on ne se trompe jamais.
Réponse : Prétendre qu'on ne se trompe jamais.

· Cet élève dit bien les vers.
Réponse : Cet élève récite bien les vers.

· Cet acteur dit la ruine de Troie.
Réponse : Cet acteur déclame la ruine de Troie.

· L'histoire dit les vertus des grands hommes.
Réponse : L'histoire célèbre les vertus des grands hommes.

· Le médecin dit que votre ami est hors de danger.
Réponse : Le médecin déclare que votre ami est hors de danger.

· Les témoins disent qu'il était encore chez lui à minuit.
Réponse : Les témoins déposent qu'il était encore chez lui à minuit.

· C'est trop peu. Dites un prix raisonnable.
Réponse : C'est trop peu. Offrez un prix raisonnable.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE VOIR

Remplacer le verbe VOIR par un verbe qui en spécialise le sens dans les
phrases suivantes :

· Cet habile physicien sait voir un fait avec toutes ses circonstances.
Réponse : Cet habile physicien sait observer un fait avec toutes ses
circonstances.

· Ces gens sont incapables de voir la beauté de ce vers.
Réponse : Ces gens sont incapables d'apprécier la beauté de ce vers.

· Voyez ce tableau.
Réponse : Regardez ce tableau.

· Voyez à ce que tout soit prêt.
Réponse : Veillez à ce que tout soit prêt.

· Tais-toi, tu n'y vois rien.
Réponse : Tais-toi, tu n'y connais rien.

· Je vois bien ce que vaut ce prétexte.
Réponse : Je comprends bien ce que vaut ce prétexte.

· Je ne vois pas pourquoi tu le favoriserais.
Réponse : Je n'imagine pas pourquoi tu le favoriserais.

· Dieu voit nos vices les plus cachés.
Réponse : Dieu pénètre nos vices les plus cachés.

· Après enquête, le juge voit enfin la réalité du fait.
Réponse : Après enquête, le juge constate enfin la réalité du fait.

· Ce médecin doit voir quatre malades ce matin.
Réponse : Ce médecin doit visiter quatre malade ce matin.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE PASSIF

L'obligation de s'interdire l'abus du verbe être entraîne évidemment celle
d'éviter l'accumulation des formes passives, dont le verbe être fait partie
intégrante ; encore s'y joint-il pour les temps composés un auxiliaire
avoir.

Quels sont donc les succédanés de la voix passive ?

Trop souvent on conseille de tourner le passif par l'actif, en faisant du
sujet le complément, et vice-versa.

Ce moyen présente un grave inconvénient : il tend à bouleverser l'importance
relative des idées.

En tête d'une phrase française, le substantif employé comme sujet se montre
investi d'un incontestable privilège : il met relief ce dont on s'occupe
avant tout, ce sur quoi l'on veut, de préférence, attirer l'attention.

Par exemple, si j'entreprends de raconter la vie de Romulus, je dirai : "
Romulus fonda Rome". Si je me propose, contraire, de relater les origines de
la Ville Eternelle, je mettrai : "Rome fut fondée par Romulus ".

Le fait à énoncer reste le même, le point de vue a changé. N'allez donc pas,
à la légère, tourner le passif par l'actif, au risque de reléguer au second
plan ce qui doit figurer au premier.
* * * *
Substituer au PASSIF une tournure active quelconque, mais conserver le même
sujet dans les phrases suivantes :

Note : La nécessité de changer le verbe et parfois d'autres mots peuvent
s'imposer.

· Des vins délicieux sont servis dans ces festins.
Réponse : Des vins délicieux arrosent ces festins.

· Auguste fut remplacé par Tibère.
Réponse : Auguste eut pour successeur Tibère.

· Deux coups sont frappés à la porte.
Réponse : Deux coups retentissent à la porte.

· Le chlore est utilisé au blanchiment de la toile.
Réponse : Le chlore sert au blanchiment de la toile.

· Ici le riche même est tourmenté par la faim.
Réponse : Ici le riche même éprouve les tourments de la faim.

· Cette séance sera remarquée dans les annales parlementaires.
Réponse : Cette séance marquera dans les annales parlementaires.

· Une mauvaise orthographe est aussitôt remarquée.
Réponse : Une mauvaise orthographe saute aux yeux.

· Deux nouvelles provinces furent ajoutées à ses États.
Réponse : Deux nouvelles provinces accrurent ses États.

· Partout cette statue est mise à la place d'honneur.
Réponse : Partout cette statue occupe la place d'honneur.

· Cette tâche vous est imposée.
Réponse : Cette tâche vous incombe.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU MOT CHOSE

Le mot chose est probablement le plus vague, le plus banal de la langue
française. Il est bon de le remplacer par un terme de nature à préciser
l'idée qu'on veut rendre, à moins toutefois qu'on n'ait, pour rester dans le
vague, des raisons particulières.

Remplacer le mot CHOSE par un mot à la fois plus précis et plus coloré dans
les phrases suivantes :

· L'humilité est une chose très rare.
Réponse : L'humilité est une vertu bien rare.

· L'envie est une chose redoutable.
Réponse : L'envie est une passion redoutable.

· Une seule et unique chose occupe son esprit.
Réponse : Une seule et unique pensée occupe son esprit.

· Pareille chose m'est arrivée dans mon voyage.
Réponse : Pareille aventure m'est arrivée dans mon voyage.

· Il manque des choses de première nécessité.
Réponse : Il manque des objets de première nécessité.

· La guerre est une chose terrible.
Réponse : La guerre est un fléau terrible.

· On trouve dans ces vers des choses admirables.
Réponse : On trouve dans ces vers des beautés admirables.

· La physique distingue les choses en solides et en fluides.
Réponse : La physique distingue les corps en solides et en fluides.

· Pour atteindre votre but, vous employez des choses insuffisantes.
Réponse : Pour atteindre votre but, vous employez des moyens insuffisants.

· Vous servez à ce convalescent des choses trop substantielles.
Réponse : Vous servez à ce convalescent des mets trop substantiels.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AUX MOTS HOMMES, GENS, PERSONNES

Pour remplacer l'un de ces mots, l'on peut assez souvent choisir un terme
qui désigne soit une partie du corps de l'homme, soit une faculté de son
âme. Ce genre de synecdoche ne désigne de l'être humain qu'un seul attribut,
celui qu'on veut, de préférence, faire envisager.

Remplacer les mots hommes, gens, personnes par un terme qui en spécialise le
sens dans les phrases suivantes :

· Ce geste n'eût pas échappé à un homme clairvoyant.
Réponse : Ce geste n'eût pas échappé à un oil clairvoyant.

· Les prisonniers furent rachetés à un écu par homme.
Réponse : Les prisonniers furent rachetés à un écu par tête.

· Cette musique bruyante étourdit les gens.
Réponse : Cette musique bruyante étourdit les oreilles.

· La gymnastique rend les gens agiles.
Réponse : La gymnastique rend les membres agiles.

· La disette affame ici cent trente personnes.
Réponse : La disette affame ici cent trente bouches.

· Ces poésies plaisent aux personnes rêveuses.
Réponse : Ces poésies plaisent aux imaginations rêveuses.

· Les gens éclairés croyaient-ils aux présages ?
Réponse : Les esprits éclairés croyaient-ils aux présages ?

· Ces gens impudents ne savent plus rougir.
Réponse : Ces fronts impudents ne savent plus rougir.

· Une seule bouteille ne servira pas à cet homme altéré.
Réponse : Une seule bouteille ne servira pas à ce gosier altéré.

· Le transport d'un tel fardeau exige un homme robuste.
Réponse : Le transport d'un tel fardeau exige des épaules robustes.
* * * *
LES PRONOMS


Des fautes à éviter en ce qui concerne le pronom IL, ELLE.

Qu'on nous permette une courte digression sur le terrain de la grammaire.
Toutes les fautes que nous allons signaler, sauf la dernière, intéressent la
syntaxe plutôt que la stylistique. Néanmoins elles reviennent et reviennent
si fréquentes, si importunes, si désolantes, sous la plume des apprentis
écrivains, qu'on nous en voudrait de les avoir passées sous silence.

L'emploi du pronom il (elle) expose à six genres de fautes :

1. On lui fait représenter un nom dont il ne saurait logiquement tenir la
place;
2. On lui fait représenter un substantif pris dans un sens indéterminé;
3. On l'ajoute où il n'a que faire;
4. On l'omet où il est indispensable;
5. On réunit dans une même phrase deux il (elle) qui représentent deux noms
différents;
6. On tombe dans la monotonie en alignant une longue série de propositions
commençant toutes par ce même pronom il (elle).

Chacun de ces points nécessite un examen particulier.

A) Considérons cette phrase :
Pierre a volé Paul; il a porté plainte.

On veut dire que Paul a porté plainte; on dit en réalité que Pierre est à la
fois le voleur et le plaignant. D'après la grammaire, le pronom il
représente Pierre et non Paul. Absurdité.

En effet, quand deux propositions se suivent, (il, elle) en tête de la
seconde, représente toujours le sujet de la première quand ce sujet est au
masculin singulier ou féminin singulier.

Si l'on disait :

Ces brigands ont volé Paul ; il a porté plainte...
on s'exprimerait correctement : ici le pronom singulier il ne saurait
représenter le sujet pluriel de la proposition précédente; il représente
donc, sans équivoque possible, le complément Paul (masculin singulier).

Quant à la première phrase, il suffira, pour la rendre correcte, de
remplacer il par celui-ci.
Pierre a volé Paul ; celui-ci a porté plainte.

En effet le pronom celui-ci / celle-ci représente toujours le nom masculin
singulier / féminin singulier qui en est le plus rapprocher (dans ce qui
précède).

Autre exemple :
Ces deux enfants tiraient sur leur cheval mécanique; les poils
s'arrachaient, mais ils ne voulaient pas lâcher prise.

Le pronom ils, qui devrait représenter ces deux enfants, représente en
réalité le mot poils, sujet masculin pluriel de la proposition précédente.
Absurdité.

Dites par exemple : " Ils arrachaient les poils, mais ils ne voulaient pas
lâcher prise. "

B) Le pronom il (elle) ne doit jamais représenter un nom pris dans un sens
indéterminé, c'est-à-dire un nom qui n'est précédé ni l'article défini, ni
de l'article indéfini, ni d'un adjectif déterminatif (numéral, possessif,
démonstratif, indéfini).

Exemple. Surtout ne dites pas :
Paul a demandé grâce ; elle lui a été accordée (incorrect).
J'ai demandé pardon ; il m'a été refusé (incorrect).
Vous m'enverrez copie du contrat ; elle doit me parvenir avant ce soir
(incorrect).
Il a parlé avec éloquence, et elle a charmé tout l'auditoire (incorrect).

Dites plutôt:
Paul a demandé sa grâce; elle lui a été accordée.
J'ai demandé mon pardon ; il m'a été refusé.
Vous m'enverrez la copie du contrat ; elle doit me parvenir avant ce soir.
Il a parlé avec une grande éloquence, et elle a charmé tout l'auditoire.
Il a parlé avec une éloquence qui a charmé tout l'auditoire.

Exception. Néanmoins le pronom il (elle) peut représenter un substantif
indéterminé complément d'un collectif partitif.

Exemple:
J'ai cueilli une multitude de fleurs; elles vous seront envoyées.

C) Parfois, en écrivant une phrase un peu longue, on oublie qu'on a mis en
tête un substantif sujet, et l'on introduit, pour le remplacer, le pronom il
(elle). De là un grossier pléonasme.

Exemple :
César, informé qu'une ligue s'organisait en Gaule contre les Romains, il se
hâta de quitter Rome ! !
Le substantif César, séparé par toute une ligne du verbe se hâta, en reste
néanmoins le sujet. Dès lors, à quoi bon le pronom il?

D) Plus facile à éviter, la faute inverse échappe toutefois aux élèves
inattentifs. Ils omettent le sujet il (elle) et la proposition reste
décapitée.

Exemple :
Quand Paul eut perdu sa fortune et ruiné toute sa famille, fut obligé de
quitter le pays.
Phrase absurde. Le substantif Paul, déjà sujet d'une proposition
subordonnée, ne saurait cumuler deux fonctions distinctes; il ne peut servir
en même temps de sujet à la proposition principale. Dès lors on doit le
représenter, en tête de la principale, par le pronom il.

E) Deux il (elle), réunis dans une même phrase, doivent remplacer le même
substantif. C'est une règle sans exception; on ne saurait l'enfreindre sans
incorrection grave.

Exemple :
M. Durand présente ses respects à M. Louis, et l'informe qu'il ne peut
accepter son invitation, parce qu'il l'a prévenu trop tard.
Le premier pronom sujet représente M. Durand; le second, M. Louis. Faute
grossière.

Dites par exemple :
M. Durand présente ses respects à M. Louis, et l'informe qu'il ne peut
accepter son invitation, parce qu'il a été prévenu trop tard.
Dans ces conditions, les deux il représentent tous deux M. Durand, sujet de
la phrase.

Autre exemple :
J'ai prêté ce livre à Paul, et il l'a tellement intéressé qu'il a voulu le
lire plusieurs fois.
Le premier pronom sujet représente ce livre ; le second remplace le
substantif Paul.

Il est pourtant aisé de s'exprimer ainsi :
Paul, à qui j'ai prêté ce livre, l'a trouvé si intéressant qu'il a voulu. le
lire plusieurs fois.

Encore un exemple :
Pierre a reçu un beau livre en prix; il n'en prend pas soin, bien qu'il
renferme de jolies histoires.

Dites donc:
Il n'en prend pas soin, bien qu'il y trouve de jolies histoires.

N.B. : Certains élèves, pour se tenir en garde contre les dangers de ce
fameux pronom il, le remplacent au hasard par le mot celui-ci.

Par exemple ils écrivent :
Bacchus descendit aux Enfers pour visiter le royaume de Pluton. Celui-ci
tenait à la main une coupe remplie de vin.
Grave contresens. Le pronom celui-ci représente non pas Bacchus, mais bien
Pluton, le nom masculin singulier le plus voisin dans la phrase précédente.

Dites :
Il tenait... Ce mot représente, sans équivoque possible, le mot Bacchus,
sujet masculin singulier de la proposition précédente.

F) Dégustez cette jolie phrase :
Il plaisante, il boit, il rit, il chante, il fume, il joue, il gesticule, le
tout presque en même temps.
Rien de monotone comme cette interminable kyrielle de pronoms identiques.
Il serait si facile de n'exprimer le sujet qu'une fois, devant le premier
verbe :
Il plaisante, boit, rit, chante, fume, joue, gesticule, le tout presque en
même temps.

Ce genre de répétition ne se montre pas toujours aussi commode à supprimer :
la période n'étant pas toujours susceptible de constituer une énumération à
sujet unique.

Exemple:
Mon frère a été gravement malade : il a fait une fluxion de poitrine, il a
gardé le lit pendant quatre semaines; il a beaucoup souffert; il nous a fait
craindre pour sa vie; enfin il a triomphé du mal grâce à sa robuste
constitution; il se lève depuis quelques jours; peu à peu il recouvre ses
forces. Il vous envoie l'expression de ses meilleurs sentiments.

En tout, huit fois le pronom il. Essayons d'en réduire le nombre à deux :
Mon frère a été gravement malade : atteint d'une fluxion de poitrine, alité
pendant quatre semaines, il a beaucoup souffert, et nous avons craint pour
sa vie; enfin sa robuste constitution a triomphé du mal; il se lève depuis
quelques jours; peu à peu ses forces reviennent. Recevez l'expression de ses
meilleurs sentiments.

Tantôt le pronom il a tout simplement disparu, tantôt nous le voyons céder
la place à, un autre sujet.

Remarque. - Si désagréable que semble la répétition prolongée du mot il, on
la trouve moins choquante que celle, du pronom je : le moi est haïssable,
dit Pascal. Qu'on en juge.

J'ai pris part au dernier concours cantonal et j'ai obtenu mon certificat
d'études; j'ai eu la note très bien; j'ai donc terminé mes études primaires.
Je vais maintenant quitter l'école; je dois choisir un état, je vais prendre
une grave décision.

Ce galimatias contient sept fois le mot je. Point n'est besoin de se
torturer l'imagination pour trouver une autre formule, où pronom ne figure
qu'une fois :

Au dernier concours cantonal, j'ai obtenu mon certificat d'études, avec la
note très bien. Voilà donc mes études primaires terminées. Et maintenant,
adieu l'école; il faut choisir un état. Grave décision!

Il va sans dire qu'on excepte certains cas spéciaux où la répétition voulue
du pronom sujet produit des effets très heureux :
Je ne me souviens plus des outrages du temps :
J'aime, je suis aimé, je renais, j'ai vingt ans. (Casimir Delavigne).

Touchez à ce vers ; écrivez, par exemple :
J'aime, suis aimé, renais, ai vingt ans :
Le plus ignorant écolier vous apprendra que vous n'êtes ni poète, ni même
Français.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AUX PRONOMS CECI, CELA.

Substituer les pronoms ceci, cela par un adjectif démonstratif suivi d'un
substantif dans les phrases suivantes :

· Vous aimez votre patrie cela vous honore.
Réponse : Vous aimez votre patrie ce sentiment vous honore.

· Il pratique la charité. Cela le sauvera.
Réponse : Il pratique la charité. Cette vertu le sauvera.

· Votre fils est reçu docteur. Cela n'étonnera personne.
Réponse : Votre fils est reçu docteur. Ce succès n'étonnera personne.

· Je publierai le texte du traité. Cela rectifiera plus d'une erreur.
Réponse : Je publierai le texte du traité. Ce document rectifiera plus d'une
erreur.

· N'oubliez pas ceci, que le malheur est le grand maître de l'homme.
Réponse : N'oubliez pas cette vérité, que le malheur est le grand maître de
l'homme.

· Nul ne peut contester ceci : deux quantités égales à une troisième sont
égales entre elles.
Réponse : Nul ne peut contester cet axiome : deux quantités égales à une
troisième sont égales entre elles.
* * * *

POURQUOI L'ON DOIT ÉVITER L'ABUS DES PRONOMS RELATIFS.

L'emploi inconsidéré du pronom relatif n'est pas sans danger. Il expose :
1. à de ridicules équivoques.
2. à des incorrections.
3. à des lourdeurs de style. 1

A) Equivoques.

Tout nom ou pronom qui précède immédiatement un relatif, peut en être
l'antécédent, alors même qu'une virgule l'en sépare.
De là, si l'on n'y prend pas garde, des constructions soit grotesques, soit
inintelligibles.

Exemples :

Je vous envoie un chien par ma servante, qui a les oreilles coupées. -
Infortunée servante !
J'ai vu le cabriolet du médecin, qui est peint en rouge. - Malheureux
médecin!
La poupée de Lise, qui a une figure en cire, a coûté très cher. - Pauvre
Lise!
J'ai vu votre pâtissier, le fils de votre charcutier, à qui vous venez de
faire une commande.
A-t-on commandé un gâteau ou un jambon?
Je connais bien le jeune Paul, le fils de notre voisin, qui vient souvent
chez nous.
Est-ce le père ou le fils qu'on reçoit?
C'est un jouet trop fragile pour un jeune enfant, que sa mère tient
soigneusement enfermé.
S'agit-il d'une ménagère attentive à ne rien laisser traîner? S'agit-il
d'une mère assez dénaturée pour séquestrer son enfant ?
J'ai lu une histoire dans ce livre qui m'a beaucoup intéressé.
Est-ce le livre tout entier qu'on trouve intéressant? Est-ce uniquement
l'histoire?

On sait que, dans les phrases bien construites, le qui reste parfaitement
clair et n'amène jamais de telles équivoques. Toujours est-il qu'on s'y
trouve moins exposé si l'on s'astreint à une certaine réserve dans l'emploi
des pronoms relatifs.

B) Incorrections

Ces dangereux pronoms, sous la plume d'un élève inattentif ou peu ferré sur
la syntaxe, donnent lieu à des fautes matérielles de plus d'un genre.

1. On fait dépendre une proposition relative d'une autre relative. Grave
irrégularité. Parfois même on offre à son lecteur une véritable cascade de
qui.

Exemple:
J'ai vu mon cousin qui m'a donné des nouvelles de ma tante, qui est malade
depuis l'accident qui lui est arrivé en allant à la représentation qui a eu
lieu vendredi dernier ! ! - Ces relatifs se heurtent avec un bruit de
rocaille.

2. On se trompe sur la personne du pronom relatif, et par conséquent, sur
celle du verbe suivant. On oublie volontiers que le pronom relatif s'accorde
en personne avec son antécédent. La cour de Napoléon 1er s'égayait
d'entendre la maréchale Lefebvre, dite Madame Sans Gêne, s'écrier en se
rengorgeant : " Maintenant c'est nous qui sont les princesses. " Des fautes
analogues n'échappent-elles pas à des gens plus instruits?

Ainsi l'on se rappelle rarement qu'il faut considérer comme étant de la
seconde personne non seulement les pronoms tu, toi, vous, mais encore les
substantifs en apostrophe, autrement dit au vocatif.

Exemple :
Mauvais élèves qui refusez d'obéir, vous serez sévèrement punis.

Combien d'aspirants bacheliers résisteraient, dans une telle phrase, à la
tentation de substituer refusent à refusez ?

Il n'est même pas toujours facile, au premier abord, de savoir au juste quel
est l'antécédent.

3. Quel mode employer à la suite de tel pronom relatif? Faut-il l'indicatif?
Faut-il le subjonctif? Questions étrangères à notre cadre. Contentons-nous
de les poser. Quelques exemples suffiront pour rappeler aux élèves les
difficultés à vaincre, ou plutôt les écueils à éviter.

Je cherche une maison qui me convienne.
J'ai trouvé une maison qui me convient "

Il y a des élèves qui veulent faire des progrès.
Il n'y a pas d'élève qui ne veuille passer pour intelligent.

Il est l'homme le plus adroit que je connaisse.
De ces deux hommes, c'est le plus adroit que je connais.

Néron est le premier empereur qui ait persécuté l'Église.
Les Tyriens furent les premiers qui domptèrent les flots.

C) Lourdeurs de style.

Accumulez en quelques lignes un certain nombre de pro noms relatifs,
indépendants l'un de l'autre, et placés immédiatement près leur antécédent.
Ils pourront très bien n'occasionner ni équivoque, ni incorrection; ils n'en
rendront pas moins le style traînant, incolore, cacophonique.
En premier lieu, les pronoms ne peignent rien.
En second lieu, les pronoms relatifs sont monosyllabes et commencent par une
gutturale, la plus dure des gutturales. Si donc plusieurs d'entre eux se
trouvent rapprochés l'un de l'autre, si, de plus, ils s'enchevêtrent avec
les conjonctions que, lorsque, puisque, etc., il en résulte nécessairement
un concours de sons très désagréables. Pour comble d'ennui, la phrase tend à
prendre une extension démesurée. Par suite, elle impose à l'intelligence de
l'auditeur ou du lecteur un effort d'autant plus pénible que le malaise de
l'oreille contribue à distraire l'attention.

L'examen de ces multiples inconvénients nous amène à cette conclusion toute
naturelle : Efforcez-vous, en écrivant, de ne pas multiplier les
propositions relatives. Si vous trouvez çà et là des moyens commodes
permettant d'en supprimer quelques-unes, ne manquez pas d'en profiter.
COMMENT ON SUPPRIME UNE PROPOSITION RELATIVE.

A une proposition relative on substitue, suivant les cas :

1. un substantif en apposition, d'ordinaire suivi d'un complément.
2. un adjectif, seul ou suivi d'un complément.
3. un participe adjectif, ordinairement suivi d'un complément.
4. quelquefois un simple possessif, suivi d'un nom.
5. une préposition suivie d'un complément.
6. une proposition principale.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un substantif en apposition :

· Cette dame, qui monte très bien à cheval.
Réponse : Cette dame, très bonne écuyère.

· Un touriste qui voyage avec moi.
Réponse : Mon compagnon de route.

· Cet orateur, qui fait connaître la pensée générale.
Réponse : Cet interprète de la pensée générale.

· Ce fermier, qui demeure près de chez moi.
Réponse : Ce fermier, mon voisin.

· Un touriste qui voyage avec moi.
Réponse : Mon compagnon de route.

· La presse, qui gouverne l'opinion.
Réponse : La presse, reine de l'opinion.

· Cette première victoire, qui en garantit beaucoup d'autre.
Réponse : Cette première victoire, gage de beaucoup d'autre.

· Ce dictionnaire, qui contient tant d'érudition.
Réponse : Ce dictionnaire, trésor d'érudition.

· Ce peintre, qui vous dispute le grand prix.
Réponse : Ce peintre, votre concurrent pour le grand prix.

· La raison divine, qui illumine nos intelligences.
Réponse : La raison divine, soleil de nos intelligences.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un adjectif suivi d'un
compliment :

· Ce général, qui continue de suivre sa tactique.
Réponse : Ce général, fidèle à sa tactique.

· Un père qui pardonne aisément à son fils.
Réponse : Un père indulgent pour son fils.

· Ce fugitif, qui ne sait ce qu'il deviendra.
Réponse : Ce fugitif, incertain de l'avenir.

· Cet homme de cour, qui ne change pas dans l'adversité.
Réponse : Cet homme de cour, constant dans l'adversité.

· Ce brave guerrier, qui ne s'enorgueillit pas de sa victoire.
Réponse : Ce brave guerrier, modeste dans sa victoire.

· Un monsieur qui assiste à la séance.
Réponse : Un monsieur présent à la séance.

· Un magistrat qui mérite d'être soupçonné de partialité.
Réponse : Un magistrat suspect de partialité.

· Un faux ami, qui ne s'intéresse pas à mon bonheur.
Réponse : Un faux ami, indifférent à mon bonheur.

· Une terre qui convient spécialement à la vigne.
Réponse : Une terre propre à la vigne.

· Ces amphibies, qui n'habitent que les mers arctiques.
Réponse : Ces amphibies, propres aux mers arctiques.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un participe-adjectif suivi
d'un complément :

· Les réunions qui ont eu lieu sous votre présidence.
Réponse : Les réunions tenues sous votre présidence.

· Des pierres qui proviennent de cette carrière.
Réponse : Des pierres extraites de cette carrière.

· Ces épis qui proviennent de nos champs.
Réponse : Ces épis récoltés dans nos champs.

· Ces eaux malsaines qui proviennent de la rivière voisine.
Réponse : Ces eaux malsaines puisées à la rivière voisine.

· Des objets antiques qui proviennent des fouilles de Pompéï.
Réponse : Des objets antiques exhumés des fouilles de Pompéï

· Des pensées qui proviennent d'Homère.
Réponse : Des pensées tirées d'Homère.

· Les notions qui proviennent de l'expérience.
Réponse : Les notions fournies par l'expérience.

· Une dame qui porte une jolie broche.
Réponse : Une dame parée d'une jolie broche.

· Une lettre qui porte votre sceau.
Réponse : Une lettre revêtue de votre sceau.

· Un discours qui porte des traits satiriques.
Réponse : Un discours assaisonné de traits satiriques.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer la proposition relative par un
possessif suivi d'un nom :

· Les chagrins qu'il éprouve.
Réponse : Ses chagrins.

· Le but que vous visez.
Réponse : Votre but.

· Les pleurs que vous versez.
Réponse : Vos pleurs.

· Les intrigues qu'il noue.
Réponse : Ses intrigues.

· Le poste qu'il occupe.
Réponse : Son poste.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la proposition relative par une
préposition :

· Les feuilles sèches qui sont dans la forêt.
Réponse : Les feuilles sèches de la forêt.

· L'amour qu'une mère éprouve pour ses enfants.
Réponse : L'amour d'une mère pour ses enfants.

· Un homme qui sait donner de bons conseils.
Réponse : Un homme de bons conseil

· Les soldats qui montent la garde à votre porte.
Réponse : Les soldats de garde à votre porte.

· Des enfants qui ont le même âge.
Réponse : Des enfants du même âge.
* * * *

Dans les phrases suivantes, au verbe accompagné d'un adverbe de manière,
cherchez un second capable de remplacer, à lui seul, le premier :

· Détruire entièrement un peuple.
Réponse : Exterminer un peuple.

· Détruire entièrement une peuple.
Réponse : Anéantir un peuple.

· Purifier complètement un métal.
Réponse : Épurer un métal.

· S'appliquer exclusivement aux études grecques.
Réponse : Se vouer aux études grecques.

· Éviter adroitement un coup.
Réponse : Esquiver un coup.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe par un verbe de sens
analogue :

· Il poursuit obstinément un ouvrage impossible.
Réponse : Il s'obstine à poursuivre un ouvrage impossible.

· Malgré tout il travaille persévéramment.
Réponse : Malgré tout il persévère à travailler.

· Il raconte fort gaiement ses mésaventures.
Réponse : Il s'égaie à raconter ses mésaventures.

· Il cherche attentivement les moyens de vous satisfaire.
Réponse : Il s'applique à chercher les moyens de vous satisfaire.

· Il se tirera habilement de ce mauvais pas.
Réponse : Il saura se tirer de ce mauvais pas.
* * * *
Dans les phrases suivantes, trouvez un moyen de remplacer par un substantif
le verbe que modifie l'adverbe de manière :

· Cette question mérite qu'on l'examine attentivement
Réponse : Cette question mérite un examen attentif.

· On m'annonce que mon frère arrivera prochainement.
Réponse : On m'annonce l'arrivée prochaine de mon frère.

· La ville succomba après avoir vigoureusement résisté.
Réponse : La ville succomba après une vigoureuse résistance.

· Cette porte laisse passer facilement les solliciteurs.
Réponse : Cette porte laisse un facile passage aux solliciteurs.

· Vous dépensez follement. Aussi vous vous ruinerez.
Réponse : Vos folles dépenses vous ruineront.
* * * *
COMMENT SUPPRIMER LES ADVERBES SERVANT À MARQUER LE SUPERLATIF ABSOLU.


Évitez, autant que possible, les adverbes très, fort, extrêmement,
excessivement, absolument, etc. : prenez garde qu'ils ne viennent dispenser
l'esprit de chercher le mot propre. Souvent, un adjectif au superlatif
absolu a pour équivalent un autre adjectif au positif, d'un sens analogue,
mais plus fort. C'est ce qu'on pourrait appeler une épithète superlative par
elle-même.

Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes servant à marquer le
superlatif absolu par un adjectif plus approprié.

· Eau extrêmement clair...
Réponse : Eau limpide.

· Discours très obscur.
Réponse : Discours énigmatique.

· Protestation très vive.
Réponse : Protestation enflammée.

· Potage extrêmement chaud.
Réponse : Potage brûlant.

· Zone très froide.
Réponse : Zone glaciale.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe de quantité par un
substantif :

· J'ignore combien d'hommes comprend ce régiment.
Réponse : J'ignore l'effectif de ce régiment.

· Je comprends combien grand est votre bonheur.
Réponse : Je comprends toute l'étendue de votre bonheur.

· Vous savez combien j'ai d'enfants.
Réponse : Vous savez le nombre de mes enfants.

· Vous m'excuserez si je vous pose beaucoup de questions.
Réponse : Vous excuserez la multiplicité de mes questions.

· Le peu de pluie qu'il a fait pendant l'été a compromis les récoltes.
Réponse : Le rareté des pluie pendant l'été a compromis les récoltes.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe de quantité par un adjectif
:

· Il se présente sans beaucoup d'espoir.
Réponse : Il se présente sans grand espoir.

· Comme il vous fait beaucoup de visites, je crois.
Réponse : Ses fréquentes visites chez vous me donnent à croire.

· Cette affaire est pour moi de bien peu d'intérêt.
Réponse : Cette affaire est pour moi d'un intérêt bien minime.

· Une culture qui produit peu.
Réponse : Une culture d'un faible rendement.

· Parce qu'il aimait trop la gloire, il s'est perdu.
Réponse : L'amour exagéré de la gloire l'a perdu.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes par un substantif :

· Je crains de vous importuner en vous écrivant souvent.
Réponse : Je crains de vous importuner par la fréquence de mes lettres.

· Le froid qu'il a toujours fait depuis six semaines, a compromis les
récoltes.
Réponse : La continuité du froid depuis six semaines a compromis les
récoltes.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes par un adjectif :

· La vie d'un homme de lettres est toujours un combat.
Réponse : La vie d'un homme de lettres est un combat perpétuel.

· Je leur ai donné un empire qu'ils garderont toujours.
Réponse : Je leu ai donné un empire éternel.
* * * *
Dans la phrase suivante, substituer l'adverbes par un verbe :

· Il espère que, grâce à son poème, on se souviendra toujours de son nom.
Réponse : Il espère que son poème immortalisera son nom.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par une
proposition indépendante :

· Vos explications tranchant la difficulté, nous les acceptons.
Réponse : Vos explications tranchent la difficulté, nous les acceptons.

· Veuillez écouter votre ami désirant vous présenter ses excuses.
Réponse : Veuillez écouter votre ami : il désire vous présenter ses excuses.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par une
complément descriptif :

· Il se promenait, tenant une canne.
Réponse : Il se promenait, la canne à la main.

· Il feuillette ces pages, pensant à autre chose.
Réponse : Il feuillette ces pages, l'esprit ailleurs.

Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par un verbe à
l'infinitif :

· J'entends des marteaux battant le fer à coups redoublés.
Réponse : J'entends des marteaux battre le fer à coups redoublés.

· Par une belle matinée de printemps, on voit les abeilles s'élançant des
ruches, visitant toutes les fleurs et rentrant chargées de butin.
Réponse : Par une belle matinée de printemps, on voit les abeilles s'élancer
des ruches, visiter toutes les fleurs et rentrer chargées de butin.

· Je l'ai surpris dérobant mes poules.
Réponse : Je l'ai surpris à dérober mes poules.

Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent accompagné d'une
négation par un infinitif précédé de la préposition sans :

· Il sortit, ne fermant pas la porte.
Réponse : Il sortit sans fermer la porte.

· Il l'emprisonna, ne respectant pas son titre d'ambassadeur.
Réponse : Il l'emprisonna, sans respecter son titre d'ambassadeur.

Dans les phrases suivantes, supprimer le participe présent accompagné de la
préposition EN, par une préposition suivi d'un substantif :

· Il s'égara en poursuivant un cerf.
Réponse : Il s'égara à la poursuite d'un cerf.

· En sortant du collège il venait chez nous.
Réponse : Au sortir du collège il venait chez nous.

· En travaillant beaucoup il triompha de ces difficultés.
Réponse : À force de travail il triompha de ces difficultés.

· Il s'est civilisé en fréquentant le monde.
Réponse : Il s'est civilisé au contact du monde.

· Il traversa la rivière en nageant.
Réponse : Il traversa la rivière à la nage.

· On réglera ce différend en employant la conciliation.
Réponse : On réglera ce différend par voie de conciliation.

· Il faut ici préciser le sens en ajoutant d'autres mots.
Réponse : Il faut ici préciser le sens par l'addition d'autres mots.

· Il sortit en espérant vous rencontrer.
Réponse : Il sortit dans l'espoir de vous rencontrer.

· Il sollicite ce jugement en s'appuyant sur plusieurs textes de lois.
Réponse : Il sollicite ce jugement en vertu de plusieurs textes de lois.

· On l'évinça en prétextant qu'il était incapable.
Réponse : On l'évinça sous prétexte d'incapacité.

Dans les phrases suivantes, remplacer le gérondif par un nom de chose :

· En se promenant ils arrivèrent au bout d'une longue allée.
Réponse : Leur promenade les mena au bout d'une longue allée.

· Ce n'est qu'en chassant qu'ils parviennent à se nourrir.
Réponse : Seule la chasse leur fournit des vivres.

· En étudiant les langues anciennes il a pris goût à la littérature.
Réponse : L'étude des langues anciennes lui a donné le goût de la
littérature.

· En abrogeant cette loi on relâchera la discipline.
Réponse : L'abrogation de cette loi relâchera la discipline.

· En répandant partout la bonne presse on rectifiera beaucoup d'erreurs.
Réponse : La diffusion de la bonne presse rectifiera beaucoup d'erreurs.

· En lisant de bons livres on se forme l'esprit.
Réponse : La lecture des bons livres forme l'esprit.

· En lisant ce poème nous nous croyons dans un monde nouveau.
Réponse : Ce poème nous transporte dans un monde nouveau.

· En voyageant il apprendra à connaître les hommes.
Réponse : Les voyages lui apprendront à connaître les hommes.

· En vous souvenant de cette justice rigoureuse vous prendrez une courageuse
résolution.
Réponse : Le souvenir de cette justice rigoureuse vous inspirera une
courageuse résolution.


Dans les phrases suivantes, remplacer le gérondif par un nom de personne :

· En jouant passionnément, il court à sa ruine.
Réponse : Joueur passionné, il court à sa ruine.

· En imitant l'antiquité, il ne sut pas rester original.
Réponse : Imitateur de l'antiquité, il ne sut pas rester original.

· En plaidant une cause évidemment juste, il avait toute confiance en votre
impartialité.
Réponse : Avocat d'une cause évidemment juste, il avait toute confiance en
votre impartialité.

· En propageant ardemment les saines doctrines, il bravait toutes les
persécutions.
Réponse : Ardent propagateur des saines doctrines, il bravait toutes les
persécutions.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer au gérondif un infinitif avec la
préposition à :

· Je ne m'ennuie pas en l'écoutant.
Réponse : Je ne m'ennuie pas à l'écouter.

· On ne devient guère si riche en étant honnête.
Réponse : On ne devient guère si riche à être honnête.

· En partageant les mêmes périls, en vivant de la même vie, ces frères
ennemis de la veille se sont réconciliés.
Réponse : À partager les mêmes périls, à vivre de la même vie, ces frères
ennemis de la veille se sont réconciliés.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU PARTICIPE PASSÉ ACTIF.

Le participe passé actif (ayant chanté, ayant écrit, etc.) contient le
participe présent de l'auxiliaire avoir. Aussi ne doit-on l'employer qu'avec
réserve.

Des procédés commodes et assez nombreux s'offrent pour le supprimer :

1. Parfois un participe passé actif équivaut au participe adjectif d'un
autre verbe.

2. Le participe passé actif, en tête de la phrase, peut, en certains cas,
céder la place à un substantif qui, le plus souvent, sert d'apposition au
sujet.

3. Quand le participe passé actif a un complément direct, le sens permet
quelquefois de remplacer le tout par une proposition participe (éviter alors
l'emploi du mot étant).

4. Assez souvent le participe passé actif peut céder la place à une
proposition indépendante. Ce procédé devient aisément applicable chaque fois
que le complément de ce participe se trouve représenté à côté du verbe
suivant par un des pronoms le, la, les, lui, leur. Dès lors on relie les
deux propositions par la conjonction et.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer au participe passé actif un participe
adjectif d'un autre verbe :

· Ayant perdu toutes ses illusions.
Réponse : Revenu de toutes ses illusions.

· Ayant repris le bon chemin.
Réponse : Rentré dans le bon chemin.

· Ayant pris un engagement irrévocable.
Réponse : Lié par un engagement irrévocable.

· Ayant reçu de vous tous les bienfaits possibles.
Réponse : Comblé de vos bienfaits.

· Ayant obtenu le consulat.
Réponse : Parvenu au consulat.

· Ayant subi de grands revers.
Réponse : Éprouvé par de grands revers.

· Ayant étudié profondément les littératures anciennes.
Réponse : Profondément versé dans les littératures anciennes.

· Ayant suivi vos conseil, il vint à bout de son entreprise.
Réponse : Guidé par vos conseils, il vint à bout de son entreprise.

· Le projet ayant réussi.
Réponse : Le projet réalisé.

· Des vignes ayant souffert de l'orage.
Réponse : Des vignes endommagées par l'orage.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe passé actif par un
substantif servant d'apposition au sujet :

· Ayant conquis l'univers, les Romains s'en attribuèrent toutes les
dépouilles.
Réponse : Maîtres de l'univers, les Romains s'en attribuèrent toutes les
dépouilles.

· Ayant remporté un prix dans ce concours, il se crut appelé à de hautes
destinées.
Réponse : Lauréat de ce concours, il se crut appelé à de hautes destinées.

· Ayant signé la protestation.
Réponse : Signataire de la protestation.

· Ayant relevé les arts et les lettres.
Réponse : Restaurateur des arts et des lettres.

· Ayant créé cette doctrine sublime.
Réponse : Créateur de cette doctrine sublime.

· Ayant vaincu la révolution.
Réponse : Vainqueur de la révolution.

· Son fils ayant hérité de son talent, marcha sur ses traces.
Réponse : Son fils, héritier de son talent, marcha sur ses traces.

Dans les phrases suivantes, remplacer le participe passé actif ainsi que son
complément direct, par une proposition participe en évitant l'emploi du mot
ÉTANT :

· Ayant terminé ses études, il vint à Paris.
Réponse : Ses études terminées, il vint à Paris.

· Ayant rempli sa mission, il retourna au village.
Réponse : Sa mission remplie, il retourna au village.

· Ayant payé ses dettes, il eut à peine de quoi vivre.
Réponse : Ses dettes payées, il eut à peine de quoi vivre.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer le participe passé actif par une
proposition indépendante :

· Ayant pris la ville, l'ennemi la pilla.
Réponse : L'ennemi prit la ville et la pilla.

· Ayant retrouvé ton livre à terre, je l'ai ramassé.
Réponse : J'ai retrouvé ton livre à terre et je l'ai ramassé.

· Ayant rencontré Paul, je lui ai parlé longuement.
Réponse : J'ai rencontré Paul et je lui ai parlé longuement.
* * * *

SUPPRESSION DES CONJONCTIONS SUBORDONNANTES

Les conjonctions de subordination (que, pendant, que, depuis que, après que,
avant que, pour que, afin que, parce que, puisque, quoique, bien que,
lorsque, quand, etc.) relient deux propositions en mettant l'une sous la
dépendance de l'autre. Elles jouent dans le discours le rôle d'agrafes,
parfois utiles ou même indispensables, toujours disgracieuses et pesantes,
surtout en français.

Incapables soit de flatter l'oreille, soit de parler à l'imagination, elles
se montrent, pour la couleur et l'harmonie du style, les dignes émules des
pronoms relatifs. Reconnaissons-leur toutefois l'avantage de marquer
fortement les rapports logiques des idées, mais hâtons-nous d'ajouter qu'on
obtient le même résultat par d'autres procédés moins incommodes.

N. B. Le cas le plus ennuyeux est celui où la règle exige, après la
conjonction, l'imparfait du subjonctif de la première conjugaison. Il faut
dès lors opter entre un solécisme et une forme souvent pédantesque,
dissonante, parfois ridicule et sentant la pose d'une lieue.

On évitera donc à la fois des lourdeurs de style et certaines difficultés
grammaticales si l'on s'attache à supprimer les conjonctions de
subordination, chaque fois qu'on le pourra sans altérer en rien le sens de
la phrase.

Les moyens orientés vers ce but se classent en deux catégories :

Les procédés généraux, applicables à toute espèce de conjonctions
subordonnantes ;
Les procédés spéciaux, applicables à une seule espèce de conjonctions
subordonnantes ;
Les parce que, quoique, etc., n'étaient si fréquents dans notre ancienne
langue que par imitations du latin.
LES PROCÉDÉS GÉNÉRAUX


On remplace le verbe ou l'attribut de la proposition subordonnée par un
substantif, le plus souvent abstrait. Dès lors la conjonction disparaît.

Le substantif en question peut être, soit sujet, soit complément direct,
indirect ou circonstanciel.

N.B. Ce genre du substitution peut entraîner le changement du verbe de la
proposition principale, et quelquefois aussi d'autres modifications.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer le verbe ou l'attribut de la
proposition subordonnée par un substantif :

· Parce qu'ils étaient ignorants, ils étaient encore plus orgueilleux.
Réponse : Leur ignorance ajoutait à leur orgueil.

· Parce que nous n'avons pas de document positifs, nous ne pouvons rien
affirmer.
Réponse : L'absence de documents positifs nous défend toute affirmation.

· Parce que chaque jour les cours baissent ou montent, vous devez prendre
des précautions.
Réponse : Les fluctuations quotidiennes des cours vous imposent des
précautions.

· Parce que vous manquez de suite dans votre conduite, vous ne réussirez
pas.
Réponse : L'inconséquence de votre conduite vous empêchera de réussir.

· Tels sont les secours que je réclame de Dieu, parce que je suis faible.
Réponse : Tels sont les secours que réclame de Dieu ma faiblesse.

· Comme ils avaient les mêmes convoitises, ils se rapprochèrent.
Réponse : La communauté des convoitises les rapprocha.

· Comme il était gourmand, il voulait des mets recherchés.
Réponse : Sa gourmandise voulait des mets recherchés.

· Comme il n'est pas ici, je ne puis rien révéler.
Réponse : Son absence m'interdit toute révélation.

· Comme leur accueil est très agréable, les étrangers restent longtemps chez
eux.
Réponse : L'aménité de leur accueil retient longtemps les étrangers.

· Lorsqu'on travaille, on ne s'ennuie pas.
Réponse : Le travail est une ressource contre l'ennui.
* * * *
Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction par l'emploi du
substantif :

· Lorsque nous étions tout petits.
Réponse : Dans notre enfance.

· Pendant que j'étais dans cette ville.
Réponse : Pendant mon séjour dans cette ville.

· Cette mauvaise traduction a été faite sans qu'on fit attention au
contexte.
Réponse : Cette mauvaise traduction a été faite sans égard au contexte.

· Tout lui réussit selon qu'il le souhaite.
Réponse : Tout lui réussit à souhait.

· Notre ouvre prospéra plus que nous ne l'avions espéré.
Réponse : Notre ouvre prospéra au delà de nos espérance.

· Tout va selon que vous le désirez.
Réponse : Tout va selon vos désirs.

· Ces doctrines méritent que nous les réprouvions.
Réponse : Ces doctrines méritent notre réprobations.

· Je me réjouis que vous réussissiez.
Réponse : Je me réjouis de votre succès.

· On admet que cette lettre est authentique.
Réponse : On admet l'authenticité de cette lettre.

· Ton petit garçon demande que, lorsque tu reviendras, tu lui rapportes
quelque chose.
Réponse : Ton petit garçon réclame un cadeau à ton retour.

· Rome permit que les Lyciens se gouvernassent par leurs propres lois.
Réponse : Rome accorda aux Lyciens l'autonomie.
* * * *
Dans les phrases suivantes, supprimer les deux conjonctions au moyen de deux
substantifs, l'un sujet, l'autre complément :

· Il est indispensable que la question se règle avant que votre bail expire.
Réponse : Le règlement de la question s'impose avant l'expiration de votre
bail.

· Pour que l'emprunt soit complètement remboursé, il faudra que les Chambres
ouvrent un crédit spécial.
Réponse : Le remboursement complet de l'emprunt exigera des Chambres
l'ouverture d'un crédit spécial.

· S'il est fort, c'est parce que votre nom influe en sa faveur.
Réponse : Sa force tient à l'influence de votre nom.

· Lorsque je regarde vos dévastations, je comprends que toute votre gloire
n'est rien.
Réponse : Le spectacle de vos dévastations me montre le néant de toute votre
gloire.

· Quand je lis attentivement ces pièces, je reconnais malgré tout que c'est
à bon droit qu'on vous a condamné.
Réponse : La lecture attentive de ces pièces me prouve malgré tout la
justice de votre condamnation.
* * * *

Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction de subordination par
l'emploi de la forme expositive impérative :

· Lorsque vous lui aurez écrit, il accourra.
Réponse : Écrivez-lui, il accourra.

· Lorsque tu auras reçu mon messager, tu verras ce que tu auras à faire.
Réponse : Reçois d'abord mon messager, tu verras ce que tu auras à faire.

· Bien qu'on vous critique, il est bon que vous poursuiviez votre ouvrage,
et il n'est pas douteux que vous ne réussissiez.
Réponse : Moquez-vous des critiques, poursuivez votre ouvrage, et soyez sûr
du succès.

· Le savoir a son prix, quoi qu'en disent les sots.
Réponse : Laissez dire les sots, le savoir a son prix (La Fontaine).

· Je tiens à ce que vous marchiez plus vite.
Réponse : Marchez plus vite, j'y tiens.

· Mon ami, je désirerais que vous portassiez ces lettres à la poste.
Réponse : Mon ami, veuillez porter ces lettres à la poste.

· Pour qu'on ne se glorifie pas des avantages d'autrui, mais plutôt qu'on
mène une vie conforme à sa condition, Esope nous a transmis cet exemple.
Réponse : Ne vous glorifiez pas des avantages d'autrui, mais plutôt menez
une vie conforme à votre condition. Voici, à ce sujet, un exemple transmis
pas Esope.
* * * *

Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction de subordination par
l'emploi de la forme expositive exclamative :

· Je vous croyais mon ennemi ; je vois que je me trompais grossièrement.
Réponse : Je vous croyais mon ennemi. Quelle erreur !

· Telle est son impudence qu'il ose vous accuser.
Réponse : Quelle impudence ! Il ose vous accuser.

· Il faut avouer que les peuples ainsi gouvernés sont heureux.
Réponse : Heureux les peuples ainsi gouvernés !

· Si l'on s'adonne aux mauvaises lectures, il est impossible qu'on reste
vertueux.
Réponse : Si l'on s'adonne aux mauvaises lectures, adieu la vertu !

· Ces âmes sont tellement aveuglées par l'orgueil qu'elles ne veulent
demander aucune consolation.
Réponse : O aveuglement de l'orgueil ! Ces âmes ne veulent demander aucune
consolation.

· Je remercie Dieu de ce que je revois enfin mon village et mes vieux
parents.
Réponse : Dieu soit loué ! Je revois enfin mon village et mes vieux parents.

· Il faut que vous preniez patience et que vous ayez du courage. Vous
réussirez.
Réponse : Patience et courage ! Vous réussirez.

· Maintenant il est tombé au point que de millionnaire il est devenu simple
domestique.
Réponse : Quelle chute ! Le voilà, de millionnaire, devenu simple
domestique.
* * * *

COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS CONCESSIVES, QUOIQUE, BIEN QUE, ENCORE
QUE.

Pour supprimer les conjonctions quoique, bien que, encore que :

- Employez les préposition contre (obstacle idéal ou moral) ; malgré
(obstacle de fait) ; ou la locution prépositive en dépit de (s'il s'agit
d'une opposition qu'on affecte de mépriser).

- On peut aussi se servir de l'expression avoir beau suivie de l'infinitif.

- On place en tête de la proposition principale l'une des locutions mais
pourtant, mais cependant, et néanmoins, toutefois.

Il va sans dire qu'on peut sous-entendre mais devant pourtant, cependant,
sous-entendre et devant néanmoins, toutefois. Dans ce cas, l'opposition se
marque avec moins d'énergie.

Cependant, pourtant contribuent à détruire ce qui vient d'être dit ; ils
marquent une contradiction. Néanmoins, toutefois marquent une simple
modification, qui ne va pas jusqu'à supprimer la proposition antécédente.
Cependant, moins absolu que pourtant, affirme seulement contre les
apparences contraires. Néanmoins renchérit un peu sur toutefois. Il pose une
assertion en face d'une autre, et maintient celle-là comme celle-ci.
Toutefois se borne à poser une exception à côté de la règle.

- On supprime quoique, bien que, en tête de la subordonnée. Au besoin, on
intervertit l'ordre des deux propositions.

- Si les deux propositions ont le même sujet, et que la principale soit
négative ou restrictive, on peut remplacer quoique, bien que, par le mot
pour suivi de l'infinitif.

- Bien que, quoique, ne peut pas, dans certains cas, céder la place à la
préposition sans suivie d'un verbe à l'infinitif présent ou passé (ce
changement nécessite parfois celui du verbe).
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer les conjonctions quoique, bien que,
encore que, par les prépositions contre, malgré, en dépit de :


· Il s'y est décidé bien que je fusse d'avis contraire.
Réponse : Il s'y est décidé contre mon avis.

· Aujourd'hui il travaille, bien qu'il soit habitué à ne pas le faire.
Réponse : Aujourd'hui il travaille, contre son habitude.

· Il sera élu, quoiqu'il ne soit pas ici.
Réponse : Il sera élu, malgré son absence.

· Quoique je désire vivement vous accompagner, je suis retenu chez moi par
mes affaires.
Réponse : Malgré mon vif désir de vous accompagner, je suis retenu chez moi
par mes affaires.

· Bien que toutes les lois le défendissent et que le Sénat s'y opposât, il
reçut du peuple deux consulats consécutifs.
Réponse : Contre toutes les lois et malgré le Sénat, il reçut du peuple deux
consulats consécutifs.

· Bien que la calomnie vous ait attaqué, votre honneur reste intact.
Réponse : En dépit de la calomnie, votre honneur reste intact.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les conjonctions QUOIQUE, BIEN QUE,
par la préposition AVOIR BEAU suivi de l'infinitif :

· Bien qu'il se remue, il échouera.
Réponse : Il a beau se remuer, il échouera.

· Quoiqu'on lui donne beaucoup, il n'a jamais rien.
Réponse : On a beau lui donner, il n'a jamais rien.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUOIQUE, BIEN QUE, par le mot POUR
suivi de l'infinitif :

· Vous êtes bien ignorants, quoique vous ayez tant étudié.
Réponse : Vous êtes bien ignorants, pour avoir tant étudié.

· Bien qu'il ait accompli de si belles actions, il se défend avec peu de
courage.
Réponse : Pour avoir accompli de si belles actions, il se défend avec peu de
courage.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS CAUSALES DE SUBORDINATION, PARCE QUE,
COMME, ATTENDU QUE, VU QUE.

- Aux conjonctions causales de subordination on substitue parfois une
préposition suivie d'un substantif : à, par, sur, devant, en, vu, attendu,
sous, grâce à (cette dernière se prend toujours en bonne part).

- Si la proposition subordonnée précède la principale, on supprime la
conjonction causale en tête de la première, et l'on place en tête de la
seconde la conjonction de coordination aussi.

- Si la subordonnée a le même sujet que la principale et marque un fait
antérieur, la conjonction causale peut céder la place à la préposition pour
suivie du passé de l'infinitif.

- Si la subordonnée suit la principale, il suffit parfois de substituer à la
conjonction causale les deux points, signe de ponctuation qui équivaut alors
à voici pourquoi.

- Si la subordonnée suit la principale, a-t-on le droit de substituer un car
à un parce que ? En principe, non. Ces deux termes ne sont pas synonymes.

Parce que est une conjonction causale explicative, annonçant le pourquoi
d'un fait.
Car est une conjonction causale démonstrative, annonçant le preuve d'une
assertion ; elle sert à convaincre.

Si donc on vise à une propriété rigoureuse d'expression, s'il s'agit, par
exemple, de motiver un fait, soit en histoire, soit dans les sciences
physiques ou naturelles, le mot car ne saurait sans impropriété remplacer la
conjonction parce que.

Ainsi l'on dira : L'éther soulage la douleur d'une brûlure parce qu'il se
vaporise très promptement.
Ici la conjonction annonce qu'on va rendre raison dudit phénomène.
Le rapport des idées ne serait plus le même sous cette autre formule.
Ici la conjonction tend à établir que vraiment l'éther soulage la douleur en
question. Démonstration parfaitement inutile pour un fait d'observation
journalière.
Néanmoins la conjonction parce que se prend quelquefois par extension pour
signifier la confirmation de ce qui a été avancé. Dès lors on la remplace
avantageusement par un car.

- Parce que.ne pas se remplace souvent par la locution faute de, suivie d'un
infinitif ou d'un substantif.
* * * *

Aux conjonctions causales de subordination suivantes, substituer une
préposition suivie d'un substantif :

· Nous sommes ici parce que le peuple le veut.
Réponse : Nous sommes ici par la volonté du peuple.

· Je le crois parce que vous le dites.
Réponse : Je le crois sur votre parole.

· Je le sais parce que je l'ai éprouvé.
Réponse : Je le sais par expérience.

· Comme il insistait, je ne savais que décider.
Réponse : Devant son insistance je ne savais que décider.

· Il ouvrit ce cahier parce qu'il n'avait rien à faire.
Réponse : Il ouvrit ce cahier par désouvrement.

· La confiance renaît parce qu'il est probable qu'on aura une bonne récolte.
Réponse : La confiance renaît sur la perspective d'une bonne récolte.

· Parce que vous m'avez prêté votre concours, j'ai réussi.
Réponse : Grâce à votre concours j'ai réussi.

· On l'a mis en retraite parce qu'il l'a demandé.
Réponse : On l'a mis en retraite sur sa demande.

· Vous avez agi parce que les circonstances vous y ont contraint.
Réponse : Vous avez agi sous la pression des circonstances.

· Il a mérité sa grâce parce qu'il s'est repenti.
Réponse : Il a mérité sa grâce par son repentir.
* * * *

À la proposition subordonnée précédant la principale, supprimer la
conjonction causale en tête de la première, et placer en tête de la seconde
la conjonction de coordination AUSSI :

· Parce que je suis tombé dans la misère, mes faux amis m'ont abandonné.
Réponse : Je suis tombé dans la misère, aussi mes faux amis m'ont abandonné.

· Comme la récolte est bonne, mes dettes seront payées.
Réponse : La récolte est bonne ; aussi mes dettes seront payées.

· Parce qu'il travaille, il fait des progrès.
Réponse : Il travaille, aussi fait-il des progrès.

· Parce qu'on apprécie peu la valeur du temps, on le prodigue.
Réponse : On apprécie peu la valeur du temps ; aussi le prodigue-t-on.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer la conjonction causale par la
préposition POUR suivie du passé de l'infinitif :

· Il a échoué parce qu'il avait négligé la géographie.
Réponse : Il a échoué pour avoir négligé la géographie.

· Je le sais parce que je l'ai éprouvé.
Réponse : Je le sais pour l'avoir éprouvé.

· Ils ont vaincu parce qu'ils s'étaient crus vainqueurs.
Réponse : Ils ont vaincu pour s'être crus vainqueurs.

· Il perd la tête parce qu'il a gagné un peu d'argent.
Réponse : Il perd la tête pour avoir gagné un peu d'argent.

· Parce qu'il a écrit quelques odes plutôt médiocres, il se croit un grand
poète.
Réponse : Pour avoir écrit quelques odes plutôt médiocres, il se croit un
grand poète.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer à la conjonction causale les deux
points :

· Je le crains, parce qu'il es perfide.
Réponse : Je le crains : il est perfide.

· Je suis pauvre, parce que la guerre m'a ruiné.
Réponse : Je suis pauvre : la guerre m'a ruiné.

· Nous nous regardions interdits et désolés, parce que le feu était si
ardent qu'on n'osait en approcher.
Réponse : Nous nous regardions interdits et désolés : le feu était si ardent
qu'on n'osait en approcher.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer PARCE QUE. NE PAS par la locution
FAUTE DE suivie d'un infinitif ou d'un substantif :

· Parce qu'il ne me connaît pas, il s'emporte, il s'égare.
Réponse : Faute de me connaître, il s'emporte, il s'égare (Corneille).

· Il a échoué parce qu'il n'avait pas d'argent.
Réponse : Il a échoué faute d'argent.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS TEMPORELLES QUAND, LORSQUE, DÈS QUE,
ETC.

1. On les remplace par la locution prépositive lors de, suivie d'un
substantif.

2. On emploie l'une des prépositions à, pendant, dès, dans, en, sous suivie
d'un substantif.

3. À une proposition commençant par lorsque, quand, on substitue parfois un
participe passé ou même une proposition participe, avec ou sans la locution
une fois (évitez les ayant, les étant, et en général les participes
présents).

4. Devant un passé composé antérieur ou un futur antérieur, la conjonction
lorsque (quand) peut quelquefois céder la place à la préposition après,
suivie d'un nom abstrait ou d'un verbe à l'infinitif passé.

5. Pour supprimer quand on en tête d'une phrase, mettez le verbe suivant à
l'infinitif - mettez aussi à l'infinitif le verbe de la proposition
principale - puis unissez les deux membres de phrase par c'est.

6. Parfois la proposition qui commence par les mots quand on, se remplace
par un substantif sujet, suivi ou non d'un complément.

7. Quand même (quand bien même), avec le conditionnel présent ou passé, se
supprime sans la moindre difficulté : il suffit d'employer l'imparfait ou le
plus-que-parfait du subjonctif sous la forme interrogative.

8. Quand bien même il faudrait. se remplace bien, dans certaines
constructions, par l'expression sauf à, quitte à suivie de l'infinitif.
* * * *
Substituer aux conjonctions temporelles la locution prépositive LORS DE,
suivi d'un substantif :

· Lorsqu'il naquit.
Réponse : Lors de sa naissance.

· Lorsqu'il se maria.
Réponse : Lors de son mariage.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer aux conjonctions temporelles par une
préposition suivi d'un substantif :

· Lorsqu'il entendit ces mots, il se troubla.
Réponse : À ces mots, il se troubla.

· Les mots viennent tout seuls lorsque le talent les appelle.
Réponse : Les mots viennent tout seuls à l'appelle du talent.

· Je l'ai trouvée mieux que quand elle est partie.
Réponse : Je l'ai trouvée mieux qu'à son départ.

· Quand il fait très chaud, nous habitons ce cottage.
Réponse : Dans les grandes chaleurs, nous habitons ce cottage.

· Lorsque nous dormons, notre imagination bat la campagne.
Réponse : Pendant le sommeil, notre imagination bat la campagne.

· Nous soignerons nos parents, lorsqu'ils seront devenus vieux.
Réponse : Nous soignerons nos parents, pendant leur vieillesse.

· Dès qu'il fut revenu, il vint me trouver.
Réponse : Dès son retour, il vint me trouver.

· Je ne puis être heureux lorsque mon ennemi m'opprime.
Réponse : Je ne puis être heureux sous l'oppression de mon ennemi.
* * * *
Substituer la proposition par un participe passé ou une proposition
participe, avec ou sans la locution UNE FOIS :

· Quand ils furent délivrés des barbares, les Italiens.
Réponse : Une fois délivrés des barbares, les Italiens.

· Quand les oiseaux sont en liberté, ils trouvent toujours de quoi se
nourrir.
Réponse : Laissés en liberté, les oiseaux trouvent toujours de quoi se
nourrir.

· Lorsque je serai parti, je ne reviendrai plus.
Réponse : Une fois parti, je ne reviendrai plus.

· Lorsque la bataille sera engagée, j'accourrai à votre aide.
Réponse : Une fois la bataille engagée, j'accourrai à votre aide.

· Lorsqu'il eut pris sa résolution, il.
Réponse : Une fois sa résolution prise, il.
* * * *
Substituer la conjonction LORSQUE et QUAND par la préposition APRÈS suivi
d'un nom abstrait ou d'un verbe à l'infinitif passé :

· Lorsque la loi eut été adoptée.
Réponse : Après l'adoption de la loi.

· Quand la ville eut été prise et détruite.
Réponse : Après la prise et la destruction de la ville.

· On ne connaît un homme que lorsqu'on l'a étudié par soi-même.
Réponse : On ne connaît un homme qu'après l'avoir étudié par soi-même.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer la proposition par un substantif
sujet, suivi ou non d'un complément :

· Quand on fait des lois, on ne doit s'inspirer que de l'intérêt général.
Réponse : Le législateur ne doit s'inspirer que de l'intérêt général.

· Quand on est absent, on a toujours tort.
Réponse : Les absents ont toujours tort.

· Quand on est vertueux, on combat continuellement.
Réponse : La vertu est un combat continuel.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS SI, POURVU QUE.

La conjonction si n'a rien de lourd par elle-même, mais elle peut
occasionner des lourdeurs : tantôt elle s'enchevêtre avec d'autres
conjonctions de subordination, tantôt elle amène un verbe qui traîne avec
soi tout un cortège de pronoms et d'adverbes.

1. On la remplace par la locution en cas de, suivi d'un substantif.

2. Devant une principale dont le verbe est à l'indicatif, la conditionnelle
cède volontiers la place, en tête de la phrase, à une proposition de forme
interrogative.

3. Quelquefois une subordonnée commençant par si l'on peut se remplacer par
un infinitif avec la préposition à.

4. Dans certains cas, on peut substituer à une proposition conditionnelle un
simple participe (dit participe hypothétique). Il qualifie toujours le sujet
de la phrase.

5. Ainsi qu'on l'a vu plus haut (procédés généraux), certaines propositions
conditionnelles cèdent aisément la place à un impératif.

6. Si ne. se remplace aisément (sauf exceptions) par la préposition sans et
un substantif.

7. Quand à la conjonction pourvu que, on y substitue quelquefois la
préposition moyennant suivie d'un substantif.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la conjonction par la locution EN CAS
DE, suivi d'un substantif :

· S'il arrive un malheur, je vous aiderai.
Réponse : En cas de malheur, je vous aiderai.

· S'il survient une faillite, vous êtes couvert.
Réponse : En cas de faillit, vous êtes couvert.

· S'il survient un incendie, vous me préviendrez.
Réponse : En cas d'incendie, vous me préviendrez.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la conjonction par une proposition de
forme interrogative :

· S'il a besoin d'argent, il vient me trouver.
Réponse : A-t-il besoin d'argent, il vient me trouver.

· S'il garde le silence, vous haussez les épaules.
Réponse : Garde-t-il le silence, vous haussez les épaules.

· Si l'on trouvait quelque chose de gâté, on s'en prenait à lui.
Réponse : Trouvait-on quelque chose de gâté, on s'en prenait à lui.

· Si les oies et les sarcelles arrivaient en abondance, on savait que
l'hiver serait long.
Réponse : Les oies et les sarcelles arrivaient-elles en abondance, on savait
que l'hiver serait long.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer la subordonnée par un infinitif avec
la préposition À :

· Si l'on en juge par ses plaintes, il ne put jamais se résigner à l'exil.
Réponse : À en juger par ses plaintes, il ne put jamais se résigner à
l'exil.

· Le mensonge éclate, si l'on examine bien la situation.
Réponse : Le mensonge éclate, à bien examiner la situation.

· Si on l'entend parler, on le croit savant.
Réponse : À l'entendre parler, on le croit savant.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer à une proposition conditionnelle un
simple participe :

· Sa vertu n'est rien, s'il faut la comparer à la vôtre.
Réponse : Sa vertu n'est rien, comparée à la vôtre.

· Il ne reviendra ici que si on l'a payé.
Réponse : Il ne reviendra ici qu'une fois payé.

· Si on l'accuse, il fuira.
Réponse : Accusé, il fuira.

· Si vous l'attachiez à votre service, il vous donnerait toute satisfaction.
Réponse : Attaché à votre service, il vous donnerait toute satisfaction.

· S'il devait comparaître en justice, il serait moins effronté.
Réponse : Traduit en justice, il serait moins effronté.
* * * *

Substituer par un impératif les propositions conditionnelles dans les
phrases suivantes :

· Si vous lisez Homère, vous êtes charmé.
Réponse : Lisez Homère, vous êtes charmé.

· Si vous interrogez les sages, ils vous diront tous que le bonheur est dans
la vertu.
Réponse : Interrogez les sages, ils vous diront tous que le bonheur est dans
la vertu.
* * * *

COMMENT ON SUPPRIME LA LOCUTION NE.QUE.

À la locution ne.que il est souvent aisé de substituer l'un des verbes
suivants :
Borner, renfermer, restreindre, réserver, se contenter de, s'en tenir à,
s'arrêter à.

Et quelquefois : se cantonner dans, localiser dans, circonscrire dans.

Pour supprimer un ne.que, on emploie aussi l'un des adjectifs seul, unique,
exclusif.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la locution NE.QUE par un verbe
approprié :

· Nous devons ne donner que quelques préceptes.
Réponse : Nous devons nous borner à quelques préceptes.

· Ces poètes n'ont étudié que le cour humain.
Réponse : Ces poètes se sont renfermés dans l'étude du cour humain.

· La Fontaine n'applique cette fable qu'aux petits souverains qui prennent
les rois pour arbitres.
Réponse : La Fontaine restreint l'application de cette fable aux petits
souverains qui prennent les rois pour arbitres.

· Souvent un père n'inflige qu'une punition légère.
Réponse : Souvent un père se contente d'une punition légère.

· Si cette maison ne disposait que de ses propres ressources, elle ne
tiendrait pas longtemps.
Réponse : Limitée à ses propres ressources, cette maison ne tiendrait pas
longtemps.

· On fera en sorte que l'épidémie n'atteigne que ce village.
Réponse : On fera en sorte de localiser l'épidémie dans ce village.
* * * *
Supprimer la locution NE. QUE par un des adjectifs suivant : seul, unique,
exclusif, dans les phrases suivantes :

· Il n'y a que vous dans la famille qui me refusiez votre adhésion.
Réponse : Seul dans la famille vous me refusez votre adhésion.

· On ne peut me reprocher qu'une chose, c'est d'y voir clair la nuit.
Réponse : Mon seul tort est d'y voir clair la nuit.

· Je vois qu'il n'y a que vous qui me souteniez.
Réponse : Je vois en vous mon unique soutien.

· Vous empiétez sur des attributions qui n'appartiennent qu'à l'autorité
municipale.
Réponse : Vous empiétez sur les attributions exclusives de l'autorité
municipale.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LE QUE CONSÉCUTIF.

Le que dit consécutif fait suite à l'un des adverbes tellement, tant, si.

Voici quelques moyens de l'éliminer et de supprimer avec lui, dans la
plupart des cas, l'adverbe dont il dépend :

1. Jusqu'à suivi de l'infinitif (ou parfois d'un substantif).
2. Au point de suivi de l'infinitif.
3. (Quelquefois) Assez pour, suivi de l'infinitif.
4. On intervertit l'ordre des deux propositions : la première, rejetée au
bout de la période et devenue exclamative, commence par l'adverbe tant, le
que disparaît. Ce genre d'exclamation prend le nom d'épiphonèmène.

Remarque : Évidemment l'application de ces divers procédés exige l'unité du
sujet pour les deux propositions. De là quelquefois la nécessité de changer
le second verbe.
* * * *
Substituer le QUE consécutif par la préposition JUSQU'À suivi de l'infinitif
(ou parfois d'un substantif) dans les phrases suivantes :

· L'Homme-Dieu nous a tellement aimés qu'il est mort pour nous.
Réponse : L'Homme-Dieu nous a aimés jusqu'à mourir pour nous.

· Ces pauvres femmes seront si alarmées qu'elles perdront l'esprit.
Réponse : Ces pauvres femmes seront alarmées jusqu'à perdre l'esprit.

· Cet enfant courra tant qu'il tombera épuisé.
Réponse : Cet enfant courra jusqu'à tomber épuisé.

· Un style si grandiose qu'il en devient emphatique.
Réponse : Un style grandiose jusqu'à l'emphase.
* * * *

Substituer le QUE consécutif en le remplaçant par AU POINT DE, suivi de
l'infinitif dans les phrases suivantes :

· Je sais que vous l'avez tant estimé que vous lui avez confié votre fortune
tout entière.
Réponse : Je sais que vous l'avez estimé au point de lui confier votre
fortune tout entière.

· On dit qu'il est si riche qu'il ignore le montant de sa fortune.
Réponse : On le dit riche au point d'ignorer le montant de sa fortune.

· Je crains que mon fils ne se montre tellement paresseux qu'il exaspère
tous ses maîtres.
Réponse : Je crains que mon fils ne se montre paresseux au point d'exaspérer
tous ses maîtres.
* * * *

Substituer le QUE consécutif en le remplaçant par ASSEZ POUR, suivi de
l'infinitif dans les phrases suivantes :

· Cet avocat avait tant de mémoire qu'il se rappelait toutes les paroles de
ses adversaires.
Réponse : Cet avocat avait assez de mémoire pour se rappeler toutes les
paroles des ses adversaires.

· Quel est l'homme tellement misérable qu'il ne se ressente pas de la
munificence de Dieu ?
Réponse : Quel est l'homme assez misérable pour ne pas se ressentir de la
munificence de Dieu ?

· Avez-vous donc tant de loisir que vous puissiez vous occuper des affaires
d'autrui ?
Réponse : Avez-vous donc assez de loisir pour vous occuper des affaires
d'autrui ?

· L'esprit humain n'est jamais si subtil qu'il puisse pénétrer le ciel et la
terre.
Réponse : L'esprit humain n'est jamais assez subtil pour pénétrer le ciel et
la terre.
* * * *
La_stylistique_francaise_par_E_Legrand
(http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Style)
STYLISTIQUE FRANÇAISE

Source : E. Legrand, Stylistique Française, 4e édition, J. de Gigord,
Éditeur, Paris, 1928. Extraits.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES
Pour établir les principes qui serviront de base à notre méthode, nous
étudierons successivement :

· Les conditions essentielles du style littéraire;
· Les caractères spéciaux de la langue française.

Distinguons d'abord le style scientifique du style littéraire, l'objet
particulier de nos études.
Le premier s'adresse avant tout à la raison. Il a pour qualités nécessaires
et suffisantes la clarté et la précision.

Exemple et modèle : Claude Bernard.
Le second s'adresse en outre à l'imagination et au sentiment musical. À la
clarté et à la précision il joint la couleur et l'harmonie, ses deux
qualités distinctives. Il offre à l'imagination une galerie de peintures et
à l'oreille " un heureux choix de mots harmonieux ".
Exemple et modèle : Chateaubriand.
Telles sont en deux mots les notions fondamentales dont il faut s'inspirer
pour apprendre l'art d'écrire.
Voyons comment on réussit à les appliquer.

A) Couleur.

Mme de Sévigné disait de La Fontaine : Cela est peint. Magnifique éloge, et
digne de tenter quiconque aspire à un certain talent de plume.
Pour bien peindre, que faut-il? Où sont les ressources? Où sont les
obstacles?
Tous les mots, quels qu'ils soient, peuvent à l'occasion trouver place dans
certaines combinaisons de nature à faire image. Néanmoins il existe des
termes incolores par eux-mêmes. Ce sont :

1. les verbes et substantifs d'un sens très-étendu, tels que chose, hommes,
gens, personnes, faire, dire, meure, avoir, dire, mettre, avoir,
être.Expressions fort vagues de leur nature, oblitérées par un usage voisin
de l'abus, maintenant réduites à l'état de médailles frustes.

2. le pronom (qui représente le substantif à peu près comme un morceau de
carton tient lieu d'une pièce d'or).

3. les mots invariables, notamment les adverbes et les conjonctions.

De toute évidence, nul ne saurait se passer de tels mots, si ternes qu'on
les trouve, mais le véritable écrivain en usera avec réserve, les enchâssera
avec adresse, travaillera à en réduire le nombre, supprimera les uns,
remplacera les autres. Il s'entend d'ailleurs à butiner dans les régions du
vocabulaire où fleurit le pittoresque. Ici les ressources ne sauraient lui
manquer : substantifs d'une portée suffisamment précise, adjectifs
qualificatifs, verbes et surtout verbes intransitifs, participes adjectifs
s'offriront à l'envi pour enrichir sa palette des teintes les plus
brillantes et les plus variées.

Remarque. - La préposition, exprimant un simple rapport, serait-elle plus
colorée que l'adverbe ou la conjonction? Nullement. Toutefois, " parmi les
termes de rapport, les prépositions trouvent grâce, petits mots de quelques
lettres qui, en un clin d'oil, peuvent accrocher des substantifs et toute
une bande d'adjectifs ou de participes ". (Lanson.)
Aussi remplace-t-on avec avantage une conjonction par une préposition.
(Surtout une conjonction subordonnante.)

B) Harmonie.

En second lieu, rappelez-vous qu'en prose comme en vers,
La plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée. (Boileau.)

Nombreux et variés sont les obstacles à l'euphonie. Contentons-nous d'en
signaler deux, les plus difficiles à éviter :
L'accumulation des gutturales (qui, que, quoique, en cas que, etc.) ;
L'abus des terminaisons nasales (participes présents - adverbes en ment).

Nous n'envisageons ici que l'harmonie dite mécanique. Il en est une d'un
ordre supérieur, celle qui consiste à peindre par les sous. Elle relève
avant tout d'un sens littéraire délicat et se dérobe à toute espèce de
théorie.

Si maintenant on examine les caractères spéciaux de la langue française, on
aboutit par des voies toutes différentes à des conclusions sinon pareilles,
du moins analogues, en fait de procédés pratiques.

Commençons par énoncer un principe général.
Parmi les dix parties du discours, les deux principales, le substantif et le
verbe, constituent, de par les lois mêmes de la pensée, deux centres
d'attraction. Il semble que tous les mots d'un idiome se trouvent partagés
en deux chours, chargés d'exécuter les deux parties d'une symphonie, sous la
direction de deux coryphées, le substantif et le verbe.

Le substantif groupe autour de lui :
1. L'article (défini ou indéfini).
2. Un autre substantif (en apposition).
3. L'adjectif.
4. La préposition.

Le verbe, de son côté, tient sous sa dépendance :
1. Le pronom, suppléant du substantif auprès du verbe.
2. L'adverbe, autrement dit l'adjectif du verbe.
3. La conjonction, qui relie deux propositions et par conséquent deux
verbes.

Cela posé, voici un fait d'une importance capitale :
A la différence du latin, notre langue tend à faire prédominer sur le verbe
et son groupe le substantif et son groupe.

Pour en donner un exemple frappant, il nous suffira d'un parallèle entre
deux petites phrases.
On parle d'accusés qui d'abord s'étaient refusés à tout aveu .....
Ils cédèrent parce qu'on leur promit formellement qu'ils ne seraient pas
punis.
Style écolier. C'est lourd et peu français.

Autre rédaction :
Ils cédèrent à une promesse formelle d'impunité.
Progrès incontestable. C'est ferme, élégant, définitif.
Que s'est-il donc passé? D'où provient l'amélioration?
La première formule comprend trois verbes : cédèrent - promit - seraient
punis.
La seconde n'en comprend qu'un : cédèrent.
Le verbe promit s'environne d'un assez nombreux cortège. On y trouve :
Une conjonction, parce que - deux pronoms, on, leur - un adverbe,
formellement.
A son tour, le verbe passif seraient punis traîne avec soi :
La conjonction que;
Le pronom ils; - l'adverbe négatif ne pas.

Dans la seconde rédaction, le substantif promesse, substitué an verbe
promit, se présente accompagné de la préposition à - de l'article indéfini
une - et de l'adjectif formelle.

Quant au substantif impunité, tenant lieu du verbe passif, il prend comme
introductrice la préposition de, et contient un préfixe privatif,
l'équivalent de l'adverbe ne pas.
Somme toute, qu'a-t-on changé? Par deux fois on a remplacé le verbe et sa
suite par le substantif et ses satellites grammaticaux
Qu'en est-il résulté? Une tournure vraiment française.

En résumé, n'employez qu'avec réserve les pronoms, les adverbes, les
conjonctions, les verbes être, avoir, faire, dire, etc. et autres platitudes
analogues, qui viennent d'elles-mêmes se jeter sous la plume, comme pour
dispenser l'écrivain novice de courir à la recherche du mot propre ou du
tour élégant.
Que l'on nous comprenne bien.
Après tout, les termes en question demeurent indispensables dans la langue.
Prétendre les frapper d'interdiction serait puéril, voire même insensé.
Par contre, il importe au dernier point d'en éviter l'abus.
Accumulez dans une période de cinq lignes trois qui, autant de que, un
puisque, un lorsque, un quoique, quatre adverbes en ment, deux participes
présents, deux fois le verbe être, deux fois le verbe faire, deux fois le
verbe avoir. Qu'obtenez-vous? Une phrase dissonante, lourde, fastidieuse à
lire, voisine du galimatias, une malheureuse phrase où foisonnent les
scories.

" Que trouver à leur place? " gémira tel élève. Ai-je donc tant d'autres
mots à ma disposition?" Questions toutes naturelles. Souvent l'enseignement
du style se condamne à rester négatif. Trop soigneux de proscrire ce qu'il
ne faut pas mettre, il oublie de prescrire ce qu'il faut mettre.
Ce petit ouvrage vise un double objectif :
Indiquer aux apprentis écrivains les procédés à suivre pour se corriger de
tous les défauts précités;
Leur fournir un répertoire de mots et d'expressions nécessaires pour
l'application de ces procédés.
Il y a plus. A force de voir, dans les listes ci-après, un seul et même
terme successivement remplacé par tant d'autres appropriés au contexte, on
acquerra peu à peu, avec l'art délicat des nuances, le sens du mot juste
autant que pittoresque, et l'on comprendra par expérience la profonde vérité
de cette réflexion de La Bruyère : " Entre toutes les différentes
expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n'y en a qu'une
qui soit la bonne. "
N'exagérons rien. Les connaissances qu'on puisera dans ce cours sont
précieuses, pour ne pas dire essentielles. Suffiront-elles à former le
parfait écrivain? Non. Elles constituent la technique élémentaire de l'art
d'écrire. Or des procédés de style, si ingénieux qu'on les suppose, ne
suppléeront jamais à la formation du goût par l'étude. approfondie des
modèles.
Pourquoi donc?
Impossible d'assimiler en rien les préceptes littéraires aux règles
d'arithmétique. Celles-ci demeurent toujours applicables, mais non pas
ceux-là. Seul un goût délicat et suffisamment exercé discerne à coup sûr les
cas particuliers où tel procédé de style, d'ailleurs recommandable en
lui-même, deviendrait choquant ou du moins compromettrait l'effet à
produire.
Exemple : Au troisième acte d'Athalie, Mathan, de la part de la reine, vient
solliciter de Josabeth un entretien où il la sommera de livrer le petit
Joas. Il débute sur un ton mielleux, affectant de parler comme s'il ne
demandait presque rien :

De votre obéissance elle ne veut qu'un gage :
C'est, pour l'en détourner j'ai fait ce que j'ai pu,
Cet enfant sans parents, qu'elle dit qu'elle a vu.

Ici certains commentateurs s'indignent et se récrient : Vers prosaïque et
lourd. - Disgracieuse cacophonie. Ici Louis Racine lui-même se mêle de
corriger son père : "J'aimerais mieux: Qu'elle dit avoir vu. " Toutes ces
critiques portent à faux, comme le démontre victorieusement M. Jacquinet : "
La construction serait simplifiée, l'effet serait-il le même? -
" Mathan affecte ici de ne mettre aucune passion dans cette affaire; il fait
le désintéressé, l'homme qui, par obéissance de sujet, et dans l'intérêt
même de ceux qu'il vient trouver, s'acquitte d'une mission. Il feint en même
temps de considérer comme facile et de peu de prix le sacrifice par lequel
il conseille hypocritement à Josabeth d'acheter la paix. De là cette façon
sommaire et dédaigneusement indifférente de désigner Eliacin et de rappeler
l'entrevue de l'enfant avec la reine. Ce qu'elle dit qu'elle a vu, non
seulement par le vague calculé des mots, mais par la négligence même du
tour, est une adresse de plus. "
Autre exemple : On conseille avec raison de ne jamais terminer une phrase
sur un mot banal et sans portée. Or nous trouvons dans la Fontaine :
Est-il aucun moment
Qui vous puisse assurer d'un second seulement ?

Cet adverbe seulement, objectera-t-on, fait une piètre figure au bout de ce
vers.
Erreur. Il y exprime un grand sens. Comment? Par son insignifiance même.
Rien de plus propre à mettre en lumière le néant de nos espérances
terrestres, trop fragiles pour avoir le droit de compter sur un seul et
unique moment.

Pour conclure, nous dirons aux élèves : Sachez votre stylistique, mais, afin
d'en profiter, sachez aussi votre littérature française. Pénétrez-vous de
nos bons auteurs français, aimez-les, feuilletez-les jour et nuit.
Nocturna versate manu, versate diurna. (Horace.)

* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AUX VERBES ÊTRES, SE TROUVER, IL Y A


On les remplace par un verbe intransitif ou réfléchi de nature à faire
image.
Un mot de cette espèce enrichit l'idée autant qu'il l'exprime.

Remplacer est, se trouve, il y a par un verbe intransitif pris au sens
propre dans les phrases suivantes :

· Au-dessus des nuages il y a un aigle.
Réponse : Au-dessus des nuages plane un aigle.

· Sur un ciel bas et plombé il y a la flèche de la cathédrale.
Réponse : Sur un ciel bas et plombé pointe la flèche de la cathédrale.

· Sur le clocher se trouve un aéroplane.
Réponse : Sur le clocher vole un aéroplane.

· Sur les hauteurs il y a un drapeau.
Réponse : Sur les hauteurs flotte un drapeau.

· Sur cette botte fine il y a un pantalon gris clair.
Réponse : Sur cette botte fine tombe un pantalon gris clair.

· Sous la roue du moulin il y a l'eau mousseuse.
Réponse : Sous la roue du moulin tourbillonne l'eau mousseuse.

· Autour de la pelouse se trouve un large sentier.
Réponse : Autour de la pelouse se trouve un large sentier.

· Sur cette colonne se trouve une vigne sauvage.
Réponse : Sur cette colonne grimpe, rampe une vigne sauvage.

· Sur les murs vermoulus il y a un toit hasardeux.
Réponse : Sur les murs vermoulus branle un toit hasardeux.

· De la porte jusqu'au jardin est un long corridor.
Réponse : De la porte jusqu'au jardin règne un long corridor.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe intransitif pris au sens
figuré dans les phrases suivantes :

· Sur les lèvres décolorées il y a un sourire mélancolique.
Réponse : Sur les lèvres décolorées erre un sourire mélancolique.

· Dans son regard se trouve un pointe de colère.
Réponse : Dans son regard brille un pointe de colère.

· Dans ses écrits il y a encore son éloquence.
Réponse : Dans ses écrits respire encore son éloquence.

· Au fond de votre âme il y a un orage de rancune.
Réponse : Au fond de votre âme gronde un orage de rancune.

· À travers ces récits se trouve une imperceptible ironie.
Réponse : À travers ces récits voltige une imperceptible ironie.

· À travers ces confidences se trouve une pointe de fatuité.
Réponse : À travers ces confidences perce une pointe de fatuité.

· Sur ce beau visage il y a une joie céleste.
Réponse : Sur ce beau visage rayonne une joie céleste.

· Sur le gazon sont les rayons affaiblis de la lune.
Réponse : Sur le gazon dorment les rayons affaiblis de la lune.

· Dans ce monde romain se trouvent mille principes de mort.
Réponse : Dans ce monde romain germent mille principes de mort.

· Au premier rang se trouvent deux grands orateurs.
Réponse : Au premier rang brillent deux grands orateurs.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe réfléchi pris au sens
figuré dans les phrases suivantes :

· À l'occident se trouve une chaîne de montagne.
Réponse : À l'occident se déploie une chaîne de montagne.

· À l'horizon il y a le contour d'un riant coteau.
Réponse : À l'horizon se dessine le contour d'un riant coteau.

· Dans ces eaux transparentes il y a un coin du ciel.
Réponse : Dans ces eaux transparentes se mire un coin du ciel.

· Au pied de la montagne se trouve une vaste plane.
Réponse : Au pied de la montagne s'étend une vaste plane.

· Contre l'arbre il y a une longue échelle.
Réponse : Contre l'arbre s'appuie une longue échelle.

· Au-dessus de la fenêtre se trouve une splendide rosace.
Réponse : Au-dessus de la fenêtre s'épanouit une splendide rosace.

· Sous les ailes de la poule est le poussin.
Réponse : Sous les ailes de la poule s'abrite le poussin.

· À côté de la règle est l'exception.
Réponse : À côté de la règle se place l'exception.

· Au bout de votre ligne il y a un gros poisson.
Réponse : Au bout de votre ligne se débat un gros poisson.

· Autour d'une seule idée est tout le débat.
Réponse : Autour d'une seule idée se circonscrit tout le débat.
* * * *
Remplacer le ou les mots en italique par un verbe transitif de nature à
faire image dans les phrases suivantes :

· La clarté de la lune est sur les flots.
Réponse : La clarté de la lune argente les flots.

· Un papier jaune se trouve sur le mur de la chambre.
Réponse : Un papier jaune tapisse le mur de la chambre.

· Une statue est sur la colonne.
Réponse : Une statue surmonte la colonne.

· Dans ce mot l'accent se trouve sur la dernière syllabe.
Réponse : Dans ce mot l'accent affecte la dernière syllabe.

· Des draperies de vigne vierge se trouvent sur ces hautes murailles.
Réponse : Des draperies de vigne vierge escaladent ces hautes murailles.

· De hautes montagnes sont sur la surface du globe.
Réponse : De hautes montagnes hérissent la surface du globe.

· Des ponts gigantesques se trouvent sur ce canal.
Réponse : Des ponts gigantesques enjambent ce canal.

· De jolies fleurs sont sur l'autel.
Réponse : De jolies fleurs parent l'autel.

· Des banalités innombrables se trouvent dans cette littérature.
Réponse :Des banalités innombrables encombrent cette littérature.

· L'enthousiasme est dans tous les cours.
Réponse : L'enthousiasme embrase tous les cours.
* * * *

Remarques - Au groupe formé du verbe être et d'un adjectif (ou participe
adjectif) il faut, quand le sens le permet, préférer un verbe avec ou sans
complément.

Employé sans discernement, ce genre de substitution entraînerait, dans
certains cas, d'assez graves impropriétés.

En principe, le groupe formé du verbe être et d'un adjectif attribut marque
une disposition ou qualité permanente, inhérente au sujet, tandis que le
verbe attributif correspondant se borne à désigner un fait, soit durable,
soit purement accidentel et passager.

Exemples :

Cet élève est obéissant (possède la vertu de l'obéissance) ; quant à son
frère, je l'ai jusqu'ici forcé de m'obéir.

Voici un enfant malingre - jusqu'à sa mort, sa santé sera chancelante. -
Votre santé, si longtemps excellente, commençait, depuis quelques jours, à
chanceler.

Le narcisse naturellement est penché au bord des eaux. - Cette année, votre
arbre penche sous le poids de ses fruits.

Quelquefois, on peut, sans la moindre difficulté, supprimer un verbe être, à
condition de rattacher à la proposition suivante, en qualité d'épithètes,
les adjectifs qui le suivaient en qualité d'attributs.

Exemple :

Il était riche, instruit, spirituel, de sorte qu'il se promettait un
brillant avenir.
Dites plutôt : Riche, instruit, spirituel, il se promettait un brillant
avenir.

On verra plus loin, des conjonctions, que, dans certains cas, on élimine un
verbe être en substituant un substantif à l'adjectif attribut.

Exemple :

Comme il était clairvoyant, il pénétrait vos intentions.
Dites plutôt : Sa clairvoyance pénétrait vos intentions.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE AVOIR.


Remplacer le verbe AVOIR par un verbe d'un sens plus précis dans les phrases
suivantes :

· Avoir le second rang.
Réponse : Occuper le second rang.

· Avoir une espérance.
Réponse : Nourrir une espérance.

· Avoir de grandes vertus.
Réponse : Pratiquer de grandes vertus.

· Avoir un langage précis.
Réponse : Parler un langage précis.

· Avoir une mauvaise conduite.
Réponse : Mener une mauvaise conduite.

· On ne saurait rien avoir de cet élève.
Réponse : On ne saurait rien obtenir de cet élève.

· Ce cultivateur compte avoir beaucoup d'avoine cette année.
Réponse : Ce cultivateur compte récolter beaucoup d'avoine cette année.

· Cet arbuste a des fleurs magnifiques.
Réponse : Cet arbuste produit des fleurs magnifiques.

· Personne n'a eu plus d'ennemis que Racine.
Réponse : Personne n'a traîné derrière soi plus d'ennemis que Racine.

· Cet élève eut plusieurs prix.
Réponse : Cet élève remporta plusieurs prix.

Conclusion : Surtout n'abusez pas des temps composés qui nécessitent
l'emploi de l'auxiliaire avoir ; évitez notamment l'accumulation des
plus-que-parfaits ou des conditionnels passés.

Exemple :

Un jour que je l'avais rencontré par hasard et que je l'avais abordé, il me
raconta qu'il avait récemment éprouvé des malheurs, il dit même que ses
parents l'avaient abandonné.

Tous ces avaient sont pourtant faciles à éliminer.
Un jour je le rencontre par hasard. Je l'aborde. Il me raconte ses récents
malheurs; il se dit même abandonné par ses parents.

Autre exemple :

J'aurais pu lui prêter. Il aurait repris courage, se serait lancé dans les
grandes entreprises, aurait travaillé de toutes ses forces, mais finalement
aurait échoué. J'ai eu raison de m'abstenir.

Dites :

Assurément je pouvais lui prêter. Dès lors il reprenait courage, se lançait
dans les grandes entreprises, travaillait de toutes ses forces, mais
finalement échouait. J'ai eu raison de m'abstenir.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE FAIRE

Remplacer le verbe FAIRE par un verbe propre à en spécialiser le sens dans
les phrases suivantes :

· Faire un sillon.
Réponse : Tracer un sillon.

· Se faire des habillements.
Réponse : Se confectionner des habillements.

· Faire d'inutiles efforts.
Réponse : Tenter d'inutiles efforts.

· Faire un projet de loi.
Réponse : Élaborer un projet de loi.

· Faire une longue route.
Réponse : Parcourir une longue route.

· Faire un effort immense.
Réponse : Fournir un effort immense.

· Faire une intrigue.
Réponse : Nouer une intrigue.

· Faire un vilain tour.
Réponse : Jouer un vilain tour.

· Ne pas faire assez attention aux choses du dehors.
Réponse : Ne pas prêter assez d'attention aux choses du dehors.

· Il fut chargé de faire le rapport.
Réponse : Il fut chargé de rédiger le rapport.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE METTRE


Remplacer le verbe METTRE par un verbe à la fois plus précis et plus coloré
dans les phrases suivantes :

· Mettre une échelle contre un mur.
Réponse : Appuyer une échelle contre un mur.

· Mettre un mandat dans une lettre.
Réponse : Insérer un mandat dans une lettre.

· Faire des fruits en compote.
Réponse : Accommoder des fruits en compote.

· Mettre un bonnet vert.
Réponse : Coiffer un bonnet vert.

· Mettre beaucoup de temps à un ouvrage.
Réponse : Consacrer beaucoup de temps à un ouvrage.

· Mettre un lion dans une cage de fer.
Réponse : Renfermer un lion dans une cage de fer.

· Cet écrivain sait mettre sa marque sur le sujet même le plus banal.
Réponse : Cet écrivain sait imprimer sa marque sur le sujet même le plus
banal.

· Mettre en ordre ses affaires.
Réponse : Régler ses affaires.

· Mettre en danger les intérêts d'une nation.
Réponse : Compromettre les intérêts d'une nation.

· Mettre en terre un trésor.
Réponse : Enfouir un trésor.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE DIRE

Remplacer le verbe DIRE par un verbe qui en spécialise le sens dans les
phrases suivantes :

· Dire des mensonges incroyables.
Réponse : Conter des mensonges incroyables.

· Dire un remarquable discours.
Réponse : Prononcer un remarquable discours.

· Dire son avis.
Réponse : Exprimer son avis.

· Dire qu'on ne se trompe jamais.
Réponse : Prétendre qu'on ne se trompe jamais.

· Cet élève dit bien les vers.
Réponse : Cet élève récite bien les vers.

· Cet acteur dit la ruine de Troie.
Réponse : Cet acteur déclame la ruine de Troie.

· L'histoire dit les vertus des grands hommes.
Réponse : L'histoire célèbre les vertus des grands hommes.

· Le médecin dit que votre ami est hors de danger.
Réponse : Le médecin déclare que votre ami est hors de danger.

· Les témoins disent qu'il était encore chez lui à minuit.
Réponse : Les témoins déposent qu'il était encore chez lui à minuit.

· C'est trop peu. Dites un prix raisonnable.
Réponse : C'est trop peu. Offrez un prix raisonnable.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE VOIR

Remplacer le verbe VOIR par un verbe qui en spécialise le sens dans les
phrases suivantes :

· Cet habile physicien sait voir un fait avec toutes ses circonstances.
Réponse : Cet habile physicien sait observer un fait avec toutes ses
circonstances.

· Ces gens sont incapables de voir la beauté de ce vers.
Réponse : Ces gens sont incapables d'apprécier la beauté de ce vers.

· Voyez ce tableau.
Réponse : Regardez ce tableau.

· Voyez à ce que tout soit prêt.
Réponse : Veillez à ce que tout soit prêt.

· Tais-toi, tu n'y vois rien.
Réponse : Tais-toi, tu n'y connais rien.

· Je vois bien ce que vaut ce prétexte.
Réponse : Je comprends bien ce que vaut ce prétexte.

· Je ne vois pas pourquoi tu le favoriserais.
Réponse : Je n'imagine pas pourquoi tu le favoriserais.

· Dieu voit nos vices les plus cachés.
Réponse : Dieu pénètre nos vices les plus cachés.

· Après enquête, le juge voit enfin la réalité du fait.
Réponse : Après enquête, le juge constate enfin la réalité du fait.

· Ce médecin doit voir quatre malades ce matin.
Réponse : Ce médecin doit visiter quatre malade ce matin.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU VERBE PASSIF

L'obligation de s'interdire l'abus du verbe être entraîne évidemment celle
d'éviter l'accumulation des formes passives, dont le verbe être fait partie
intégrante ; encore s'y joint-il pour les temps composés un auxiliaire
avoir.

Quels sont donc les succédanés de la voix passive ?

Trop souvent on conseille de tourner le passif par l'actif, en faisant du
sujet le complément, et vice-versa.

Ce moyen présente un grave inconvénient : il tend à bouleverser l'importance
relative des idées.

En tête d'une phrase française, le substantif employé comme sujet se montre
investi d'un incontestable privilège : il met relief ce dont on s'occupe
avant tout, ce sur quoi l'on veut, de préférence, attirer l'attention.

Par exemple, si j'entreprends de raconter la vie de Romulus, je dirai : "
Romulus fonda Rome". Si je me propose, contraire, de relater les origines de
la Ville Eternelle, je mettrai : "Rome fut fondée par Romulus ".

Le fait à énoncer reste le même, le point de vue a changé. N'allez donc pas,
à la légère, tourner le passif par l'actif, au risque de reléguer au second
plan ce qui doit figurer au premier.
* * * *
Substituer au PASSIF une tournure active quelconque, mais conserver le même
sujet dans les phrases suivantes :

Note : La nécessité de changer le verbe et parfois d'autres mots peuvent
s'imposer.

· Des vins délicieux sont servis dans ces festins.
Réponse : Des vins délicieux arrosent ces festins.

· Auguste fut remplacé par Tibère.
Réponse : Auguste eut pour successeur Tibère.

· Deux coups sont frappés à la porte.
Réponse : Deux coups retentissent à la porte.

· Le chlore est utilisé au blanchiment de la toile.
Réponse : Le chlore sert au blanchiment de la toile.

· Ici le riche même est tourmenté par la faim.
Réponse : Ici le riche même éprouve les tourments de la faim.

· Cette séance sera remarquée dans les annales parlementaires.
Réponse : Cette séance marquera dans les annales parlementaires.

· Une mauvaise orthographe est aussitôt remarquée.
Réponse : Une mauvaise orthographe saute aux yeux.

· Deux nouvelles provinces furent ajoutées à ses États.
Réponse : Deux nouvelles provinces accrurent ses États.

· Partout cette statue est mise à la place d'honneur.
Réponse : Partout cette statue occupe la place d'honneur.

· Cette tâche vous est imposée.
Réponse : Cette tâche vous incombe.
* * * *
CE QU'ON SUBSTITUE AU MOT CHOSE

Le mot chose est probablement le plus vague, le plus banal de la langue
française. Il est bon de le remplacer par un terme de nature à préciser
l'idée qu'on veut rendre, à moins toutefois qu'on n'ait, pour rester dans le
vague, des raisons particulières.

Remplacer le mot CHOSE par un mot à la fois plus précis et plus coloré dans
les phrases suivantes :

· L'humilité est une chose très rare.
Réponse : L'humilité est une vertu bien rare.

· L'envie est une chose redoutable.
Réponse : L'envie est une passion redoutable.

· Une seule et unique chose occupe son esprit.
Réponse : Une seule et unique pensée occupe son esprit.

· Pareille chose m'est arrivée dans mon voyage.
Réponse : Pareille aventure m'est arrivée dans mon voyage.

· Il manque des choses de première nécessité.
Réponse : Il manque des objets de première nécessité.

· La guerre est une chose terrible.
Réponse : La guerre est un fléau terrible.

· On trouve dans ces vers des choses admirables.
Réponse : On trouve dans ces vers des beautés admirables.

· La physique distingue les choses en solides et en fluides.
Réponse : La physique distingue les corps en solides et en fluides.

· Pour atteindre votre but, vous employez des choses insuffisantes.
Réponse : Pour atteindre votre but, vous employez des moyens insuffisants.

· Vous servez à ce convalescent des choses trop substantielles.
Réponse : Vous servez à ce convalescent des mets trop substantiels.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AUX MOTS HOMMES, GENS, PERSONNES

Pour remplacer l'un de ces mots, l'on peut assez souvent choisir un terme
qui désigne soit une partie du corps de l'homme, soit une faculté de son
âme. Ce genre de synecdoche ne désigne de l'être humain qu'un seul attribut,
celui qu'on veut, de préférence, faire envisager.

Remplacer les mots hommes, gens, personnes par un terme qui en spécialise le
sens dans les phrases suivantes :

· Ce geste n'eût pas échappé à un homme clairvoyant.
Réponse : Ce geste n'eût pas échappé à un oil clairvoyant.

· Les prisonniers furent rachetés à un écu par homme.
Réponse : Les prisonniers furent rachetés à un écu par tête.

· Cette musique bruyante étourdit les gens.
Réponse : Cette musique bruyante étourdit les oreilles.

· La gymnastique rend les gens agiles.
Réponse : La gymnastique rend les membres agiles.

· La disette affame ici cent trente personnes.
Réponse : La disette affame ici cent trente bouches.

· Ces poésies plaisent aux personnes rêveuses.
Réponse : Ces poésies plaisent aux imaginations rêveuses.

· Les gens éclairés croyaient-ils aux présages ?
Réponse : Les esprits éclairés croyaient-ils aux présages ?

· Ces gens impudents ne savent plus rougir.
Réponse : Ces fronts impudents ne savent plus rougir.

· Une seule bouteille ne servira pas à cet homme altéré.
Réponse : Une seule bouteille ne servira pas à ce gosier altéré.

· Le transport d'un tel fardeau exige un homme robuste.
Réponse : Le transport d'un tel fardeau exige des épaules robustes.
* * * *
LES PRONOMS


Des fautes à éviter en ce qui concerne le pronom IL, ELLE.

Qu'on nous permette une courte digression sur le terrain de la grammaire.
Toutes les fautes que nous allons signaler, sauf la dernière, intéressent la
syntaxe plutôt que la stylistique. Néanmoins elles reviennent et reviennent
si fréquentes, si importunes, si désolantes, sous la plume des apprentis
écrivains, qu'on nous en voudrait de les avoir passées sous silence.

L'emploi du pronom il (elle) expose à six genres de fautes :

1. On lui fait représenter un nom dont il ne saurait logiquement tenir la
place;
2. On lui fait représenter un substantif pris dans un sens indéterminé;
3. On l'ajoute où il n'a que faire;
4. On l'omet où il est indispensable;
5. On réunit dans une même phrase deux il (elle) qui représentent deux noms
différents;
6. On tombe dans la monotonie en alignant une longue série de propositions
commençant toutes par ce même pronom il (elle).

Chacun de ces points nécessite un examen particulier.

A) Considérons cette phrase :
Pierre a volé Paul; il a porté plainte.

On veut dire que Paul a porté plainte; on dit en réalité que Pierre est à la
fois le voleur et le plaignant. D'après la grammaire, le pronom il
représente Pierre et non Paul. Absurdité.

En effet, quand deux propositions se suivent, (il, elle) en tête de la
seconde, représente toujours le sujet de la première quand ce sujet est au
masculin singulier ou féminin singulier.

Si l'on disait :

Ces brigands ont volé Paul ; il a porté plainte...
on s'exprimerait correctement : ici le pronom singulier il ne saurait
représenter le sujet pluriel de la proposition précédente; il représente
donc, sans équivoque possible, le complément Paul (masculin singulier).

Quant à la première phrase, il suffira, pour la rendre correcte, de
remplacer il par celui-ci.
Pierre a volé Paul ; celui-ci a porté plainte.

En effet le pronom celui-ci / celle-ci représente toujours le nom masculin
singulier / féminin singulier qui en est le plus rapprocher (dans ce qui
précède).

Autre exemple :
Ces deux enfants tiraient sur leur cheval mécanique; les poils
s'arrachaient, mais ils ne voulaient pas lâcher prise.

Le pronom ils, qui devrait représenter ces deux enfants, représente en
réalité le mot poils, sujet masculin pluriel de la proposition précédente.
Absurdité.

Dites par exemple : " Ils arrachaient les poils, mais ils ne voulaient pas
lâcher prise. "

B) Le pronom il (elle) ne doit jamais représenter un nom pris dans un sens
indéterminé, c'est-à-dire un nom qui n'est précédé ni l'article défini, ni
de l'article indéfini, ni d'un adjectif déterminatif (numéral, possessif,
démonstratif, indéfini).

Exemple. Surtout ne dites pas :
Paul a demandé grâce ; elle lui a été accordée (incorrect).
J'ai demandé pardon ; il m'a été refusé (incorrect).
Vous m'enverrez copie du contrat ; elle doit me parvenir avant ce soir
(incorrect).
Il a parlé avec éloquence, et elle a charmé tout l'auditoire (incorrect).

Dites plutôt:
Paul a demandé sa grâce; elle lui a été accordée.
J'ai demandé mon pardon ; il m'a été refusé.
Vous m'enverrez la copie du contrat ; elle doit me parvenir avant ce soir.
Il a parlé avec une grande éloquence, et elle a charmé tout l'auditoire.
Il a parlé avec une éloquence qui a charmé tout l'auditoire.

Exception. Néanmoins le pronom il (elle) peut représenter un substantif
indéterminé complément d'un collectif partitif.

Exemple:
J'ai cueilli une multitude de fleurs; elles vous seront envoyées.

C) Parfois, en écrivant une phrase un peu longue, on oublie qu'on a mis en
tête un substantif sujet, et l'on introduit, pour le remplacer, le pronom il
(elle). De là un grossier pléonasme.

Exemple :
César, informé qu'une ligue s'organisait en Gaule contre les Romains, il se
hâta de quitter Rome ! !
Le substantif César, séparé par toute une ligne du verbe se hâta, en reste
néanmoins le sujet. Dès lors, à quoi bon le pronom il?

D) Plus facile à éviter, la faute inverse échappe toutefois aux élèves
inattentifs. Ils omettent le sujet il (elle) et la proposition reste
décapitée.

Exemple :
Quand Paul eut perdu sa fortune et ruiné toute sa famille, fut obligé de
quitter le pays.
Phrase absurde. Le substantif Paul, déjà sujet d'une proposition
subordonnée, ne saurait cumuler deux fonctions distinctes; il ne peut servir
en même temps de sujet à la proposition principale. Dès lors on doit le
représenter, en tête de la principale, par le pronom il.

E) Deux il (elle), réunis dans une même phrase, doivent remplacer le même
substantif. C'est une règle sans exception; on ne saurait l'enfreindre sans
incorrection grave.

Exemple :
M. Durand présente ses respects à M. Louis, et l'informe qu'il ne peut
accepter son invitation, parce qu'il l'a prévenu trop tard.
Le premier pronom sujet représente M. Durand; le second, M. Louis. Faute
grossière.

Dites par exemple :
M. Durand présente ses respects à M. Louis, et l'informe qu'il ne peut
accepter son invitation, parce qu'il a été prévenu trop tard.
Dans ces conditions, les deux il représentent tous deux M. Durand, sujet de
la phrase.

Autre exemple :
J'ai prêté ce livre à Paul, et il l'a tellement intéressé qu'il a voulu le
lire plusieurs fois.
Le premier pronom sujet représente ce livre ; le second remplace le
substantif Paul.

Il est pourtant aisé de s'exprimer ainsi :
Paul, à qui j'ai prêté ce livre, l'a trouvé si intéressant qu'il a voulu. le
lire plusieurs fois.

Encore un exemple :
Pierre a reçu un beau livre en prix; il n'en prend pas soin, bien qu'il
renferme de jolies histoires.

Dites donc:
Il n'en prend pas soin, bien qu'il y trouve de jolies histoires.

N.B. : Certains élèves, pour se tenir en garde contre les dangers de ce
fameux pronom il, le remplacent au hasard par le mot celui-ci.

Par exemple ils écrivent :
Bacchus descendit aux Enfers pour visiter le royaume de Pluton. Celui-ci
tenait à la main une coupe remplie de vin.
Grave contresens. Le pronom celui-ci représente non pas Bacchus, mais bien
Pluton, le nom masculin singulier le plus voisin dans la phrase précédente.

Dites :
Il tenait... Ce mot représente, sans équivoque possible, le mot Bacchus,
sujet masculin singulier de la proposition précédente.

F) Dégustez cette jolie phrase :
Il plaisante, il boit, il rit, il chante, il fume, il joue, il gesticule, le
tout presque en même temps.
Rien de monotone comme cette interminable kyrielle de pronoms identiques.
Il serait si facile de n'exprimer le sujet qu'une fois, devant le premier
verbe :
Il plaisante, boit, rit, chante, fume, joue, gesticule, le tout presque en
même temps.

Ce genre de répétition ne se montre pas toujours aussi commode à supprimer :
la période n'étant pas toujours susceptible de constituer une énumération à
sujet unique.

Exemple:
Mon frère a été gravement malade : il a fait une fluxion de poitrine, il a
gardé le lit pendant quatre semaines; il a beaucoup souffert; il nous a fait
craindre pour sa vie; enfin il a triomphé du mal grâce à sa robuste
constitution; il se lève depuis quelques jours; peu à peu il recouvre ses
forces. Il vous envoie l'expression de ses meilleurs sentiments.

En tout, huit fois le pronom il. Essayons d'en réduire le nombre à deux :
Mon frère a été gravement malade : atteint d'une fluxion de poitrine, alité
pendant quatre semaines, il a beaucoup souffert, et nous avons craint pour
sa vie; enfin sa robuste constitution a triomphé du mal; il se lève depuis
quelques jours; peu à peu ses forces reviennent. Recevez l'expression de ses
meilleurs sentiments.

Tantôt le pronom il a tout simplement disparu, tantôt nous le voyons céder
la place à, un autre sujet.

Remarque. - Si désagréable que semble la répétition prolongée du mot il, on
la trouve moins choquante que celle, du pronom je : le moi est haïssable,
dit Pascal. Qu'on en juge.

J'ai pris part au dernier concours cantonal et j'ai obtenu mon certificat
d'études; j'ai eu la note très bien; j'ai donc terminé mes études primaires.
Je vais maintenant quitter l'école; je dois choisir un état, je vais prendre
une grave décision.

Ce galimatias contient sept fois le mot je. Point n'est besoin de se
torturer l'imagination pour trouver une autre formule, où pronom ne figure
qu'une fois :

Au dernier concours cantonal, j'ai obtenu mon certificat d'études, avec la
note très bien. Voilà donc mes études primaires terminées. Et maintenant,
adieu l'école; il faut choisir un état. Grave décision!

Il va sans dire qu'on excepte certains cas spéciaux où la répétition voulue
du pronom sujet produit des effets très heureux :
Je ne me souviens plus des outrages du temps :
J'aime, je suis aimé, je renais, j'ai vingt ans. (Casimir Delavigne).

Touchez à ce vers ; écrivez, par exemple :
J'aime, suis aimé, renais, ai vingt ans :
Le plus ignorant écolier vous apprendra que vous n'êtes ni poète, ni même
Français.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AUX PRONOMS CECI, CELA.

Substituer les pronoms ceci, cela par un adjectif démonstratif suivi d'un
substantif dans les phrases suivantes :

· Vous aimez votre patrie cela vous honore.
Réponse : Vous aimez votre patrie ce sentiment vous honore.

· Il pratique la charité. Cela le sauvera.
Réponse : Il pratique la charité. Cette vertu le sauvera.

· Votre fils est reçu docteur. Cela n'étonnera personne.
Réponse : Votre fils est reçu docteur. Ce succès n'étonnera personne.

· Je publierai le texte du traité. Cela rectifiera plus d'une erreur.
Réponse : Je publierai le texte du traité. Ce document rectifiera plus d'une
erreur.

· N'oubliez pas ceci, que le malheur est le grand maître de l'homme.
Réponse : N'oubliez pas cette vérité, que le malheur est le grand maître de
l'homme.

· Nul ne peut contester ceci : deux quantités égales à une troisième sont
égales entre elles.
Réponse : Nul ne peut contester cet axiome : deux quantités égales à une
troisième sont égales entre elles.
* * * *

POURQUOI L'ON DOIT ÉVITER L'ABUS DES PRONOMS RELATIFS.

L'emploi inconsidéré du pronom relatif n'est pas sans danger. Il expose :
1. à de ridicules équivoques.
2. à des incorrections.
3. à des lourdeurs de style. 1

A) Equivoques.

Tout nom ou pronom qui précède immédiatement un relatif, peut en être
l'antécédent, alors même qu'une virgule l'en sépare.
De là, si l'on n'y prend pas garde, des constructions soit grotesques, soit
inintelligibles.

Exemples :

Je vous envoie un chien par ma servante, qui a les oreilles coupées. -
Infortunée servante !
J'ai vu le cabriolet du médecin, qui est peint en rouge. - Malheureux
médecin!
La poupée de Lise, qui a une figure en cire, a coûté très cher. - Pauvre
Lise!
J'ai vu votre pâtissier, le fils de votre charcutier, à qui vous venez de
faire une commande.
A-t-on commandé un gâteau ou un jambon?
Je connais bien le jeune Paul, le fils de notre voisin, qui vient souvent
chez nous.
Est-ce le père ou le fils qu'on reçoit?
C'est un jouet trop fragile pour un jeune enfant, que sa mère tient
soigneusement enfermé.
S'agit-il d'une ménagère attentive à ne rien laisser traîner? S'agit-il
d'une mère assez dénaturée pour séquestrer son enfant ?
J'ai lu une histoire dans ce livre qui m'a beaucoup intéressé.
Est-ce le livre tout entier qu'on trouve intéressant? Est-ce uniquement
l'histoire?

On sait que, dans les phrases bien construites, le qui reste parfaitement
clair et n'amène jamais de telles équivoques. Toujours est-il qu'on s'y
trouve moins exposé si l'on s'astreint à une certaine réserve dans l'emploi
des pronoms relatifs.

B) Incorrections

Ces dangereux pronoms, sous la plume d'un élève inattentif ou peu ferré sur
la syntaxe, donnent lieu à des fautes matérielles de plus d'un genre.

1. On fait dépendre une proposition relative d'une autre relative. Grave
irrégularité. Parfois même on offre à son lecteur une véritable cascade de
qui.

Exemple:
J'ai vu mon cousin qui m'a donné des nouvelles de ma tante, qui est malade
depuis l'accident qui lui est arrivé en allant à la représentation qui a eu
lieu vendredi dernier ! ! - Ces relatifs se heurtent avec un bruit de
rocaille.

2. On se trompe sur la personne du pronom relatif, et par conséquent, sur
celle du verbe suivant. On oublie volontiers que le pronom relatif s'accorde
en personne avec son antécédent. La cour de Napoléon 1er s'égayait
d'entendre la maréchale Lefebvre, dite Madame Sans Gêne, s'écrier en se
rengorgeant : " Maintenant c'est nous qui sont les princesses. " Des fautes
analogues n'échappent-elles pas à des gens plus instruits?

Ainsi l'on se rappelle rarement qu'il faut considérer comme étant de la
seconde personne non seulement les pronoms tu, toi, vous, mais encore les
substantifs en apostrophe, autrement dit au vocatif.

Exemple :
Mauvais élèves qui refusez d'obéir, vous serez sévèrement punis.

Combien d'aspirants bacheliers résisteraient, dans une telle phrase, à la
tentation de substituer refusent à refusez ?

Il n'est même pas toujours facile, au premier abord, de savoir au juste quel
est l'antécédent.

3. Quel mode employer à la suite de tel pronom relatif? Faut-il l'indicatif?
Faut-il le subjonctif? Questions étrangères à notre cadre. Contentons-nous
de les poser. Quelques exemples suffiront pour rappeler aux élèves les
difficultés à vaincre, ou plutôt les écueils à éviter.

Je cherche une maison qui me convienne.
J'ai trouvé une maison qui me convient "

Il y a des élèves qui veulent faire des progrès.
Il n'y a pas d'élève qui ne veuille passer pour intelligent.

Il est l'homme le plus adroit que je connaisse.
De ces deux hommes, c'est le plus adroit que je connais.

Néron est le premier empereur qui ait persécuté l'Église.
Les Tyriens furent les premiers qui domptèrent les flots.

C) Lourdeurs de style.

Accumulez en quelques lignes un certain nombre de pro noms relatifs,
indépendants l'un de l'autre, et placés immédiatement près leur antécédent.
Ils pourront très bien n'occasionner ni équivoque, ni incorrection; ils n'en
rendront pas moins le style traînant, incolore, cacophonique.
En premier lieu, les pronoms ne peignent rien.
En second lieu, les pronoms relatifs sont monosyllabes et commencent par une
gutturale, la plus dure des gutturales. Si donc plusieurs d'entre eux se
trouvent rapprochés l'un de l'autre, si, de plus, ils s'enchevêtrent avec
les conjonctions que, lorsque, puisque, etc., il en résulte nécessairement
un concours de sons très désagréables. Pour comble d'ennui, la phrase tend à
prendre une extension démesurée. Par suite, elle impose à l'intelligence de
l'auditeur ou du lecteur un effort d'autant plus pénible que le malaise de
l'oreille contribue à distraire l'attention.

L'examen de ces multiples inconvénients nous amène à cette conclusion toute
naturelle : Efforcez-vous, en écrivant, de ne pas multiplier les
propositions relatives. Si vous trouvez çà et là des moyens commodes
permettant d'en supprimer quelques-unes, ne manquez pas d'en profiter.
COMMENT ON SUPPRIME UNE PROPOSITION RELATIVE.

A une proposition relative on substitue, suivant les cas :

1. un substantif en apposition, d'ordinaire suivi d'un complément.
2. un adjectif, seul ou suivi d'un complément.
3. un participe adjectif, ordinairement suivi d'un complément.
4. quelquefois un simple possessif, suivi d'un nom.
5. une préposition suivie d'un complément.
6. une proposition principale.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un substantif en apposition :

· Cette dame, qui monte très bien à cheval.
Réponse : Cette dame, très bonne écuyère.

· Un touriste qui voyage avec moi.
Réponse : Mon compagnon de route.

· Cet orateur, qui fait connaître la pensée générale.
Réponse : Cet interprète de la pensée générale.

· Ce fermier, qui demeure près de chez moi.
Réponse : Ce fermier, mon voisin.

· Un touriste qui voyage avec moi.
Réponse : Mon compagnon de route.

· La presse, qui gouverne l'opinion.
Réponse : La presse, reine de l'opinion.

· Cette première victoire, qui en garantit beaucoup d'autre.
Réponse : Cette première victoire, gage de beaucoup d'autre.

· Ce dictionnaire, qui contient tant d'érudition.
Réponse : Ce dictionnaire, trésor d'érudition.

· Ce peintre, qui vous dispute le grand prix.
Réponse : Ce peintre, votre concurrent pour le grand prix.

· La raison divine, qui illumine nos intelligences.
Réponse : La raison divine, soleil de nos intelligences.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un adjectif suivi d'un
compliment :

· Ce général, qui continue de suivre sa tactique.
Réponse : Ce général, fidèle à sa tactique.

· Un père qui pardonne aisément à son fils.
Réponse : Un père indulgent pour son fils.

· Ce fugitif, qui ne sait ce qu'il deviendra.
Réponse : Ce fugitif, incertain de l'avenir.

· Cet homme de cour, qui ne change pas dans l'adversité.
Réponse : Cet homme de cour, constant dans l'adversité.

· Ce brave guerrier, qui ne s'enorgueillit pas de sa victoire.
Réponse : Ce brave guerrier, modeste dans sa victoire.

· Un monsieur qui assiste à la séance.
Réponse : Un monsieur présent à la séance.

· Un magistrat qui mérite d'être soupçonné de partialité.
Réponse : Un magistrat suspect de partialité.

· Un faux ami, qui ne s'intéresse pas à mon bonheur.
Réponse : Un faux ami, indifférent à mon bonheur.

· Une terre qui convient spécialement à la vigne.
Réponse : Une terre propre à la vigne.

· Ces amphibies, qui n'habitent que les mers arctiques.
Réponse : Ces amphibies, propres aux mers arctiques.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUI par un participe-adjectif suivi
d'un complément :

· Les réunions qui ont eu lieu sous votre présidence.
Réponse : Les réunions tenues sous votre présidence.

· Des pierres qui proviennent de cette carrière.
Réponse : Des pierres extraites de cette carrière.

· Ces épis qui proviennent de nos champs.
Réponse : Ces épis récoltés dans nos champs.

· Ces eaux malsaines qui proviennent de la rivière voisine.
Réponse : Ces eaux malsaines puisées à la rivière voisine.

· Des objets antiques qui proviennent des fouilles de Pompéï.
Réponse : Des objets antiques exhumés des fouilles de Pompéï

· Des pensées qui proviennent d'Homère.
Réponse : Des pensées tirées d'Homère.

· Les notions qui proviennent de l'expérience.
Réponse : Les notions fournies par l'expérience.

· Une dame qui porte une jolie broche.
Réponse : Une dame parée d'une jolie broche.

· Une lettre qui porte votre sceau.
Réponse : Une lettre revêtue de votre sceau.

· Un discours qui porte des traits satiriques.
Réponse : Un discours assaisonné de traits satiriques.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer la proposition relative par un
possessif suivi d'un nom :

· Les chagrins qu'il éprouve.
Réponse : Ses chagrins.

· Le but que vous visez.
Réponse : Votre but.

· Les pleurs que vous versez.
Réponse : Vos pleurs.

· Les intrigues qu'il noue.
Réponse : Ses intrigues.

· Le poste qu'il occupe.
Réponse : Son poste.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la proposition relative par une
préposition :

· Les feuilles sèches qui sont dans la forêt.
Réponse : Les feuilles sèches de la forêt.

· L'amour qu'une mère éprouve pour ses enfants.
Réponse : L'amour d'une mère pour ses enfants.

· Un homme qui sait donner de bons conseils.
Réponse : Un homme de bons conseil

· Les soldats qui montent la garde à votre porte.
Réponse : Les soldats de garde à votre porte.

· Des enfants qui ont le même âge.
Réponse : Des enfants du même âge.
* * * *

Dans les phrases suivantes, au verbe accompagné d'un adverbe de manière,
cherchez un second capable de remplacer, à lui seul, le premier :

· Détruire entièrement un peuple.
Réponse : Exterminer un peuple.

· Détruire entièrement une peuple.
Réponse : Anéantir un peuple.

· Purifier complètement un métal.
Réponse : Épurer un métal.

· S'appliquer exclusivement aux études grecques.
Réponse : Se vouer aux études grecques.

· Éviter adroitement un coup.
Réponse : Esquiver un coup.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe par un verbe de sens
analogue :

· Il poursuit obstinément un ouvrage impossible.
Réponse : Il s'obstine à poursuivre un ouvrage impossible.

· Malgré tout il travaille persévéramment.
Réponse : Malgré tout il persévère à travailler.

· Il raconte fort gaiement ses mésaventures.
Réponse : Il s'égaie à raconter ses mésaventures.

· Il cherche attentivement les moyens de vous satisfaire.
Réponse : Il s'applique à chercher les moyens de vous satisfaire.

· Il se tirera habilement de ce mauvais pas.
Réponse : Il saura se tirer de ce mauvais pas.
* * * *
Dans les phrases suivantes, trouvez un moyen de remplacer par un substantif
le verbe que modifie l'adverbe de manière :

· Cette question mérite qu'on l'examine attentivement
Réponse : Cette question mérite un examen attentif.

· On m'annonce que mon frère arrivera prochainement.
Réponse : On m'annonce l'arrivée prochaine de mon frère.

· La ville succomba après avoir vigoureusement résisté.
Réponse : La ville succomba après une vigoureuse résistance.

· Cette porte laisse passer facilement les solliciteurs.
Réponse : Cette porte laisse un facile passage aux solliciteurs.

· Vous dépensez follement. Aussi vous vous ruinerez.
Réponse : Vos folles dépenses vous ruineront.
* * * *
COMMENT SUPPRIMER LES ADVERBES SERVANT À MARQUER LE SUPERLATIF ABSOLU.


Évitez, autant que possible, les adverbes très, fort, extrêmement,
excessivement, absolument, etc. : prenez garde qu'ils ne viennent dispenser
l'esprit de chercher le mot propre. Souvent, un adjectif au superlatif
absolu a pour équivalent un autre adjectif au positif, d'un sens analogue,
mais plus fort. C'est ce qu'on pourrait appeler une épithète superlative par
elle-même.

Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes servant à marquer le
superlatif absolu par un adjectif plus approprié.

· Eau extrêmement clair...
Réponse : Eau limpide.

· Discours très obscur.
Réponse : Discours énigmatique.

· Protestation très vive.
Réponse : Protestation enflammée.

· Potage extrêmement chaud.
Réponse : Potage brûlant.

· Zone très froide.
Réponse : Zone glaciale.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe de quantité par un
substantif :

· J'ignore combien d'hommes comprend ce régiment.
Réponse : J'ignore l'effectif de ce régiment.

· Je comprends combien grand est votre bonheur.
Réponse : Je comprends toute l'étendue de votre bonheur.

· Vous savez combien j'ai d'enfants.
Réponse : Vous savez le nombre de mes enfants.

· Vous m'excuserez si je vous pose beaucoup de questions.
Réponse : Vous excuserez la multiplicité de mes questions.

· Le peu de pluie qu'il a fait pendant l'été a compromis les récoltes.
Réponse : Le rareté des pluie pendant l'été a compromis les récoltes.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer l'adverbe de quantité par un adjectif
:

· Il se présente sans beaucoup d'espoir.
Réponse : Il se présente sans grand espoir.

· Comme il vous fait beaucoup de visites, je crois.
Réponse : Ses fréquentes visites chez vous me donnent à croire.

· Cette affaire est pour moi de bien peu d'intérêt.
Réponse : Cette affaire est pour moi d'un intérêt bien minime.

· Une culture qui produit peu.
Réponse : Une culture d'un faible rendement.

· Parce qu'il aimait trop la gloire, il s'est perdu.
Réponse : L'amour exagéré de la gloire l'a perdu.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes par un substantif :

· Je crains de vous importuner en vous écrivant souvent.
Réponse : Je crains de vous importuner par la fréquence de mes lettres.

· Le froid qu'il a toujours fait depuis six semaines, a compromis les
récoltes.
Réponse : La continuité du froid depuis six semaines a compromis les
récoltes.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les adverbes par un adjectif :

· La vie d'un homme de lettres est toujours un combat.
Réponse : La vie d'un homme de lettres est un combat perpétuel.

· Je leur ai donné un empire qu'ils garderont toujours.
Réponse : Je leu ai donné un empire éternel.
* * * *
Dans la phrase suivante, substituer l'adverbes par un verbe :

· Il espère que, grâce à son poème, on se souviendra toujours de son nom.
Réponse : Il espère que son poème immortalisera son nom.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par une
proposition indépendante :

· Vos explications tranchant la difficulté, nous les acceptons.
Réponse : Vos explications tranchent la difficulté, nous les acceptons.

· Veuillez écouter votre ami désirant vous présenter ses excuses.
Réponse : Veuillez écouter votre ami : il désire vous présenter ses excuses.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par une
complément descriptif :

· Il se promenait, tenant une canne.
Réponse : Il se promenait, la canne à la main.

· Il feuillette ces pages, pensant à autre chose.
Réponse : Il feuillette ces pages, l'esprit ailleurs.

Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent par un verbe à
l'infinitif :

· J'entends des marteaux battant le fer à coups redoublés.
Réponse : J'entends des marteaux battre le fer à coups redoublés.

· Par une belle matinée de printemps, on voit les abeilles s'élançant des
ruches, visitant toutes les fleurs et rentrant chargées de butin.
Réponse : Par une belle matinée de printemps, on voit les abeilles s'élancer
des ruches, visiter toutes les fleurs et rentrer chargées de butin.

· Je l'ai surpris dérobant mes poules.
Réponse : Je l'ai surpris à dérober mes poules.

Dans les phrases suivantes, substituer le participe présent accompagné d'une
négation par un infinitif précédé de la préposition sans :

· Il sortit, ne fermant pas la porte.
Réponse : Il sortit sans fermer la porte.

· Il l'emprisonna, ne respectant pas son titre d'ambassadeur.
Réponse : Il l'emprisonna, sans respecter son titre d'ambassadeur.

Dans les phrases suivantes, supprimer le participe présent accompagné de la
préposition EN, par une préposition suivi d'un substantif :

· Il s'égara en poursuivant un cerf.
Réponse : Il s'égara à la poursuite d'un cerf.

· En sortant du collège il venait chez nous.
Réponse : Au sortir du collège il venait chez nous.

· En travaillant beaucoup il triompha de ces difficultés.
Réponse : À force de travail il triompha de ces difficultés.

· Il s'est civilisé en fréquentant le monde.
Réponse : Il s'est civilisé au contact du monde.

· Il traversa la rivière en nageant.
Réponse : Il traversa la rivière à la nage.

· On réglera ce différend en employant la conciliation.
Réponse : On réglera ce différend par voie de conciliation.

· Il faut ici préciser le sens en ajoutant d'autres mots.
Réponse : Il faut ici préciser le sens par l'addition d'autres mots.

· Il sortit en espérant vous rencontrer.
Réponse : Il sortit dans l'espoir de vous rencontrer.

· Il sollicite ce jugement en s'appuyant sur plusieurs textes de lois.
Réponse : Il sollicite ce jugement en vertu de plusieurs textes de lois.

· On l'évinça en prétextant qu'il était incapable.
Réponse : On l'évinça sous prétexte d'incapacité.

Dans les phrases suivantes, remplacer le gérondif par un nom de chose :

· En se promenant ils arrivèrent au bout d'une longue allée.
Réponse : Leur promenade les mena au bout d'une longue allée.

· Ce n'est qu'en chassant qu'ils parviennent à se nourrir.
Réponse : Seule la chasse leur fournit des vivres.

· En étudiant les langues anciennes il a pris goût à la littérature.
Réponse : L'étude des langues anciennes lui a donné le goût de la
littérature.

· En abrogeant cette loi on relâchera la discipline.
Réponse : L'abrogation de cette loi relâchera la discipline.

· En répandant partout la bonne presse on rectifiera beaucoup d'erreurs.
Réponse : La diffusion de la bonne presse rectifiera beaucoup d'erreurs.

· En lisant de bons livres on se forme l'esprit.
Réponse : La lecture des bons livres forme l'esprit.

· En lisant ce poème nous nous croyons dans un monde nouveau.
Réponse : Ce poème nous transporte dans un monde nouveau.

· En voyageant il apprendra à connaître les hommes.
Réponse : Les voyages lui apprendront à connaître les hommes.

· En vous souvenant de cette justice rigoureuse vous prendrez une courageuse
résolution.
Réponse : Le souvenir de cette justice rigoureuse vous inspirera une
courageuse résolution.


Dans les phrases suivantes, remplacer le gérondif par un nom de personne :

· En jouant passionnément, il court à sa ruine.
Réponse : Joueur passionné, il court à sa ruine.

· En imitant l'antiquité, il ne sut pas rester original.
Réponse : Imitateur de l'antiquité, il ne sut pas rester original.

· En plaidant une cause évidemment juste, il avait toute confiance en votre
impartialité.
Réponse : Avocat d'une cause évidemment juste, il avait toute confiance en
votre impartialité.

· En propageant ardemment les saines doctrines, il bravait toutes les
persécutions.
Réponse : Ardent propagateur des saines doctrines, il bravait toutes les
persécutions.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer au gérondif un infinitif avec la
préposition à :

· Je ne m'ennuie pas en l'écoutant.
Réponse : Je ne m'ennuie pas à l'écouter.

· On ne devient guère si riche en étant honnête.
Réponse : On ne devient guère si riche à être honnête.

· En partageant les mêmes périls, en vivant de la même vie, ces frères
ennemis de la veille se sont réconciliés.
Réponse : À partager les mêmes périls, à vivre de la même vie, ces frères
ennemis de la veille se sont réconciliés.
* * * *

CE QU'ON SUBSTITUE AU PARTICIPE PASSÉ ACTIF.

Le participe passé actif (ayant chanté, ayant écrit, etc.) contient le
participe présent de l'auxiliaire avoir. Aussi ne doit-on l'employer qu'avec
réserve.

Des procédés commodes et assez nombreux s'offrent pour le supprimer :

1. Parfois un participe passé actif équivaut au participe adjectif d'un
autre verbe.

2. Le participe passé actif, en tête de la phrase, peut, en certains cas,
céder la place à un substantif qui, le plus souvent, sert d'apposition au
sujet.

3. Quand le participe passé actif a un complément direct, le sens permet
quelquefois de remplacer le tout par une proposition participe (éviter alors
l'emploi du mot étant).

4. Assez souvent le participe passé actif peut céder la place à une
proposition indépendante. Ce procédé devient aisément applicable chaque fois
que le complément de ce participe se trouve représenté à côté du verbe
suivant par un des pronoms le, la, les, lui, leur. Dès lors on relie les
deux propositions par la conjonction et.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer au participe passé actif un participe
adjectif d'un autre verbe :

· Ayant perdu toutes ses illusions.
Réponse : Revenu de toutes ses illusions.

· Ayant repris le bon chemin.
Réponse : Rentré dans le bon chemin.

· Ayant pris un engagement irrévocable.
Réponse : Lié par un engagement irrévocable.

· Ayant reçu de vous tous les bienfaits possibles.
Réponse : Comblé de vos bienfaits.

· Ayant obtenu le consulat.
Réponse : Parvenu au consulat.

· Ayant subi de grands revers.
Réponse : Éprouvé par de grands revers.

· Ayant étudié profondément les littératures anciennes.
Réponse : Profondément versé dans les littératures anciennes.

· Ayant suivi vos conseil, il vint à bout de son entreprise.
Réponse : Guidé par vos conseils, il vint à bout de son entreprise.

· Le projet ayant réussi.
Réponse : Le projet réalisé.

· Des vignes ayant souffert de l'orage.
Réponse : Des vignes endommagées par l'orage.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer le participe passé actif par un
substantif servant d'apposition au sujet :

· Ayant conquis l'univers, les Romains s'en attribuèrent toutes les
dépouilles.
Réponse : Maîtres de l'univers, les Romains s'en attribuèrent toutes les
dépouilles.

· Ayant remporté un prix dans ce concours, il se crut appelé à de hautes
destinées.
Réponse : Lauréat de ce concours, il se crut appelé à de hautes destinées.

· Ayant signé la protestation.
Réponse : Signataire de la protestation.

· Ayant relevé les arts et les lettres.
Réponse : Restaurateur des arts et des lettres.

· Ayant créé cette doctrine sublime.
Réponse : Créateur de cette doctrine sublime.

· Ayant vaincu la révolution.
Réponse : Vainqueur de la révolution.

· Son fils ayant hérité de son talent, marcha sur ses traces.
Réponse : Son fils, héritier de son talent, marcha sur ses traces.

Dans les phrases suivantes, remplacer le participe passé actif ainsi que son
complément direct, par une proposition participe en évitant l'emploi du mot
ÉTANT :

· Ayant terminé ses études, il vint à Paris.
Réponse : Ses études terminées, il vint à Paris.

· Ayant rempli sa mission, il retourna au village.
Réponse : Sa mission remplie, il retourna au village.

· Ayant payé ses dettes, il eut à peine de quoi vivre.
Réponse : Ses dettes payées, il eut à peine de quoi vivre.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer le participe passé actif par une
proposition indépendante :

· Ayant pris la ville, l'ennemi la pilla.
Réponse : L'ennemi prit la ville et la pilla.

· Ayant retrouvé ton livre à terre, je l'ai ramassé.
Réponse : J'ai retrouvé ton livre à terre et je l'ai ramassé.

· Ayant rencontré Paul, je lui ai parlé longuement.
Réponse : J'ai rencontré Paul et je lui ai parlé longuement.
* * * *

SUPPRESSION DES CONJONCTIONS SUBORDONNANTES

Les conjonctions de subordination (que, pendant, que, depuis que, après que,
avant que, pour que, afin que, parce que, puisque, quoique, bien que,
lorsque, quand, etc.) relient deux propositions en mettant l'une sous la
dépendance de l'autre. Elles jouent dans le discours le rôle d'agrafes,
parfois utiles ou même indispensables, toujours disgracieuses et pesantes,
surtout en français.

Incapables soit de flatter l'oreille, soit de parler à l'imagination, elles
se montrent, pour la couleur et l'harmonie du style, les dignes émules des
pronoms relatifs. Reconnaissons-leur toutefois l'avantage de marquer
fortement les rapports logiques des idées, mais hâtons-nous d'ajouter qu'on
obtient le même résultat par d'autres procédés moins incommodes.

N. B. Le cas le plus ennuyeux est celui où la règle exige, après la
conjonction, l'imparfait du subjonctif de la première conjugaison. Il faut
dès lors opter entre un solécisme et une forme souvent pédantesque,
dissonante, parfois ridicule et sentant la pose d'une lieue.

On évitera donc à la fois des lourdeurs de style et certaines difficultés
grammaticales si l'on s'attache à supprimer les conjonctions de
subordination, chaque fois qu'on le pourra sans altérer en rien le sens de
la phrase.

Les moyens orientés vers ce but se classent en deux catégories :

Les procédés généraux, applicables à toute espèce de conjonctions
subordonnantes ;
Les procédés spéciaux, applicables à une seule espèce de conjonctions
subordonnantes ;
Les parce que, quoique, etc., n'étaient si fréquents dans notre ancienne
langue que par imitations du latin.
LES PROCÉDÉS GÉNÉRAUX


On remplace le verbe ou l'attribut de la proposition subordonnée par un
substantif, le plus souvent abstrait. Dès lors la conjonction disparaît.

Le substantif en question peut être, soit sujet, soit complément direct,
indirect ou circonstanciel.

N.B. Ce genre du substitution peut entraîner le changement du verbe de la
proposition principale, et quelquefois aussi d'autres modifications.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer le verbe ou l'attribut de la
proposition subordonnée par un substantif :

· Parce qu'ils étaient ignorants, ils étaient encore plus orgueilleux.
Réponse : Leur ignorance ajoutait à leur orgueil.

· Parce que nous n'avons pas de document positifs, nous ne pouvons rien
affirmer.
Réponse : L'absence de documents positifs nous défend toute affirmation.

· Parce que chaque jour les cours baissent ou montent, vous devez prendre
des précautions.
Réponse : Les fluctuations quotidiennes des cours vous imposent des
précautions.

· Parce que vous manquez de suite dans votre conduite, vous ne réussirez
pas.
Réponse : L'inconséquence de votre conduite vous empêchera de réussir.

· Tels sont les secours que je réclame de Dieu, parce que je suis faible.
Réponse : Tels sont les secours que réclame de Dieu ma faiblesse.

· Comme ils avaient les mêmes convoitises, ils se rapprochèrent.
Réponse : La communauté des convoitises les rapprocha.

· Comme il était gourmand, il voulait des mets recherchés.
Réponse : Sa gourmandise voulait des mets recherchés.

· Comme il n'est pas ici, je ne puis rien révéler.
Réponse : Son absence m'interdit toute révélation.

· Comme leur accueil est très agréable, les étrangers restent longtemps chez
eux.
Réponse : L'aménité de leur accueil retient longtemps les étrangers.

· Lorsqu'on travaille, on ne s'ennuie pas.
Réponse : Le travail est une ressource contre l'ennui.
* * * *
Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction par l'emploi du
substantif :

· Lorsque nous étions tout petits.
Réponse : Dans notre enfance.

· Pendant que j'étais dans cette ville.
Réponse : Pendant mon séjour dans cette ville.

· Cette mauvaise traduction a été faite sans qu'on fit attention au
contexte.
Réponse : Cette mauvaise traduction a été faite sans égard au contexte.

· Tout lui réussit selon qu'il le souhaite.
Réponse : Tout lui réussit à souhait.

· Notre ouvre prospéra plus que nous ne l'avions espéré.
Réponse : Notre ouvre prospéra au delà de nos espérance.

· Tout va selon que vous le désirez.
Réponse : Tout va selon vos désirs.

· Ces doctrines méritent que nous les réprouvions.
Réponse : Ces doctrines méritent notre réprobations.

· Je me réjouis que vous réussissiez.
Réponse : Je me réjouis de votre succès.

· On admet que cette lettre est authentique.
Réponse : On admet l'authenticité de cette lettre.

· Ton petit garçon demande que, lorsque tu reviendras, tu lui rapportes
quelque chose.
Réponse : Ton petit garçon réclame un cadeau à ton retour.

· Rome permit que les Lyciens se gouvernassent par leurs propres lois.
Réponse : Rome accorda aux Lyciens l'autonomie.
* * * *
Dans les phrases suivantes, supprimer les deux conjonctions au moyen de deux
substantifs, l'un sujet, l'autre complément :

· Il est indispensable que la question se règle avant que votre bail expire.
Réponse : Le règlement de la question s'impose avant l'expiration de votre
bail.

· Pour que l'emprunt soit complètement remboursé, il faudra que les Chambres
ouvrent un crédit spécial.
Réponse : Le remboursement complet de l'emprunt exigera des Chambres
l'ouverture d'un crédit spécial.

· S'il est fort, c'est parce que votre nom influe en sa faveur.
Réponse : Sa force tient à l'influence de votre nom.

· Lorsque je regarde vos dévastations, je comprends que toute votre gloire
n'est rien.
Réponse : Le spectacle de vos dévastations me montre le néant de toute votre
gloire.

· Quand je lis attentivement ces pièces, je reconnais malgré tout que c'est
à bon droit qu'on vous a condamné.
Réponse : La lecture attentive de ces pièces me prouve malgré tout la
justice de votre condamnation.
* * * *

Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction de subordination par
l'emploi de la forme expositive impérative :

· Lorsque vous lui aurez écrit, il accourra.
Réponse : Écrivez-lui, il accourra.

· Lorsque tu auras reçu mon messager, tu verras ce que tu auras à faire.
Réponse : Reçois d'abord mon messager, tu verras ce que tu auras à faire.

· Bien qu'on vous critique, il est bon que vous poursuiviez votre ouvrage,
et il n'est pas douteux que vous ne réussissiez.
Réponse : Moquez-vous des critiques, poursuivez votre ouvrage, et soyez sûr
du succès.

· Le savoir a son prix, quoi qu'en disent les sots.
Réponse : Laissez dire les sots, le savoir a son prix (La Fontaine).

· Je tiens à ce que vous marchiez plus vite.
Réponse : Marchez plus vite, j'y tiens.

· Mon ami, je désirerais que vous portassiez ces lettres à la poste.
Réponse : Mon ami, veuillez porter ces lettres à la poste.

· Pour qu'on ne se glorifie pas des avantages d'autrui, mais plutôt qu'on
mène une vie conforme à sa condition, Esope nous a transmis cet exemple.
Réponse : Ne vous glorifiez pas des avantages d'autrui, mais plutôt menez
une vie conforme à votre condition. Voici, à ce sujet, un exemple transmis
pas Esope.
* * * *

Dans les phrases suivantes, éliminer la conjonction de subordination par
l'emploi de la forme expositive exclamative :

· Je vous croyais mon ennemi ; je vois que je me trompais grossièrement.
Réponse : Je vous croyais mon ennemi. Quelle erreur !

· Telle est son impudence qu'il ose vous accuser.
Réponse : Quelle impudence ! Il ose vous accuser.

· Il faut avouer que les peuples ainsi gouvernés sont heureux.
Réponse : Heureux les peuples ainsi gouvernés !

· Si l'on s'adonne aux mauvaises lectures, il est impossible qu'on reste
vertueux.
Réponse : Si l'on s'adonne aux mauvaises lectures, adieu la vertu !

· Ces âmes sont tellement aveuglées par l'orgueil qu'elles ne veulent
demander aucune consolation.
Réponse : O aveuglement de l'orgueil ! Ces âmes ne veulent demander aucune
consolation.

· Je remercie Dieu de ce que je revois enfin mon village et mes vieux
parents.
Réponse : Dieu soit loué ! Je revois enfin mon village et mes vieux parents.

· Il faut que vous preniez patience et que vous ayez du courage. Vous
réussirez.
Réponse : Patience et courage ! Vous réussirez.

· Maintenant il est tombé au point que de millionnaire il est devenu simple
domestique.
Réponse : Quelle chute ! Le voilà, de millionnaire, devenu simple
domestique.
* * * *

COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS CONCESSIVES, QUOIQUE, BIEN QUE, ENCORE
QUE.

Pour supprimer les conjonctions quoique, bien que, encore que :

- Employez les préposition contre (obstacle idéal ou moral) ; malgré
(obstacle de fait) ; ou la locution prépositive en dépit de (s'il s'agit
d'une opposition qu'on affecte de mépriser).

- On peut aussi se servir de l'expression avoir beau suivie de l'infinitif.

- On place en tête de la proposition principale l'une des locutions mais
pourtant, mais cependant, et néanmoins, toutefois.

Il va sans dire qu'on peut sous-entendre mais devant pourtant, cependant,
sous-entendre et devant néanmoins, toutefois. Dans ce cas, l'opposition se
marque avec moins d'énergie.

Cependant, pourtant contribuent à détruire ce qui vient d'être dit ; ils
marquent une contradiction. Néanmoins, toutefois marquent une simple
modification, qui ne va pas jusqu'à supprimer la proposition antécédente.
Cependant, moins absolu que pourtant, affirme seulement contre les
apparences contraires. Néanmoins renchérit un peu sur toutefois. Il pose une
assertion en face d'une autre, et maintient celle-là comme celle-ci.
Toutefois se borne à poser une exception à côté de la règle.

- On supprime quoique, bien que, en tête de la subordonnée. Au besoin, on
intervertit l'ordre des deux propositions.

- Si les deux propositions ont le même sujet, et que la principale soit
négative ou restrictive, on peut remplacer quoique, bien que, par le mot
pour suivi de l'infinitif.

- Bien que, quoique, ne peut pas, dans certains cas, céder la place à la
préposition sans suivie d'un verbe à l'infinitif présent ou passé (ce
changement nécessite parfois celui du verbe).
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer les conjonctions quoique, bien que,
encore que, par les prépositions contre, malgré, en dépit de :


· Il s'y est décidé bien que je fusse d'avis contraire.
Réponse : Il s'y est décidé contre mon avis.

· Aujourd'hui il travaille, bien qu'il soit habitué à ne pas le faire.
Réponse : Aujourd'hui il travaille, contre son habitude.

· Il sera élu, quoiqu'il ne soit pas ici.
Réponse : Il sera élu, malgré son absence.

· Quoique je désire vivement vous accompagner, je suis retenu chez moi par
mes affaires.
Réponse : Malgré mon vif désir de vous accompagner, je suis retenu chez moi
par mes affaires.

· Bien que toutes les lois le défendissent et que le Sénat s'y opposât, il
reçut du peuple deux consulats consécutifs.
Réponse : Contre toutes les lois et malgré le Sénat, il reçut du peuple deux
consulats consécutifs.

· Bien que la calomnie vous ait attaqué, votre honneur reste intact.
Réponse : En dépit de la calomnie, votre honneur reste intact.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer les conjonctions QUOIQUE, BIEN QUE,
par la préposition AVOIR BEAU suivi de l'infinitif :

· Bien qu'il se remue, il échouera.
Réponse : Il a beau se remuer, il échouera.

· Quoiqu'on lui donne beaucoup, il n'a jamais rien.
Réponse : On a beau lui donner, il n'a jamais rien.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer QUOIQUE, BIEN QUE, par le mot POUR
suivi de l'infinitif :

· Vous êtes bien ignorants, quoique vous ayez tant étudié.
Réponse : Vous êtes bien ignorants, pour avoir tant étudié.

· Bien qu'il ait accompli de si belles actions, il se défend avec peu de
courage.
Réponse : Pour avoir accompli de si belles actions, il se défend avec peu de
courage.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS CAUSALES DE SUBORDINATION, PARCE QUE,
COMME, ATTENDU QUE, VU QUE.

- Aux conjonctions causales de subordination on substitue parfois une
préposition suivie d'un substantif : à, par, sur, devant, en, vu, attendu,
sous, grâce à (cette dernière se prend toujours en bonne part).

- Si la proposition subordonnée précède la principale, on supprime la
conjonction causale en tête de la première, et l'on place en tête de la
seconde la conjonction de coordination aussi.

- Si la subordonnée a le même sujet que la principale et marque un fait
antérieur, la conjonction causale peut céder la place à la préposition pour
suivie du passé de l'infinitif.

- Si la subordonnée suit la principale, il suffit parfois de substituer à la
conjonction causale les deux points, signe de ponctuation qui équivaut alors
à voici pourquoi.

- Si la subordonnée suit la principale, a-t-on le droit de substituer un car
à un parce que ? En principe, non. Ces deux termes ne sont pas synonymes.

Parce que est une conjonction causale explicative, annonçant le pourquoi
d'un fait.
Car est une conjonction causale démonstrative, annonçant le preuve d'une
assertion ; elle sert à convaincre.

Si donc on vise à une propriété rigoureuse d'expression, s'il s'agit, par
exemple, de motiver un fait, soit en histoire, soit dans les sciences
physiques ou naturelles, le mot car ne saurait sans impropriété remplacer la
conjonction parce que.

Ainsi l'on dira : L'éther soulage la douleur d'une brûlure parce qu'il se
vaporise très promptement.
Ici la conjonction annonce qu'on va rendre raison dudit phénomène.
Le rapport des idées ne serait plus le même sous cette autre formule.
Ici la conjonction tend à établir que vraiment l'éther soulage la douleur en
question. Démonstration parfaitement inutile pour un fait d'observation
journalière.
Néanmoins la conjonction parce que se prend quelquefois par extension pour
signifier la confirmation de ce qui a été avancé. Dès lors on la remplace
avantageusement par un car.

- Parce que.ne pas se remplace souvent par la locution faute de, suivie d'un
infinitif ou d'un substantif.
* * * *

Aux conjonctions causales de subordination suivantes, substituer une
préposition suivie d'un substantif :

· Nous sommes ici parce que le peuple le veut.
Réponse : Nous sommes ici par la volonté du peuple.

· Je le crois parce que vous le dites.
Réponse : Je le crois sur votre parole.

· Je le sais parce que je l'ai éprouvé.
Réponse : Je le sais par expérience.

· Comme il insistait, je ne savais que décider.
Réponse : Devant son insistance je ne savais que décider.

· Il ouvrit ce cahier parce qu'il n'avait rien à faire.
Réponse : Il ouvrit ce cahier par désouvrement.

· La confiance renaît parce qu'il est probable qu'on aura une bonne récolte.
Réponse : La confiance renaît sur la perspective d'une bonne récolte.

· Parce que vous m'avez prêté votre concours, j'ai réussi.
Réponse : Grâce à votre concours j'ai réussi.

· On l'a mis en retraite parce qu'il l'a demandé.
Réponse : On l'a mis en retraite sur sa demande.

· Vous avez agi parce que les circonstances vous y ont contraint.
Réponse : Vous avez agi sous la pression des circonstances.

· Il a mérité sa grâce parce qu'il s'est repenti.
Réponse : Il a mérité sa grâce par son repentir.
* * * *

À la proposition subordonnée précédant la principale, supprimer la
conjonction causale en tête de la première, et placer en tête de la seconde
la conjonction de coordination AUSSI :

· Parce que je suis tombé dans la misère, mes faux amis m'ont abandonné.
Réponse : Je suis tombé dans la misère, aussi mes faux amis m'ont abandonné.

· Comme la récolte est bonne, mes dettes seront payées.
Réponse : La récolte est bonne ; aussi mes dettes seront payées.

· Parce qu'il travaille, il fait des progrès.
Réponse : Il travaille, aussi fait-il des progrès.

· Parce qu'on apprécie peu la valeur du temps, on le prodigue.
Réponse : On apprécie peu la valeur du temps ; aussi le prodigue-t-on.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer la conjonction causale par la
préposition POUR suivie du passé de l'infinitif :

· Il a échoué parce qu'il avait négligé la géographie.
Réponse : Il a échoué pour avoir négligé la géographie.

· Je le sais parce que je l'ai éprouvé.
Réponse : Je le sais pour l'avoir éprouvé.

· Ils ont vaincu parce qu'ils s'étaient crus vainqueurs.
Réponse : Ils ont vaincu pour s'être crus vainqueurs.

· Il perd la tête parce qu'il a gagné un peu d'argent.
Réponse : Il perd la tête pour avoir gagné un peu d'argent.

· Parce qu'il a écrit quelques odes plutôt médiocres, il se croit un grand
poète.
Réponse : Pour avoir écrit quelques odes plutôt médiocres, il se croit un
grand poète.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer à la conjonction causale les deux
points :

· Je le crains, parce qu'il es perfide.
Réponse : Je le crains : il est perfide.

· Je suis pauvre, parce que la guerre m'a ruiné.
Réponse : Je suis pauvre : la guerre m'a ruiné.

· Nous nous regardions interdits et désolés, parce que le feu était si
ardent qu'on n'osait en approcher.
Réponse : Nous nous regardions interdits et désolés : le feu était si ardent
qu'on n'osait en approcher.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer PARCE QUE. NE PAS par la locution
FAUTE DE suivie d'un infinitif ou d'un substantif :

· Parce qu'il ne me connaît pas, il s'emporte, il s'égare.
Réponse : Faute de me connaître, il s'emporte, il s'égare (Corneille).

· Il a échoué parce qu'il n'avait pas d'argent.
Réponse : Il a échoué faute d'argent.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS TEMPORELLES QUAND, LORSQUE, DÈS QUE,
ETC.

1. On les remplace par la locution prépositive lors de, suivie d'un
substantif.

2. On emploie l'une des prépositions à, pendant, dès, dans, en, sous suivie
d'un substantif.

3. À une proposition commençant par lorsque, quand, on substitue parfois un
participe passé ou même une proposition participe, avec ou sans la locution
une fois (évitez les ayant, les étant, et en général les participes
présents).

4. Devant un passé composé antérieur ou un futur antérieur, la conjonction
lorsque (quand) peut quelquefois céder la place à la préposition après,
suivie d'un nom abstrait ou d'un verbe à l'infinitif passé.

5. Pour supprimer quand on en tête d'une phrase, mettez le verbe suivant à
l'infinitif - mettez aussi à l'infinitif le verbe de la proposition
principale - puis unissez les deux membres de phrase par c'est.

6. Parfois la proposition qui commence par les mots quand on, se remplace
par un substantif sujet, suivi ou non d'un complément.

7. Quand même (quand bien même), avec le conditionnel présent ou passé, se
supprime sans la moindre difficulté : il suffit d'employer l'imparfait ou le
plus-que-parfait du subjonctif sous la forme interrogative.

8. Quand bien même il faudrait. se remplace bien, dans certaines
constructions, par l'expression sauf à, quitte à suivie de l'infinitif.
* * * *
Substituer aux conjonctions temporelles la locution prépositive LORS DE,
suivi d'un substantif :

· Lorsqu'il naquit.
Réponse : Lors de sa naissance.

· Lorsqu'il se maria.
Réponse : Lors de son mariage.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer aux conjonctions temporelles par une
préposition suivi d'un substantif :

· Lorsqu'il entendit ces mots, il se troubla.
Réponse : À ces mots, il se troubla.

· Les mots viennent tout seuls lorsque le talent les appelle.
Réponse : Les mots viennent tout seuls à l'appelle du talent.

· Je l'ai trouvée mieux que quand elle est partie.
Réponse : Je l'ai trouvée mieux qu'à son départ.

· Quand il fait très chaud, nous habitons ce cottage.
Réponse : Dans les grandes chaleurs, nous habitons ce cottage.

· Lorsque nous dormons, notre imagination bat la campagne.
Réponse : Pendant le sommeil, notre imagination bat la campagne.

· Nous soignerons nos parents, lorsqu'ils seront devenus vieux.
Réponse : Nous soignerons nos parents, pendant leur vieillesse.

· Dès qu'il fut revenu, il vint me trouver.
Réponse : Dès son retour, il vint me trouver.

· Je ne puis être heureux lorsque mon ennemi m'opprime.
Réponse : Je ne puis être heureux sous l'oppression de mon ennemi.
* * * *
Substituer la proposition par un participe passé ou une proposition
participe, avec ou sans la locution UNE FOIS :

· Quand ils furent délivrés des barbares, les Italiens.
Réponse : Une fois délivrés des barbares, les Italiens.

· Quand les oiseaux sont en liberté, ils trouvent toujours de quoi se
nourrir.
Réponse : Laissés en liberté, les oiseaux trouvent toujours de quoi se
nourrir.

· Lorsque je serai parti, je ne reviendrai plus.
Réponse : Une fois parti, je ne reviendrai plus.

· Lorsque la bataille sera engagée, j'accourrai à votre aide.
Réponse : Une fois la bataille engagée, j'accourrai à votre aide.

· Lorsqu'il eut pris sa résolution, il.
Réponse : Une fois sa résolution prise, il.
* * * *
Substituer la conjonction LORSQUE et QUAND par la préposition APRÈS suivi
d'un nom abstrait ou d'un verbe à l'infinitif passé :

· Lorsque la loi eut été adoptée.
Réponse : Après l'adoption de la loi.

· Quand la ville eut été prise et détruite.
Réponse : Après la prise et la destruction de la ville.

· On ne connaît un homme que lorsqu'on l'a étudié par soi-même.
Réponse : On ne connaît un homme qu'après l'avoir étudié par soi-même.
* * * *
Dans les phrases suivantes, substituer la proposition par un substantif
sujet, suivi ou non d'un complément :

· Quand on fait des lois, on ne doit s'inspirer que de l'intérêt général.
Réponse : Le législateur ne doit s'inspirer que de l'intérêt général.

· Quand on est absent, on a toujours tort.
Réponse : Les absents ont toujours tort.

· Quand on est vertueux, on combat continuellement.
Réponse : La vertu est un combat continuel.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LES CONJONCTIONS SI, POURVU QUE.

La conjonction si n'a rien de lourd par elle-même, mais elle peut
occasionner des lourdeurs : tantôt elle s'enchevêtre avec d'autres
conjonctions de subordination, tantôt elle amène un verbe qui traîne avec
soi tout un cortège de pronoms et d'adverbes.

1. On la remplace par la locution en cas de, suivi d'un substantif.

2. Devant une principale dont le verbe est à l'indicatif, la conditionnelle
cède volontiers la place, en tête de la phrase, à une proposition de forme
interrogative.

3. Quelquefois une subordonnée commençant par si l'on peut se remplacer par
un infinitif avec la préposition à.

4. Dans certains cas, on peut substituer à une proposition conditionnelle un
simple participe (dit participe hypothétique). Il qualifie toujours le sujet
de la phrase.

5. Ainsi qu'on l'a vu plus haut (procédés généraux), certaines propositions
conditionnelles cèdent aisément la place à un impératif.

6. Si ne. se remplace aisément (sauf exceptions) par la préposition sans et
un substantif.

7. Quand à la conjonction pourvu que, on y substitue quelquefois la
préposition moyennant suivie d'un substantif.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la conjonction par la locution EN CAS
DE, suivi d'un substantif :

· S'il arrive un malheur, je vous aiderai.
Réponse : En cas de malheur, je vous aiderai.

· S'il survient une faillite, vous êtes couvert.
Réponse : En cas de faillit, vous êtes couvert.

· S'il survient un incendie, vous me préviendrez.
Réponse : En cas d'incendie, vous me préviendrez.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la conjonction par une proposition de
forme interrogative :

· S'il a besoin d'argent, il vient me trouver.
Réponse : A-t-il besoin d'argent, il vient me trouver.

· S'il garde le silence, vous haussez les épaules.
Réponse : Garde-t-il le silence, vous haussez les épaules.

· Si l'on trouvait quelque chose de gâté, on s'en prenait à lui.
Réponse : Trouvait-on quelque chose de gâté, on s'en prenait à lui.

· Si les oies et les sarcelles arrivaient en abondance, on savait que
l'hiver serait long.
Réponse : Les oies et les sarcelles arrivaient-elles en abondance, on savait
que l'hiver serait long.
* * * *

Dans les phrases suivantes, remplacer la subordonnée par un infinitif avec
la préposition À :

· Si l'on en juge par ses plaintes, il ne put jamais se résigner à l'exil.
Réponse : À en juger par ses plaintes, il ne put jamais se résigner à
l'exil.

· Le mensonge éclate, si l'on examine bien la situation.
Réponse : Le mensonge éclate, à bien examiner la situation.

· Si on l'entend parler, on le croit savant.
Réponse : À l'entendre parler, on le croit savant.
* * * *

Dans les phrases suivantes, substituer à une proposition conditionnelle un
simple participe :

· Sa vertu n'est rien, s'il faut la comparer à la vôtre.
Réponse : Sa vertu n'est rien, comparée à la vôtre.

· Il ne reviendra ici que si on l'a payé.
Réponse : Il ne reviendra ici qu'une fois payé.

· Si on l'accuse, il fuira.
Réponse : Accusé, il fuira.

· Si vous l'attachiez à votre service, il vous donnerait toute satisfaction.
Réponse : Attaché à votre service, il vous donnerait toute satisfaction.

· S'il devait comparaître en justice, il serait moins effronté.
Réponse : Traduit en justice, il serait moins effronté.
* * * *

Substituer par un impératif les propositions conditionnelles dans les
phrases suivantes :

· Si vous lisez Homère, vous êtes charmé.
Réponse : Lisez Homère, vous êtes charmé.

· Si vous interrogez les sages, ils vous diront tous que le bonheur est dans
la vertu.
Réponse : Interrogez les sages, ils vous diront tous que le bonheur est dans
la vertu.
* * * *

COMMENT ON SUPPRIME LA LOCUTION NE.QUE.

À la locution ne.que il est souvent aisé de substituer l'un des verbes
suivants :
Borner, renfermer, restreindre, réserver, se contenter de, s'en tenir à,
s'arrêter à.

Et quelquefois : se cantonner dans, localiser dans, circonscrire dans.

Pour supprimer un ne.que, on emploie aussi l'un des adjectifs seul, unique,
exclusif.
* * * *
Dans les phrases suivantes, remplacer la locution NE.QUE par un verbe
approprié :

· Nous devons ne donner que quelques préceptes.
Réponse : Nous devons nous borner à quelques préceptes.

· Ces poètes n'ont étudié que le cour humain.
Réponse : Ces poètes se sont renfermés dans l'étude du cour humain.

· La Fontaine n'applique cette fable qu'aux petits souverains qui prennent
les rois pour arbitres.
Réponse : La Fontaine restreint l'application de cette fable aux petits
souverains qui prennent les rois pour arbitres.

· Souvent un père n'inflige qu'une punition légère.
Réponse : Souvent un père se contente d'une punition légère.

· Si cette maison ne disposait que de ses propres ressources, elle ne
tiendrait pas longtemps.
Réponse : Limitée à ses propres ressources, cette maison ne tiendrait pas
longtemps.

· On fera en sorte que l'épidémie n'atteigne que ce village.
Réponse : On fera en sorte de localiser l'épidémie dans ce village.
* * * *
Supprimer la locution NE. QUE par un des adjectifs suivant : seul, unique,
exclusif, dans les phrases suivantes :

· Il n'y a que vous dans la famille qui me refusiez votre adhésion.
Réponse : Seul dans la famille vous me refusez votre adhésion.

· On ne peut me reprocher qu'une chose, c'est d'y voir clair la nuit.
Réponse : Mon seul tort est d'y voir clair la nuit.

· Je vois qu'il n'y a que vous qui me souteniez.
Réponse : Je vois en vous mon unique soutien.

· Vous empiétez sur des attributions qui n'appartiennent qu'à l'autorité
municipale.
Réponse : Vous empiétez sur les attributions exclusives de l'autorité
municipale.
* * * *
COMMENT ON SUPPRIME LE QUE CONSÉCUTIF.

Le que dit consécutif fait suite à l'un des adverbes tellement, tant, si.

Voici quelques moyens de l'éliminer et de supprimer avec lui, dans la
plupart des cas, l'adverbe dont il dépend :

1. Jusqu'à suivi de l'infinitif (ou parfois d'un substantif).
2. Au point de suivi de l'infinitif.
3. (Quelquefois) Assez pour, suivi de l'infinitif.
4. On intervertit l'ordre des deux propositions : la première, rejetée au
bout de la période et devenue exclamative, commence par l'adverbe tant, le
que disparaît. Ce genre d'exclamation prend le nom d'épiphonèmène.

Remarque : Évidemment l'application de ces divers procédés exige l'unité du
sujet pour les deux propositions. De là quelquefois la nécessité de changer
le second verbe.
* * * *
Substituer le QUE consécutif par la préposition JUSQU'À suivi de l'infinitif
(ou parfois d'un substantif) dans les phrases suivantes :

· L'Homme-Dieu nous a tellement aimés qu'il est mort pour nous.
Réponse : L'Homme-Dieu nous a aimés jusqu'à mourir pour nous.

· Ces pauvres femmes seront si alarmées qu'elles perdront l'esprit.
Réponse : Ces pauvres femmes seront alarmées jusqu'à perdre l'esprit.

· Cet enfant courra tant qu'il tombera épuisé.
Réponse : Cet enfant courra jusqu'à tomber épuisé.

· Un style si grandiose qu'il en devient emphatique.
Réponse : Un style grandiose jusqu'à l'emphase.
* * * *

Substituer le QUE consécutif en le remplaçant par AU POINT DE, suivi de
l'infinitif dans les phrases suivantes :

· Je sais que vous l'avez tant estimé que vous lui avez confié votre fortune
tout entière.
Réponse : Je sais que vous l'avez estimé au point de lui confier votre
fortune tout entière.

· On dit qu'il est si riche qu'il ignore le montant de sa fortune.
Réponse : On le dit riche au point d'ignorer le montant de sa fortune.

· Je crains que mon fils ne se montre tellement paresseux qu'il exaspère
tous ses maîtres.
Réponse : Je crains que mon fils ne se montre paresseux au point d'exaspérer
tous ses maîtres.
* * * *

Substituer le QUE consécutif en le remplaçant par ASSEZ POUR, suivi de
l'infinitif dans les phrases suivantes :

· Cet avocat avait tant de mémoire qu'il se rappelait toutes les paroles de
ses adversaires.
Réponse : Cet avocat avait assez de mémoire pour se rappeler toutes les
paroles des ses adversaires.

· Quel est l'homme tellement misérable qu'il ne se ressente pas de la
munificence de Dieu ?
Réponse : Quel est l'homme assez misérable pour ne pas se ressentir de la
munificence de Dieu ?

· Avez-vous donc tant de loisir que vous puissiez vous occuper des affaires
d'autrui ?
Réponse : Avez-vous donc assez de loisir pour vous occuper des affaires
d'autrui ?

· L'esprit humain n'est jamais si subtil qu'il puisse pénétrer le ciel et la
terre.
Réponse : L'esprit humain n'est jamais assez subtil pour pénétrer le ciel et
la terre.
* * * *
La_stylistique_francaise_par_E_Legrand
(http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Style)
Post by Rodes
Par respect pour celles et ceux qui verraient, en ce week-end,
l'occasion de nous présenter leurs créations, je mets un terme provisoire à
votre existence par procuration.
Pehache
2003-09-27 07:50:04 UTC
Permalink
Post by Rodes
L'aptitude à saisir la poésie n'est pas donnée à tout le monde. J'opterais
plutôt, en ce qui vous concerne, pour une sorte de vide cérébral que même
les scories péremptoires d'une culture opportuniste ne parviennent
à combler.
Vous avez appris des mots durant la nuit, c'est bien mon adjudant!
La prochaine, essayez de les placer avec davantage de discernement.
Pehache
2003-09-27 07:41:53 UTC
Permalink
C'est comme l'adjudant, il paraît qu'il est très fort pour équeuter les
haricots.
Vous voyez bien, il ne faut pas désespérer... chacun possède des qualités.
Post by Rodes
J'aurais comme une fâcheuse tendance à me méfier de ceux qui pondent des
alexandrins à treize pieds.
Maintenant, vous êtes peut-être très fort au point de croix ou à la pétanque
!
jhfabre
2003-09-27 10:26:35 UTC
Permalink
Post by Rodes
Il existe pourtant un truc tout bête
Il faut se méfier des trucs tout bêtes. La preuve. Celui-ci conduit à
l'erreur.
Errare humanum est, perseverare diabolicum.
(J'allais vous suggérer d'ouvrir un Bescherelle, mais un lecteur avisé l'a
déjà fait)

Cordialement,
Jacques
Rodes
2003-09-27 11:02:36 UTC
Permalink
Oui, pour ce cas précis, l'auxiliaire fait exception ainsi d'ailleurs que
l'auxiliaire avoir.

Ainsi je n'avais pas fait de faute, ouf !
jhfabre
2003-09-27 14:34:01 UTC
Permalink
Post by Rodes
Oui, pour ce cas précis, l'auxiliaire fait exception ainsi d'ailleurs que
l'auxiliaire avoir.
Ainsi je n'avais pas fait de faute, ouf !
En effet, l'erreur est juste...
Mais...
Je ne crois pas que la nature des auxiliaires "être" et "avoir" y soit pour
grand'chose.
La règle générale est que la flexion du subjonctif présent "-iez", "-ions"
aux 2e et 3e personnes du pluriel s'attache au radical du verbe :
payer --> radical "pay", flexions "iez", "ions" : que vous payiez, que nous
payions
grasseyer --> radical "grassey", flexions "iez", "ions" : que vous
grasseyiez, que nous grasseyions.

Etre et avoir sont des verbes irréguliers (et par là, ils échappent... à la
règle susmentionnée ;-)). L'"y" étant absent de leur radical à l'infinitif,
l'usage a restitué à l'"y", dans ces deux verbes, sa valeur normale en
français (double "i" : ii), sur le "radical" de la première personne du
singulier [que je soi-(s), que j'ai-(e)], et il a substitué à la forme
"logique" en double i [que vous soi-iez] [que vous ai-iez], inconnue en
français (?), la forme "orthodoxe" : que vous soyez, que vous ayez, par
substitution de l"y" au double "i".

Comme vous dites : "Ouf !". Pardonnez-moi cette explication filandreuse.

Cordialement,

Jacques
Rodes
2003-09-27 14:48:05 UTC
Permalink
http://pages.infinit.net/jaser2/Formsubj.html
Pehache
2003-09-27 15:00:53 UTC
Permalink
Post by Rodes
Oui, pour ce cas précis, l'auxiliaire fait exception ainsi d'ailleurs que
l'auxiliaire avoir.
Ainsi je n'avais pas fait de faute, ouf !
Il n'en fait jamais, l'adjudant, même quand il en fait... ou qu'il croit
en trouver chez les autres!
Pehache
2003-09-27 07:21:27 UTC
Permalink
Tu dois être rouge de honte jusqu'au trou du cul, non, la baudruche?

De nos phrases tissé un voile se fait robe
De l'être le fantôme s'y glisse malicieux
Ainsi ce qui le vêt à la fois le dérobe
19-9-03
péhache

<Nullissime et bourré de fautes.
l'adjudant
Mais, je persiste et signe.
Nul et bourré de fautes .
Rodes
Alors, maintenant tu nous dis où. Ou tu la boucles pour un bout de temps...
J'avais fait une faute, vous l'avez pas vue !
Soyiez, manquait le " i." Vous êtes décevant, pour un génie !
Pehache
2003-09-27 07:22:10 UTC
Permalink
Vous ETES une faute- et, malheureusement, il ne nous est pas permis d'en
douter... Hein, le chacal!
Post by Rodes
J'avais fait une faute, vous l'avez pas vue !
Soyiez, manquait le " i." Vous êtes décevant, pour un génie !
Pehache
2003-09-27 07:40:56 UTC
Permalink
Ta nullité n'est, hélas, pas garante de ma qualité.
Dommage!
Post by Rodes
J'avais fait une faute, vous l'avez pas vue !
Soyiez, manquait le " i." Vous êtes décevant, pour un génie !
Pehache
2003-09-26 20:44:08 UTC
Permalink
Toujours le même type d'humour machiste, hein, l'adjudant.
Vous vous ressemblez tellement que c'en est écoeurant.
Post by Rodes
Après la fille cachée de Mitterrand, voici Péhache, le fils caché de
Jacques Dufilho.
Pas étonnant que vous soyez un génie !
Pehache
2003-09-27 07:40:03 UTC
Permalink
Tu fais décidément penser à ces chiots auxquels on colle le nez dans leur
crotte mais qui ne parviennent pas à se retenir.
Post by Rodes
Après la fille cachée de Mitterrand, voici Péhache, le fils caché de
Jacques Dufilho.
Pas étonnant que vous soyez un génie !
jhfabre
2003-09-26 22:39:17 UTC
Permalink
L'anecdote est savoureuse... Le génie de Dufilho, en l'occurence, était dans
la manière dont il disait :
des CONS............avaient ouvert les portes.

On peut tout espérer des Jacques... (légère rougeur modeste...).
Un autre grand du même nom m'a, jadis, inspiré un texte que j'ose reproduire
ici :

L'unique projecteur écrase son buste, son visage maigre - presque
émacié - dans un rond ardent, suspendu entre cintres et planches.

Un accordéon traîne en contre-chant un motif alourdi de
nostalgie d'arrière-port. La voix, nette, douce, bien timbrée, s'impose si
clairement qu'elle semble brosser personnellement, pour chaque spectateur,
le décor poisseux où souffle l'humide brise marine. La graisse chaude, la
fumée, les embruns engluent bientôt dans une nappe épaisse l'auditoire
fasciné.

Comme un pesant vaisseau qui prend peu à peu la houle, la
mélodie martèle, mesure après mesure, le rythme envoûtant d'un lointain
ressac.

Il tangue à son tour.

La sueur luit sur les courbes et les méplats de son visage. Ses
mains sculptent dans le cône de lumière, à touches raides et crispées, la
douleur de son coeur.

Et l'on souffre, et l'on boit, et l'on rote et pisse avec lui.

L'orchestre accompagne, précède, amplifie le ballant, écrase ses
paquets d'harmonies sur les brisants du public. Les yeux brillent
étrangement, flocons d'écume au creux du noir océan.

Avant même qu'il n'ait lancé le dernier cri, la dernière
incantation douloureuse et sauvage, une lame de fond surgit en retour de la
salle : deux mille poitrines hurlent leur extase.

Et il salue. Humblement. Sa tête s'incline sous le déferlement
intarissable des acclamations libératrices.

Les gouttes de son front, mêlées de larmes, étoilent les
planches poussiéreuses.



Mai 1996

Fraternellement,
Jacques
gambus.marcelle
2003-09-27 12:39:47 UTC
Permalink
Post by jhfabre
L'anecdote est savoureuse... Le génie de Dufilho, en l'occurence, était dans
des CONS............avaient ouvert les portes.
On peut tout espérer des Jacques... (légère rougeur modeste...).
Un autre grand du même nom m'a, jadis, inspiré un texte que j'ose reproduire
L'unique projecteur écrase son buste, son visage maigre - presque
émacié - dans un rond ardent, suspendu entre cintres et planches.
Un accordéon traîne en contre-chant un motif alourdi de
nostalgie d'arrière-port. La voix, nette, douce, bien timbrée, s'impose si
clairement qu'elle semble brosser personnellement, pour chaque spectateur,
le décor poisseux où souffle l'humide brise marine. La graisse chaude, la
fumée, les embruns engluent bientôt dans une nappe épaisse l'auditoire
fasciné.
Comme un pesant vaisseau qui prend peu à peu la houle, la
mélodie martèle, mesure après mesure, le rythme envoûtant d'un lointain
ressac.
Il tangue à son tour.
La sueur luit sur les courbes et les méplats de son visage. Ses
mains sculptent dans le cône de lumière, à touches raides et crispées, la
douleur de son coeur.
Et l'on souffre, et l'on boit, et l'on rote et pisse avec lui.
L'orchestre accompagne, précède, amplifie le ballant, écrase ses
paquets d'harmonies sur les brisants du public. Les yeux brillent
étrangement, flocons d'écume au creux du noir océan.
Avant même qu'il n'ait lancé le dernier cri, la dernière
incantation douloureuse et sauvage, une lame de fond surgit en retour de la
salle : deux mille poitrines hurlent leur extase.
Et il salue. Humblement. Sa tête s'incline sous le déferlement
intarissable des acclamations libératrices.
Les gouttes de son front, mêlées de larmes, étoilent les
planches poussiéreuses.
Mai 1996
Fraternellement,
Jacques
Peu m'importe la dictée des gendarmes et les polémiques qu'elle a suscitées.
Ce soir, le Grand Jacques nous fait les honneurs de la Télévision. Moi qui
ne suit pas tellement branchée TV, je n'en manquerai pas une miette.
Bisous mami
Pehache
2003-09-27 15:03:42 UTC
Permalink
Post by jhfabre
Post by jhfabre
L'anecdote est savoureuse... Le génie de Dufilho, en l'occurence, était
dans
Post by jhfabre
des CONS............avaient ouvert les portes.
On peut tout espérer des Jacques... (légère rougeur modeste...).
Un autre grand du même nom m'a, jadis, inspiré un texte que j'ose
reproduire
Post by jhfabre
L'unique projecteur écrase son buste, son visage maigre - presque
émacié - dans un rond ardent, suspendu entre cintres et planches.
Un accordéon traîne en contre-chant un motif alourdi de
nostalgie d'arrière-port. La voix, nette, douce, bien timbrée, s'impose si
clairement qu'elle semble brosser personnellement, pour chaque spectateur,
le décor poisseux où souffle l'humide brise marine. La graisse chaude, la
fumée, les embruns engluent bientôt dans une nappe épaisse l'auditoire
fasciné.
Comme un pesant vaisseau qui prend peu à peu la houle, la
mélodie martèle, mesure après mesure, le rythme envoûtant d'un lointain
ressac.
Il tangue à son tour.
La sueur luit sur les courbes et les méplats de son visage.
Ses
Post by jhfabre
mains sculptent dans le cône de lumière, à touches raides et crispées, la
douleur de son coeur.
Et l'on souffre, et l'on boit, et l'on rote et pisse avec lui.
L'orchestre accompagne, précède, amplifie le ballant, écrase
ses
Post by jhfabre
paquets d'harmonies sur les brisants du public. Les yeux brillent
étrangement, flocons d'écume au creux du noir océan.
Avant même qu'il n'ait lancé le dernier cri, la dernière
incantation douloureuse et sauvage, une lame de fond surgit en retour de
la
Post by jhfabre
salle : deux mille poitrines hurlent leur extase.
Et il salue. Humblement. Sa tête s'incline sous le déferlement
intarissable des acclamations libératrices.
Les gouttes de son front, mêlées de larmes, étoilent les
planches poussiéreuses.
Mai 1996
Fraternellement,
Jacques
Peu m'importe la dictée des gendarmes et les polémiques qu'elle a suscitées.
Ce soir, le Grand Jacques nous fait les honneurs de la Télévision. Moi qui
ne suit pas tellement branchée TV, je n'en manquerai pas une miette.
Bisous mami
Je suis un fan, moi aussi.
(Et je ne peux m'empêcher, encore une fois, de relever ta mauvaise foi:
"polémique"? ou bien l'adjudant est-il venu gratuitement, vulgairement, (
insinuant même quelques vilenies sur ma "maman"... ) juste me les briser?
Post by jhfabre
Euh?
J'ai comme une grosse envie de dire: merde, mamie.
gambus.marcelle
2003-09-27 15:33:01 UTC
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Post by gambus.marcelle
Post by gambus.marcelle
Peu m'importe la dictée des gendarmes et les polémiques qu'elle a
suscitées.
Post by gambus.marcelle
Ce soir, le Grand Jacques nous fait les honneurs de la Télévision. Moi qui
ne suit pas tellement branchée TV, je n'en manquerai pas une miette.
Bisous mami
Je suis un fan, moi aussi.
"polémique"? ou bien l'adjudant est-il venu gratuitement, vulgairement, (
insinuant même quelques vilenies sur ma "maman"... ) juste me les briser?
Post by gambus.marcelle
Euh?
J'ai comme une grosse envie de dire: merde, mamie.
Je t'avoue, Péhache que j'essaie d'être objective. Ca ne passe pas entre
Rodes et toi, c'est sûr. Ignore-le superbement et je ne peux que lui
conseiller de faire la même chose. ca se tassera bien, à la longue. Je
serais désolée de vous perdre l'un et l'autre. Que serait le forum sans
vous?
Allez, à bas la rancune, bisous, mamirêve
Pehache
2003-09-27 16:47:27 UTC
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Post by gambus.marcelle
Post by gambus.marcelle
Post by gambus.marcelle
Peu m'importe la dictée des gendarmes et les polémiques qu'elle a
suscitées.
Post by gambus.marcelle
Ce soir, le Grand Jacques nous fait les honneurs de la Télévision. Moi
qui
Post by gambus.marcelle
Post by gambus.marcelle
ne suit pas tellement branchée TV, je n'en manquerai pas une miette.
Bisous mami
Je suis un fan, moi aussi.
"polémique"? ou bien l'adjudant est-il venu gratuitement, vulgairement, (
insinuant même quelques vilenies sur ma "maman"... ) juste me les briser?
Post by gambus.marcelle
Euh?
J'ai comme une grosse envie de dire: merde, mamie.
Je t'avoue, Péhache que j'essaie d'être objective. Ca ne passe pas entre
Rodes et toi, c'est sûr. Ignore-le superbement et je ne peux que lui
conseiller de faire la même chose. ca se tassera bien, à la longue. Je
serais désolée de vous perdre l'un et l'autre. Que serait le forum sans
vous?
Allez, à bas la rancune, bisous, mamirêve
Deux fois j'ai cessé de lui répondre- deux fois en vain. Il ne l'a jamais
fait.
Mes propos ne s'abaissent jamais ni au sexisme, ni à l'homophobie, etc.
Mais on me demande (serais-je plus "abordable"? ou plus "gênant"? ou les
deux?) d'arrêter.
A moi...

Décidément...
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